Rapport spécial
10 2017

Le soutien de l’UE en faveur des jeunes agriculteurs devrait être mieux ciblé pour favoriser un renouvellement efficace des générations

En ce qui concerne le rapport:Le nombre de jeunes agriculteurs est en baisse et est passé de 3,3 millions en 2005 à 2,3 millions en 2013. Pour la période 2007-2020, l’Union européenne a alloué 9,6 milliards d’euros aux jeunes agriculteurs, avec pour objectif de stimuler le renouvellement des générations dans l’agriculture. La Cour a constaté que cette aide est souvent mal définie, sans description du résultat et de l’impact attendus. Pour le premier pilier (paiements directs), le soutien revêt la forme d’une aide standardisée qui ne tient pas compte des besoins propres aux jeunes agriculteurs hormis celui d’un revenu complémentaire. Pour le second pilier (développement rural), l’aide répond mieux à leurs besoins et suscite certaines actions (par exemple, passage à des méthodes d’agriculture biologique, mesures d’économie d’eau ou d’énergie), mais les autorités de gestion n’ont pas toujours appliqué de procédures de sélection pour donner la priorité aux meilleurs projets. La Cour recommande de mieux définir les objectifs et de cibler le soutien de manière à favoriser un renouvellement efficace des générations.

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Synthèse

I

Au cours de la dernière décennie, le nombre total d’agriculteurs dans l’EU-27 a connu un déclin rapide, passant de 14,5 millions en 2005 à 10,7 millions en 2013, tandis que le nombre des agriculteurs âgés de 44 ans au plus passait de 3,3 millions à 2,3 millions pendant la même période. Alors que le nombre d’agriculteurs a diminué dans toutes les classes d’âge, la part des moins de 45 ans dans la population agricole a toutefois relativement peu varié, restant légèrement supérieure à 20 %, encore que ce constat soit à nuancer selon les États membres.

II

Pour la période 2007-2020, l’Union européenne a affecté 9,6 milliards d’euros à des mesures d’aide visant spécialement les jeunes agriculteurs, avec pour objectif de stimuler la compétitivité des exploitations agricoles et le renouvellement des générations dans l’agriculture. Si l’on tient compte du cofinancement, par les États membres, de la mesure d’aide à l’installation au titre du second pilier, le montant total de l’aide publique atteint 18,3 milliards d’euros. Près de 200 000 jeunes agriculteurs ont bénéficié de l’aide à l’installation de l’UE au cours de la période 2007-2013. Plus de 70 % des apports de fonds de l’UE ont été effectués dans le cadre de la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier (Feader), les 30 % restants relevant, pour la période 2014-2020, du paiement direct en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier (FEAGA).

III

Dans ce contexte, nous avons examiné le rôle joué par l’UE pour soutenir les jeunes agriculteurs et favoriser le renouvellement des générations. L’audit a été réalisé auprès de la Commission et dans les quatre États membres qui ont effectué les dépenses les plus élevées en faveur des jeunes agriculteurs, à savoir la France, l’Espagne, la Pologne et l’Italie. Il a visé à répondre à la question suivante: «Le soutien de l’UE aux jeunes agriculteurs est-il conçu de façon appropriée pour contribuer efficacement à un meilleur renouvellement des générations?»

IV

La conclusion générale est que le soutien de l’UE aux jeunes agriculteurs est fondé sur une logique d’intervention mal définie, qui ne comporte pas de description du résultat et de l’impact attendus. Il devrait être mieux ciblé pour favoriser un renouvellement efficace des générations. En outre, nos constatations concernant le paiement en faveur des jeunes agriculteurs du premier pilier et la mesure d’aide à l’installation du second pilier sont nettement différentes.

V

En ce qui concerne le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier, nous avons constaté:

  • que l’aide n’est pas fondée sur une évaluation rigoureuse des besoins et que son objectif ne reflète pas l’objectif général d’encourager le renouvellement des générations. Les États membres n’ont pas coordonné le paiement au titre du premier pilier avec la mesure d’aide à l’installation du second pilier ni avec les mesures nationales;
  • que, faute d’évaluation des besoins, le soutien revêt la forme d’une aide standardisée (paiement annuel à l’hectare), dont le montant et le moment du versement ne permettent pas de déterminer clairement les besoins spécifiques qu’elle couvre hormis celui d’un revenu complémentaire;
  • que le cadre commun de suivi et d’évaluation n’a pas fourni d’indicateurs utiles pour évaluer l’efficacité de ce paiement, puisqu’il n’existe pas d’indicateurs de résultat pour ce dernier et qu’aucune donnée sur le revenu et la viabilité des exploitations soutenues n’est collectée.
VI

En ce qui concerne la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs qui relève du second pilier, nous avons constaté:

  • que, même si les besoins n’ont été évalués que de manière approximative, ses objectifs sont partiellement spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et datés, et reflètent l’objectif général consistant à encourager le renouvellement des générations. À certains égards, cette mesure est efficacement coordonnée avec la mesure d’aide à l’investissement du second pilier;
  • que l’aide au titre du second pilier est apportée sous une forme (versement forfaitaire subordonné à la réalisation d’un plan d’entreprise et accompagné, dans certains cas, d’une bonification d’intérêts pour un prêt) qui répond plus directement aux besoins d’accès au foncier, au capital et aux connaissances des jeunes agriculteurs. Le montant de l’aide est généralement lié aux besoins et assorti de modulations visant à susciter certaines actions (par exemple, passage à des méthodes d’agriculture biologique, mesures d’économie d’eau ou d’énergie);
  • que l’aide est orientée vers les agriculteurs qualifiés, qui prennent l’engagement de mettre en œuvre un plan d’entreprise de nature à faciliter le développement d’exploitations viables et qui sont souvent incités, via le processus de sélection des projets, à s’installer dans des zones défavorisées. Toutefois, la qualité des plans d’entreprise s’est avérée variable et, dans certains cas, les autorités de gestion n’ont pas appliqué de procédures de sélection pour donner la priorité aux meilleurs projets. Les critères de sélection n’ont été introduits que tardivement au cours de la période 2007-2013, les seuils minimaux de points étaient trop bas, voire faisaient totalement défaut, et, dans certains États membres, l’enveloppe septennale affectée à la mesure a été entièrement utilisée pour financer la quasi-totalité des projets présentés au début de la période de programmation, de sorte que les jeunes agriculteurs qui se sont installés plus tard n’ont pu recevoir aucun financement;
  • qu’il n’existait guère d’éléments probants permettant de déterminer si les mesures de l’UE ont facilité l’installation des jeunes agriculteurs et produit des effets favorables sur le renouvellement des générations ainsi que sur la viabilité des exploitations soutenues, et ce, essentiellement du fait de la qualité médiocre des indicateurs définis dans le système commun de suivi.
VII

Nous recommandons à la Commission et aux États membres:

  1. de revoir la logique d’intervention en améliorant l’évaluation des besoins et en définissant des objectifs spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et datés qui reflètent l’objectif général consistant à favoriser le renouvellement des générations;
  2. d’améliorer le ciblage des mesures grâce à des systèmes de sélection de projets optimisés et à une meilleure utilisation des plans d’entreprise;
  3. d’améliorer le cadre de suivi et d’évaluation en s’inspirant des bonnes pratiques établies par les États membres pour leurs systèmes de suivi et leurs rapports d’évaluation.

Introduction

Une population agricole en baisse

01

L’agriculture de l’UE est confrontée à une diminution de la population agricole. Le nombre total d’agriculteurs dans l’EU-275 a connu un déclin rapide au cours de la dernière décennie, passant de 14,5 millions en 2005 à 10,7 millions en 2013, soit une baisse de 25 % en moins de 10 ans. Toutes les classes d’âge ont été touchées (voir figure 1). La classe d’âge des 35-44 ans n’étant pas subdivisée en sous-classes dans les données d’Eurostat, celles-ci ne permettent pas de déterminer le nombre d’agriculteurs âgés de 40 ans au plus6.

Figure 1

Évolution du nombre d’agriculteurs par classe d’âge dans l’EU-27

Source: Eurostat, enquête sur la structure des exploitations agricoles7.

02

Quant au nombre d’agriculteurs âgés de 44 ans au plus, il est passé de 3,3 millions en 2005 à 2,3 millions en 2013, ce qui correspond à une baisse d’un tiers en moins de 10 ans. Cependant, la part de ces agriculteurs dans la population agricole a relativement peu varié, restant légèrement supérieure à 20 % (voir figure 2).

Figure 2

Évolution de la répartition des agriculteurs par classe d’âge dans l’EU-27

Source: Eurostat, enquête sur la structure des exploitations agricoles.

03

Ce constat est à nuancer selon les États membres: ainsi, le pourcentage de jeunes agriculteurs âgés de 44 ans au plus dans la population agricole a enregistré une progression en Pologne (il est passé de 34 % en 2007 à 36 % en 2013), mais un recul en Espagne (il est passé de 21 % en 2007 à 16 % en 2013). Le nombre d’agriculteurs et sa variation entre 2007 et 2013 dans les différents États membres sont présentés à l’annexe I; l’évolution de la répartition des agriculteurs par classe d’âge l’est à l’annexe II.

Le renouvellement des générations, une préoccupation politique majeure

04

En 2008, le Parlement européen considérait que «le renouvellement des générations est nécessaire pour préserver, à l’avenir, la qualité des produits alimentaires et la sécurité alimentaire dans l’Union ainsi que l’autosuffisance de cette dernière» et affirmait: «la PAC devra avoir pour objectif de supprimer les obstacles auxquels se heurtent actuellement les jeunes pour accéder à l’activité agricole, en faisant de la relève des générations une de ses priorités»8. En 2011, il soulignait que «les mesures en faveur des jeunes agriculteurs reprises dans le deuxième pilier se sont avérées insuffisantes pour arrêter le vieillissement rapide de la population dans le secteur agricole» et estimait que «les mécanismes de soutien dans le deuxième pilier devraient être étendus»9. De même, en 2014, le Conseil faisait valoir10 que les jeunes agriculteurs et le renouvellement des générations dans le secteur agricole sont fondamentaux pour assurer le développement durable et la compétitivité à long terme de l’agriculture européenne.

05

En 2015, la Commission indiquait11 que le soutien aux jeunes agriculteurs est une priorité. Par ailleurs, selon le commissaire Phil Hogan12, le renouvellement des générations est une question qui va bien au-delà d’un abaissement de l’âge moyen des agriculteurs dans l’UE; il s’agit également de donner à une nouvelle génération de jeunes agriculteurs hautement qualifiés les moyens de tirer pleinement parti de la technologie pour fournir une assise solide aux pratiques agricoles durables en Europe. Le commissaire Hogan a affirmé qu’il existe des obstacles qui empêchent les jeunes de se lancer dans l’activité agricole, en citant l’accès au foncier, au financement et aux connaissances comme principale pierre d’achoppement.

Le soutien de l’Union européenne aux jeunes agriculteurs

06

Le budget de l’UE spécialement affecté au soutien en faveur des jeunes agriculteurs s’élève, au total, à 9,6 milliards d’euros pour la période 2007-2020. L’enveloppe a doublé, passant de 3,2 milliards d’euros – consacrés à la mesure d’aide à l’installation du second pilier – pour la période 2007-2013 à 6,4 milliards d’euros pour la période 2014-2020, principalement en raison de l’introduction d’un paiement direct supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier (voir figure 3). Si l’on tient compte du cofinancement, par les États membres, de la mesure d’aide à l’installation au titre du second pilier, le montant total des dépenses publiques correspondantes atteint 18,3 milliards d’euros.

Figure 3

Budget de l’UE consacré au soutien en faveur des jeunes agriculteurs au titre des premier (FEAGA) et second piliers (Feader) pour les périodes de programmation 2007-2013 et 2014-2020

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données fournies par la Commission (dépenses de la période 2007-2013 et dotation de la période 2014-2020).

07

Le soutien aux jeunes agriculteurs a été mis en place dans les années 198013. Depuis l’an 2000, la majeure partie du soutien octroyé l’a été au titre de la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier14, à laquelle a succédé, pour la période 2014-2020, la mesure d’aide au développement des exploitations agricoles et des entreprises. La mesure est mise en œuvre dans 92 des 118 programmes de développement rural (PDR), dans 24 des 28 États membres.

08

Pour la période de programmation 2014-2020, un soutien supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs15 est venu étoffer l’aide fournie au titre du premier pilier, sous la forme d’un paiement additionnel de 25 % s’ajoutant aux paiements directs.

09

La figure 4 donne une vue d’ensemble des instruments de l’UE visant – directement ou indirectement – les jeunes agriculteurs au cours de la période 2007-2020. Comme le montre cette illustration, l’audit a été centré sur les mesures de soutien direct aux jeunes agriculteurs: la mesure d’aide à l’installation du second pilier et le paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs du premier pilier.

Figure 4

Vue d’ensemble des mesures de l’UE en faveur des jeunes agriculteurs au cours de la période 2007-2020

Source: Cour des comptes européenne.

10

Le tableau 1 met en regard les principales caractéristiques du soutien aux jeunes agriculteurs au titre des premier et second piliers au cours de la période 2014-2020.

Tableau 1

Principales caractéristiques du soutien aux jeunes agriculteurs au titre des premier et second piliers au cours de la période 2014-2020

Premier pilier – Fonds européen agricole de garantie (FEAGA)

Paiement en faveur des jeunes agriculteurs

Second pilier – Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader)

Mesure 6.1 – Développement des exploitations agricoles et des entreprises pour les jeunes agriculteurs

Base juridiqueArticle 50 du règlement (UE) n° 1307/2013Article 19 du règlement (UE) n° 1305/2013
Forme de soutienPaiement supplémentaire octroyé aux jeunes agriculteurs qui ont droit à un paiement au titre du régime de paiement de base ou du régime de paiement unique à la surface.Aide au démarrage d’entreprises, d’un montant maximal de 70 000 euros, accordée sur la base d’un plan d’entreprise (à la bonne mise en œuvre duquel est subordonné le paiement final).
Durée du soutienOctroyé chaque année pendant un maximum de 5 ans (à compter de l’année d’installation).Accordé une fois pour chaque exploitation/agriculteur et versé en au moins deux tranches.
Mise en œuvreObligatoire pour tous les États membres, qui ne peuvent définir que quelques éléments: budget, méthode de calcul, limite de nombre d’hectares, qualifications requises et exigences en matière de contrôle conjoint des exploitations sociétaires (voir point 40).Volontaire au niveau des États membres/régions, qui définissent les priorités et les objectifs dans les PDR, fixent les critères d’éligibilité et de sélection, sélectionnent les projets et rendent compte à la Commission de la mise en œuvre des mesures.
Objectif«Faciliter [l’]installation [des jeunes agriculteurs] et l’adaptation structurelle de leur exploitation une fois qu’ils sont établis»1, et contribuer à l’objectif général de la PAC que constitue une production alimentaire viable en améliorant la viabilité des exploitations agricoles2 et en encourageant le renouvellement des générations3.
Bénéficiaires éligibles
  • Agriculteurs âgés de 40 ans au plus.
  • Agriculteurs qui s'installent pour la première fois à la tête d'une exploitation agricole ou qui se sont installés au cours des 5 années précédant les demandes de paiement direct de 2015.
  • Personnes physiques et personnes morales, notamment celles où un jeune agriculteur exerce un contrôle conjoint sur l'exploitation.
  • Agriculteurs âgés de 40 ans au plus.
  • Agriculteurs s'installant pour la première fois à la tête d'une exploitation agricole.
  • Personnes morales, notamment celles où un jeune agriculteur exerce un contrôle conjoint sur l'exploitation.
Nombre de bénéficiaires279 071 (en 2015).193 828 au cours de la période 2007-2013. Pas de valeur cible au niveau de l’UE pour la période 2014-2020.
Montant d’aide moyen par bénéficiaire1 135 euros (en 2015).20 000 euros (au cours de la période 2007-2013).

1 Considérant 47 du règlement (UE) n° 1307/2013 et considérant 17 du règlement (UE) n° 1305/2013.

2 Voir l’article 5 du règlement (UE) n° 1305/2013.

3 En ce qui concerne le premier pilier, voir le mémo «Réforme de la PAC – explication des principaux éléments» de la Commission du 26 juin 2013: «Afin d’encourager le renouvellement générationnel, un paiement supplémentaire de 25 % accordé aux jeunes agriculteurs (de moins de 40 ans) qui débutent dans la profession devrait s’ajouter au paiement de base pendant les cinq premières années de leur installation». Voir aussi la fiche technique «Premier pilier de la politique agricole commune (PAC): II – paiements directs aux agriculteurs» du Parlement européen: «Pour encourager le renouvellement des générations, le paiement de base versé aux jeunes agriculteurs, de moins de 40 ans, aux nouveaux agriculteurs et pour les exploitations créées il y a moins de cinq ans est augmenté d’un quart pendant les cinq premières années suivant l’installation».

En ce qui concerne le second pilier, voir l’article 5 du règlement (UE) n° 1305/2013, qui met en avant la priorité spécifique de «faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations».

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données fournies par la Commission.

Étendue et approche de l’audit

11

L’audit a visé à répondre à la question suivante:

Le soutien de l’UE aux jeunes agriculteurs est-il conçu de façon appropriée pour contribuer efficacement à un meilleur renouvellement des générations?

12

Pour répondre à cette question, nous nous sommes intéressés aux mesures destinées à soutenir directement les jeunes agriculteurs au cours de la période 2007-2020 (voir figure 4), à savoir, pour le second pilier, la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs de la période de programmation 2007-2013 (mesure 112) ainsi que la mesure correspondante de la période de programmation 2014-2020 (mesure 6.1), et, pour le premier pilier, le paiement en faveur des jeunes agriculteurs de la période de programmation 2014-2020. Nous avons examiné la logique d’intervention (première partie du rapport), le ciblage dans la mise en œuvre des mesures (deuxième partie) et les résultats de ces dernières (troisième partie).

13

L’audit a été réalisé entre avril et octobre 2016 et a porté sur les quatre États membres qui ont effectué les dépenses les plus élevées en faveur des jeunes agriculteurs, à savoir la France, l’Espagne, la Pologne et l’Italie (voir figure 5). La part de ces quatre États membres représente 56 % du budget total de l’UE consacré aux mesures de soutien direct aux jeunes agriculteurs durant la période 2007-2020 (voir figure 4). L’annexe III donne une vue d’ensemble des fonds de l’UE spécialement alloués aux jeunes agriculteurs, par État membre.

14

Dans ces quatre États membres, nous avons examiné les cadres nationaux, qui déterminent la logique d’intervention de même que les principales caractéristiques des mesures, ainsi que le degré de coordination entre ces mesures et les politiques nationales favorisant le renouvellement des générations. Pour évaluer la mise en œuvre et les résultats des mesures, nous avons centré nos travaux sur sept régions comptant parmi celles qui ont effectué les dépenses les plus élevées au titre des mesures de soutien direct aux jeunes agriculteurs:

  • en France, les régions des Pays de la Loire et de Midi-Pyrénées;
  • en Espagne, l’Andalousie;
  • en Pologne, les régions de Varmie-Mazurie et de Basse-Silésie;
  • en Italie, l’Émilie-Romagne et les Pouilles.

Figure 5

Soutien de l’UE en faveur des jeunes agriculteurs au titre des premier (FEAGA) et second (Feader) piliers au cours de la période 2007-2020 (le rectangle correspond aux États membres sélectionnés pour l’audit)

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données fournies par la Commission (dépenses de la période 2007-2013 et dotation de la période 2014-2020).

15

L’approche d’audit a associé un examen des systèmes de contrôle, principalement au niveau de la Commission et des États membres, à un contrôle d’un échantillon de 57 projets, au niveau des bénéficiaires finals, en vue de vérifier la mise en œuvre et les résultats des mesures. Nous avons également analysé les statistiques et les études pertinentes fournies par Eurostat (par exemple, les enquêtes sur la structure des exploitations agricoles), par les parlements et les instituts de statistique nationaux, ainsi que par des universités et des associations de jeunes agriculteurs au niveau de l’UE, et au niveau national et régional.

16

Ces études ont montré que le renouvellement des générations est soumis à l’influence de facteurs généraux autres que les mesures de l’UE (par exemple la situation économique et sociale, la propension des banques à accorder des prêts, les possibilités d’emploi dans d’autres secteurs que l’agriculture et le haut degré de concentration des terres agricoles au sein d’un nombre relativement faible d’exploitations16). Les politiques nationales favorisant le départ des agriculteurs âgés peuvent également jouer un rôle important, comme l’a indiqué l’Allemagne, État membre qui, à l’instar du Danemark, de l’Irlande, des Pays-Bas et du Royaume-Uni (Irlande du Nord), a choisi de ne pas mettre en œuvre la mesure d’aide à l’installation dans le cadre du second pilier pour 2014-2020. L’évaluation à mi-parcours de la période 2007-2013 en Rhénanie-Palatinat avait en effet montré que la mesure 112 (qui visait à l’installation des jeunes agriculteurs) ne permettait pas de répondre adéquatement au problème des exploitations ne trouvant pas de repreneur compétent, et qu’il n’était pas possible de déterminer l’impact de ce soutien sur la pyramide des âges dans l’agriculture. L’État allemand a en outre considéré que la Hofabgabeklausel, une disposition de son régime de sécurité sociale agricole qui oblige les agriculteurs à céder leur exploitation pour pouvoir toucher une pension de retraite, joue un rôle majeur pour la réussite du renouvellement des générations dans le secteur agricole.

Observations

Première partie – La logique d’intervention

17

La Commission et les États membres devraient concevoir les interventions publiques de manière adéquate. À cet égard, nous avons examiné si la Commission et les États membres:

  • établissaient des évaluations des besoins ex ante rigoureuses dans les domaines spécifiques visés par l’intervention;
  • déterminaient quels fonds correspondent le mieux aux besoins des jeunes agriculteurs;
  • définissaient des objectifs spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et datés (SMART);
  • prenaient des dispositions pour assurer une utilisation efficace, efficiente et coordonnée des différents fonds.

Les besoins des jeunes agriculteurs ont été déterminés en termes généraux…

18

D’après les études de la Commission et les résultats des entretiens avec les autorités de gestion et avec les associations de jeunes agriculteurs rencontrées lors de l’audit, les obstacles qui empêchent les jeunes de devenir agriculteurs peuvent être classés en différentes catégories, selon qu’ils concernent:

  1. l’accès au foncier: quelque 60 % des jeunes agriculteurs dans les 28 États membres de l’UE ont fait état de difficultés pour acheter ou louer des terres17. Selon plusieurs études18, les problèmes résident dans le prix élevé des terres et la réticence des agriculteurs âgés à prendre leur retraite;
  2. l’accès au capital: près de 35 % des jeunes agriculteurs dans les 28 États membres de l’UE ont évoqué des difficultés d’accès aux subventions et au crédit19. Plusieurs études20 indiquent qu’en France, en Italie et en Espagne, ce problème s’explique plutôt par la longueur et la complexité des procédures en matière d’aides publiques que par l’insuffisance des subventions. Tel est également l’avis des associations d’agriculteurs consultées;
  3. l’accès aux connaissances: près de 20 % des jeunes agriculteurs dans les 28 États membres de l’UE ont mentionné des problèmes pour accéder aux connaissances21. En 2010, le pourcentage d’agriculteurs âgés de 35 ans au plus ayant reçu une formation complète en agriculture n’était que 14 % dans l’EU-2722. Il existait toutefois d’importantes différences entre les États membres: ce pourcentage s’élevait à 84 % en France (Pays de la Loire), à 27 % en Italie (Émilie-Romagne), à 26 % en Pologne et à 3 % seulement en Espagne (Andalousie);
  4. l’accès à un revenu stable et suffisant: certains États membres et associations de jeunes agriculteurs ont signalé des besoins en la matière, bien que, dans les quatre États membres couverts par l’audit, il n’existe pas de données statistiques représentatives concernant le revenu des jeunes agriculteurs (âgés de 40 ans au plus) ni de données montrant si le revenu dans les premières années d’activité agricole est généralement insuffisant ou instable, ou s’il l’est davantage que dans les années ultérieures;
  5. l’accès, dans les zones rurales, à des infrastructures et services de base équivalents à ceux dont peuvent disposer les jeunes qui vivent dans des zones urbaines: haut débit, crèches, écoles, transports, services postaux, soins de santé et services de remplacement.

… mais ils n’ont pas été analysés plus en détail

19

Dans la plupart des États membres et régions de notre échantillon, notre examen a montré que l’on ignore si les obstacles ont la même ampleur pour tous les jeunes agriculteurs qui s’installent dans une région donnée ou seulement pour une partie d’entre eux, par exemple ceux qui s’installent dans une zone géographique spécifique ou un certain secteur, ou encore ceux qui se trouvent dans une situation financière particulière (parce que les terres ou le capital dont ils ont hérité sont insuffisants, par exemple). On ne sait pas non plus quels obstacles sont les plus problématiques aux différentes étapes du processus d’installation.

Premier pilier
20

Le paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier a été établi en partant de l’idée que les jeunes agriculteurs qui débutent sont confrontés à des difficultés financières23. Cette hypothèse est peut-être exacte, mais l’analyse d’impact24 réalisée par la Commission n’a pas apporté de données de nature à la valider, ni fourni d’estimation de l’impact escompté du paiement supplémentaire sur le revenu des jeunes agriculteurs, la viabilité de leurs exploitations ou les taux de renouvellement des générations: elle ne portait que sur les implications budgétaires des différentes méthodes envisagées pour le calcul de ce paiement. Il est difficile de savoir précisément à quels besoins des jeunes agriculteurs celui-ci doit répondre (hormis le besoin d’un revenu complémentaire) et quelle doit être sa valeur ajoutée.

21

Des documents, études ou données expliquant pourquoi ce paiement était nécessaire ou étayant l’hypothèse selon laquelle les jeunes agriculteurs qui commencent à exercer une activité agricole sont confrontés à des difficultés financières faisaient également défaut au niveau des États membres. En Italie, nous avons trouvé des données non représentatives, de niveau national, montrant qu’en 2010, la valeur ajoutée nette d’exploitation25 était en fait légèrement plus élevée (80 000 euros en moyenne) pour les exploitations détenues par des agriculteurs de 40 ans au plus que pour celles d’agriculteurs plus âgés (73 000 euros). Il n’existe pas non plus de données qui indiquent si le revenu est généralement insuffisant ou instable au cours des premières années d’activité agricole, ou s’il l’est davantage que dans les années ultérieures.

22

Le règlement (UE) n° 1307/2013 confère aux États membres le pouvoir d’arrêter certaines modalités de mise en œuvre, par exemple en fixant un budget pour le paiement ou en plafonnant le nombre d’hectares sur la base duquel le paiement sera calculé (voir points 39 à 41). Il n’existait cependant pas de documents, d’études ou de données fournissant une justification valable des choix opérés en la matière.

Second pilier
23

La plupart des documents de programmation (évaluations ex ante et programmes de développement rural) relatifs à la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier, établis par les États membres audités, mentionnaient les besoins généraux et le recul du nombre des jeunes agriculteurs. Toutefois, les raisons pour lesquelles les jeunes se heurtent à des obstacles pour accéder au foncier, au capital, aux connaissances, au revenu ou aux services n’étaient pas suffisamment analysées, et les hypothèses en la matière n’étaient généralement pas étayées par des éléments probants quantifiables.

Une adéquation imparfaite entre les besoins et le soutien apporté

Premier pilier
24

Faute d’évaluation des besoins, il est difficile de savoir à quels besoins précis, hormis celui d’un revenu complémentaire, pourvoit le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier. En outre, nous ne sommes pas parvenus à déterminer si le besoin d’un revenu plus élevé et plus stable, auquel ce paiement devrait en principe répondre directement, était réellement satisfait. Les États membres couverts par l’audit n’ont pas été en mesure de fournir des données statistiquement représentatives concernant le revenu des jeunes agriculteurs ni d’apporter des données montrant si ce revenu est généralement insuffisant ou instable au cours des premières années d’activité agricole, ou s’il l’est davantage que dans les années ultérieures. En ce qui concerne les autres besoins:

  1. ce paiement, accordé uniquement aux jeunes agriculteurs qui possèdent déjà des terres, ne répond pas au besoin d’améliorer l’accès au foncier;
  2. le besoin d’améliorer l’accès au capital n’apparaît pas avec évidence, car on ignore si les bénéficiaires du paiement sont vraiment dépourvus du capital nécessaire pour gérer une exploitation viable et/ou s’ils se trouvent dans l’impossibilité d’obtenir des prêts suffisants pour financer des investissements susceptibles d’améliorer leur viabilité;
  3. le paiement ne répond pas spécifiquement au besoin d’un meilleur accès aux connaissances, puisque, dans la plupart des États membres, il n’est pas assorti d’exigences en matière de niveau minimal de formation agricole.
Second pilier
25

L’aide à l’installation des jeunes agriculteurs au titre du second pilier peut prendre la forme d’un montant forfaitaire (dont le versement est subordonné à la réalisation du plan d’entreprise), d’une bonification d’intérêts ou d’une combinaison de ces deux types de soutien. Ainsi, elle répond plus directement aux besoins spécifiques des jeunes agriculteurs. En particulier:

  1. elle répond partiellement au besoin d’améliorer l’accès au foncier, car les agriculteurs peuvent utiliser le montant forfaitaire pour acheter des terres ou pour financer un crédit destiné à l’achat de terres;
  2. elle satisfait généralement le besoin d’améliorer l’accès au capital, car les agriculteurs peuvent affecter cette aide à des investissements de nature à améliorer la viabilité de leurs exploitations et, dans certains cas, s’en servir pour obtenir un prêt bonifié;
  3. elle pourvoit globalement au besoin d’un meilleur accès aux connaissances, car elle oblige les bénéficiaires à avoir ou à acquérir un niveau minimal de formation en agriculture;
  4. elle répond indirectement au besoin d’un revenu suffisant et plus stable en finançant des actions et des investissements de nature à contribuer au développement d’exploitations viables.

Des objectifs ont été définis au niveau général…

26

Au niveau de l’UE, l’objectif général commun du soutien aux jeunes agriculteurs au titre des premier et second piliers consiste à faciliter l’installation des jeunes agriculteurs et l’adaptation structurelle de leurs exploitations agricoles une fois qu’ils sont établis, dans le dessein ultime d’améliorer la viabilité et de favoriser le renouvellement des générations (voir tableau 1).

… mais l’objectif du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier ne reflète pas l’objectif général d’encourager le renouvellement des générations

27

L’annexe IV présente la logique d’intervention du premier pilier: le paiement en faveur des jeunes agriculteurs devrait contribuer à l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture ainsi qu’à l’augmentation des revenus agricoles et, plus généralement, à la réalisation de l’objectif de la PAC qu’est une production alimentaire viable. Toutefois, l’objectif de ce paiement ne reflète pas l’objectif général d’encourager le renouvellement des générations.

28

Faute d’évaluation des besoins, l’objectif du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier appelle les remarques suivantes:

  1. il demeure insuffisamment spécifique, car il n’est pas assorti d’une description de l’effet attendu (exprimé, par exemple, sous la forme d’un ratio, d’un nombre, d’un pourcentage ou d’une fréquence) ou d’une indication concernant la population de jeunes agriculteurs à aider (par exemple, spécification des zones géographiques ou des situations financières à couvrir);
  2. il reste mesurable en partie seulement, puisque l’on ignore pour quelle part (en pourcentage) ce paiement devrait contribuer au revenu des jeunes agriculteurs et qu’aucune valeur cible quantifiable n’a été fixée en ce qui concerne les résultats que ce paiement devrait produire;
  3. on ne sait pas si, ou dans quelle mesure, il est réalisable: il n’est pas suffisamment spécifique et mesurable pour cela;
  4. on ne peut pas dire avec certitude dans quelle mesure il est pertinent, dès lors que l’on ignore à quels besoins des jeunes agriculteurs ce paiement doit répondre (hormis le besoin d’un revenu complémentaire) et à quelle fréquence ils se présentent chez les jeunes agriculteurs qui débutent (voir points 19 à 22);
  5. il n’est pas daté puisque le moment où il devrait être réalisé n’est pas précisé.

L’objectif de la mesure d’aide à l’installation au titre du second pilier reflète bien l’objectif général d’encourager le renouvellement des générations

29

Au niveau de l’UE, la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs au titre du second pilier a pour objectif de faciliter l’installation d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations, ainsi que de contribuer à l’objectif général de la PAC que constitue une production alimentaire viable en améliorant la viabilité des exploitations agricoles (voir tableau 1). Par ailleurs, elle vise également des objectifs plus spécifiques, définis par les États membres dans leurs PDR de la période 2007-2013, comme la promotion de l’emploi, le maintien de la population dans les zones rurales, l’augmentation de la compétitivité et de la rentabilité des exploitations agricoles, le recours aux nouvelles technologies et l’amélioration du capital humain.

30

Nous avons constaté que les objectifs de la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs au titre du second pilier dans les quatre États membres couverts par l’audit présentaient partiellement les caractéristiques des objectifs SMART. Ils étaient en effet:

  1. raisonnablement spécifiques, puisque la mesure visait à apporter un soutien aux jeunes agriculteurs suffisamment qualifiés et que les objectifs étaient souvent accompagnés de la description d’un résultat attendu (par exemple, «créer de la valeur ajoutée grâce à la diversification et à la création d’emplois» ou «augmenter la productivité des exploitations agricoles»);
  2. partiellement mesurables, puisqu’ils étaient accompagnés d’un indicateur cible de réalisation (le nombre absolu de jeunes agriculteurs devant bénéficier de l’aide et, en termes relatifs, le pourcentage qu’ils représentent par rapport au nombre total d’exploitations dans une région), mais n’étaient pas assortis de valeurs cibles quantifiables concernant les résultats attendus, comme le taux de renouvellement générationnel nécessaire pour atteindre les objectifs (voir point 71);
  3. partiellement réalisables, en ce sens que la réalisation cible (le nombre de jeunes agriculteurs devant bénéficier de l’aide) l’était, mais que l’on ignore si ces objectifs étaient réalisables du point de vue des résultats et de l’impact sur le renouvellement des générations;
  4. partiellement pertinents, puisqu’ils l’étaient au regard du besoin général de soutenir le renouvellement des générations. Par contre, on ne savait souvent pas dans quelle mesure ils étaient pertinents par rapport aux besoins d’accès au foncier, au capital, aux connaissances, au revenu et aux services (voir points 19 et 23);
  5. partiellement datés, en l’absence d’une date limite pour laquelle un certain ratio jeunes agriculteurs/agriculteurs plus âgés devrait être atteint, par exemple.

La coordination entre les mesures de soutien a été limitée, bien que de bonnes pratiques aient été relevées

Une faible coordination entre les mesures de soutien aux jeunes agriculteurs au niveau national et au niveau de l’UE
31

Dans les quatre États membres couverts par l’audit, nous avons observé une coordination limitée entre les mesures de soutien au niveau national et au niveau de l’UE. Plus précisément:

  • en France, une vaste palette d’aides nationales en faveur des jeunes agriculteurs est proposée: avantages fiscaux, exemptions de cotisations de sécurité sociale, accès prioritaire aux terres agricoles à vendre et aides à la formation. Des centres d’information destinés à fournir des renseignements sur les différentes aides aux bénéficiaires potentiels ont été mis en place. Des organismes de coordination chargés d’assurer la complémentarité entre les différentes aides ont également été mis sur pied, mais il n’existe pas de mécanismes de coordination spécifique entre les mesures nationales et celles de l’UE;
  • en Italie, la coordination du champ de l’intervention avec la mesure nationale permettant aux jeunes agriculteurs de bénéficier d’une bonification d’intérêts pour l’achat de terres (un problème qui n’est qu’incomplètement traité par les mesures de l’UE) est partiellement assurée, et des mécanismes pour empêcher le cumul de cette aide avec l’aide à l’installation au titre du second pilier sont en place; des avantages fiscaux non coordonnés avec les mesures de l’Union européenne ont également été relevés;
  • en Pologne, des prêts assortis de conditions privilégiées sont disponibles, mais il n’existe pas de mécanisme de coordination avec les mesures de l’UE;
  • en Espagne, il existe des prêts à conditions privilégiées ainsi que des avantages fiscaux qui influent directement sur le revenu des jeunes agriculteurs, comme le paiement en faveur des jeunes agriculteurs du premier pilier. Toutefois, il n’existe pas de mécanisme de coordination entre ces aides, qui peuvent être cumulées.
32

Dans aucun des quatre États membres couverts par l’audit, les autorités ne disposent d’une vue complète des différentes aides nationales et de l’UE fournies aux bénéficiaires. Il existe un risque que certains jeunes agriculteurs obtiennent un soutien qui dépasse leurs besoins (par exemple en bénéficiant du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier de la PAC, des mesures du second pilier qui visent à soutenir l’installation, l’investissement, la diversification et les formations et des diverses aides nationales) tandis que d’autres recevraient un soutien insuffisant.

Une absence de coordination entre le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier et la mesure d’aide à l’installation du second pilier
33

Certes, la réforme de la PAC de 2013 visait, d’après la Commission, à resserrer les liens entre les deux piliers et, ainsi, à proposer une approche plus globale et plus intégrée en ce qui concerne le soutien26, mais dans les quatre États membres audités, nous n’avons observé aucune coordination entre les autorités nationales qui géraient le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier et la mesure d’aide à l’installation au titre du second pilier. Ces deux mesures sont gérées par des autorités différentes, selon des règles différentes (voir tableau 1). En particulier, le fait d’avoir bénéficié de la mesure d’aide à l’installation du second pilier n’influe en rien sur la possibilité de toucher l’aide en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier.

Une bonne synergie entre les mesures d’aide à l’installation et à l’investissement relevant du second pilier
34

Dans les quatre États membres couverts par l’audit, nous avons observé différents degrés de coordination entre les mesures d’aide à l’installation et à l’investissement du second pilier, ce qui induisait des synergies.

35

En Italie, où le soutien aux jeunes agriculteurs prenait, comme le recommandait le plan stratégique national, la forme d’aides «combinées» (voir encadré 1), le groupement des mesures d’aide à l’installation et à l’investissement a donné de bons résultats.

Encadré 1

Exemple de bonne synergie entre les mesures d’aide à l’installation et à l’investissement

Italie (Émilie-Romagne)

Une incitation au dépôt simultané de demandes d’aide à l’installation et à l’investissement a été créée moyennant l’octroi de montants plus élevés d’aide à l’installation (pour la période 2007-2013) et l’attribution d’un plus grand nombre de points, donnant davantage de chances de sélection (pour la période 2014-2020). Ainsi, la moitié des jeunes agriculteurs ayant introduit une demande d’aide à l’installation ont également bénéficié de la mesure d’aide à l’investissement. En moyenne, ces bénéficiaires ont monté des exploitations agricoles plus grandes, plus productives et plus rentables, et ils ont davantage investi et innové que les autres27:

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données contenues dans le rapport d’évaluation ex post du programme de développement rural d’Italie (Émilie-Romagne) pour 2007-2013.

Le rapport coût-efficacité de l’aide à l’installation est deux fois meilleur lorsqu’elle est combinée avec l’aide à l’investissement. Concrètement, le rendement de l’aide publique (mesuré par l’augmentation de la valeur ajoutée brute annuelle de l’exploitation, rapportée au montant de l’aide28) est deux fois plus élevé pour les bénéficiaires des deux mesures que pour les agriculteurs n’ayant bénéficié que de l’aide à l’installation.

36

En Espagne (Andalousie) également, des appels conjoints entre les mesures d’aide à l’installation et à l’investissement ont été organisés au cours de la période 2007-2013, permettant aux jeunes agriculteurs de recevoir un soutien au titre des deux mesures. Toutefois, pour la période 2014-2020, cette approche a été abandonnée; des appels distincts ont été organisés pour les deux mesures, et les projets ont été évalués à des moments et selon des critères de sélection différents.

37

En France et en Pologne, les mesures d’aide à l’installation et à l’investissement ont été mises en œuvre séparément, mais les jeunes agriculteurs introduisant une demande d’aide à l’investissement ont bénéficié d’une majoration d’aide de 10 % à des fins de cofinancement des investissements; en France, ils se sont également vu accorder des points supplémentaires dans le système de sélection des projets.

Deuxième partie – Le ciblage des mesures

38

Les États membres devraient appliquer des méthodes de sélection qui permettent de privilégier les interventions présentant le meilleur rapport coût-efficacité, par exemple:

  • en orientant l’aide vers les jeunes agriculteurs qualifiés ainsi que vers les zones défavorisées (comme celles où l’insuffisance du renouvellement des générations est le plus marquée);
  • en recourant à des procédures de sélection (par exemple des appels à propositions concurrentiels assortis de critères de sélection clairs et pertinents) et à des outils (tels que des plans d’entreprise) pour favoriser les bénéficiaires susceptibles d’améliorer la viabilité de leurs exploitations grâce à l’aide;
  • en liant le montant de l’aide apportée à l’amélioration de la viabilité;
  • en versant l’aide dans un délai raisonnable, en temps utile pour faciliter l’installation des jeunes agriculteurs et l’adaptation structurelle de leurs exploitations.

Le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier: une aide trop standardisée

Le cadre juridique du premier pilier restreint les possibilités de ciblage…
39

Le paiement en faveur des jeunes agriculteurs du premier pilier est accordé annuellement, pour une période maximale de cinq ans, à tous les demandeurs âgés de 40 ans maximum au cours de l’année de leur première demande qui s’installent pour la première fois à la tête d’une exploitation agricole ou qui se sont installés au cours des cinq années précédant la première introduction d’une demande au titre du régime des jeunes agriculteurs.

40

Le premier pilier apporte un revenu complémentaire aux jeunes agriculteurs. Toutefois, son cadre juridique ne permet pas aux États membres de cibler suffisamment ceux susceptibles d’en avoir le plus besoin pour garantir la viabilité de leurs exploitations. En effet, les possibilités d’adaptation qu’il offre aux États membres sont limitées; ceux-ci peuvent:

  1. fixer le pourcentage du plafond national à consacrer aux paiements en faveur des jeunes agriculteurs29 (dans la limite de 2 % du budget dévolu aux paiements directs);
  2. choisir entre trois méthodes de calcul30 (la plupart des États membres, dont la France et la Pologne, ont opté pour un calcul avec une valeur correspondant à 25 % du paiement direct national moyen par hectare);
  3. plafonner (à un niveau compris entre 25 et 90 hectares) le nombre d’hectares sur la base duquel est calculé le paiement (la plupart des États membres ont fixé la limite à 90 hectares);
  4. choisir d’imposer des exigences supplémentaires en matière de qualifications et/ou de formations requises (10 États membres et une région ont ajouté des exigences à cet égard31);
  5. décider de rendre éligibles au paiement les personnes morales placées sous le contrôle conjoint de jeunes agriculteurs et de personnes autres que des jeunes agriculteurs, ou de limiter l’accès à l’aide aux personnes morales placées sous le contrôle de jeunes agriculteurs uniquement32.
41

En outre, la mise en œuvre du paiement en faveur des jeunes agriculteurs est obligatoire pour tous les États membres, même ceux qui ont choisi de ne pas mettre en place la mesure d’aide à l’installation au titre du second pilier (voir point 16). Le tableau 2 synthétise les options retenues par les États membres audités, en ce qui concerne la mise en œuvre du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier; l’annexe V présente des informations similaires pour l’ensemble des 28 États membres de l’UE.

Tableau 2

Options retenues par les États membres audités, pour la mise en œuvre du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier

FranceItaliePologneEspagne
% du plafond national annuel1 %1 %1 %2 %
Méthode de calcul25 % du paiement national moyen par hectareValeur moyenne des droits détenus par l’agriculteur25 % du paiement national moyen par hectareValeur moyenne des droits détenus par l’agriculteur
Nombre maximal d’hectares pouvant être retenus pour le calcul du paiement34 ha90 ha50 ha90 ha
Exigences supplémentaires en matière de qualifications et/ou de formationsOuiNonOuiNon
Éligibilité des personnes morales contrôlées conjointement par des jeunes agriculteurs et des personnes autres que des jeunes agriculteursOuiOuiOuiOui

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données fournies par la Commission.

… si bien que l’aide est trop standardisée
42

Ainsi, ce paiement est accordé indépendamment:

  1. des qualifications des demandeurs et/ou de leurs besoins en matière de formation (dans la plupart des États membres33): les jeunes agriculteurs n’ayant reçu aucune formation en agriculture bénéficient également de l’aide;
  2. de l’endroit où sont implantées les exploitations bénéficiaires: les jeunes agriculteurs établis dans des zones défavorisées, qui ont généralement plus de mal à assurer leur viabilité, ne font pas l’objet d’un traitement plus favorable que ceux des autres zones;
  3. de la viabilité des exploitations: des exploitations qui sont déjà rentables et n’ont pas besoin de ce paiement supplémentaire pour être viables bénéficient également de l’aide (voir encadré 2).

Encadré 2

Exemples d’exploitations n’ayant pas besoin du paiement supplémentaire au titre du premier pilier pour être viables

Pologne

Un bénéficiaire contrôlé possédait une exploitation de 513 hectares, recevait quelque 100 000 euros de paiements directs de l’UE chaque année et avait dégagé environ 150 000 euros (soit 15 fois le PIB moyen par habitant en Pologne) de bénéfice net dans les trois années précédant sa demande de paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs. Ainsi, il ne rencontrait pas de difficultés financières et gérait déjà une exploitation viable avant de bénéficier du paiement en faveur des jeunes agriculteurs (3 000 euros en 2015).

Espagne (Andalousie)

Deux des huit bénéficiaires audités possédaient des exploitations de plus de 50 hectares, générant des revenus agricoles avoisinant respectivement les 400 000 euros et les 700 000 euros (une valeur plus de 10 fois supérieure au revenu de référence moyen en Espagne34) l’année précédant leur demande de paiement en faveur des jeunes agriculteurs. Ces bénéficiaires géraient déjà des exploitations viables depuis plus de trois ans lorsqu’ils ont obtenu ce paiement (respectivement, 4 200 euros et 1 200 euros en 2015).

Le paiement est également accordé à des exploitations dans lesquelles les jeunes agriculteurs ne jouent qu’un rôle mineur
43

Dans le cas des exploitations sociétaires placées sous le contrôle conjoint d’un jeune agriculteur et de personnes qui n’en sont pas, le paiement est accordé aux mêmes conditions quelle que soit l’ampleur du pouvoir décisionnel du jeune agriculteur. Ainsi, même une petite part du capital d’une exploitation sociétaire, détenue par un jeune qui n’exerce pas d’activité agricole et qui, individuellement, ne peut pas être considéré comme un agriculteur actif35, suffit pour rendre l’exploitation entière éligible au paiement (voir encadré 3).

Encadré 3

Exemple d’exploitation bénéficiant du paiement en faveur des jeunes agriculteurs alors même que le jeune n’y joue qu’un rôle mineur

Italie (Émilie-Romagne)

Dans le cas d’une société civile36, il suffit qu’au moins un actionnaire (indépendamment de sa part dans le capital) soit jeune pour que l’ensemble de l’exploitation soit éligible au paiement en faveur des jeunes agriculteurs. Le paiement n’est pas proportionnel à la part sociale du jeune actionnaire ni à son pouvoir décisionnel, et c’est l’entreprise, et non le jeune actionnaire, qui doit avoir le statut d’agriculteur actif. Aucun contrôle visant à déterminer si l’activité principale du jeune agriculteur est une activité agricole, s’il est affilié à la sécurité sociale en tant qu’agriculteur et si une part non négligeable de son revenu provient de l’agriculture n’est donc assuré.

Ainsi, un jeune agriculteur contrôlé possédait 16 % des parts d’une société civile, mais il n’y travaillait pas, n’exerçait pas d’activité agricole et, individuellement, ne pouvait pas être considéré comme un agriculteur actif. En 2016, la société civile a toutefois bénéficié d’un paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs d’un montant de 8 000 euros pour ses 90 hectares admissibles.

44

On ne peut pas exclure que, dans l’ensemble de l’UE, ce paiement soit versé à un grand nombre d’exploitations cogérées par un jeune bénéficiaire qui y joue un rôle mineur, possède un pouvoir décisionnel limité et, individuellement, ne saurait être considéré comme un agriculteur actif, comme dans l’exemple ci-dessus. Sur les 279 071 personnes37 ayant demandé à bénéficier de ce paiement dans l’UE en 2015, 61 742 (soit près de 20 % du total) possèdent des exploitations sous contrôle conjoint. Près de la moitié des demandeurs dont l’exploitation est placée sous contrôle conjoint (26 925 personnes, soit quelque 10 % du total) en exercent le contrôle conjointement avec des personnes qui ne sont pas des jeunes agriculteurs.

45

Parmi les quatre États membres audités, ceux dans lesquels ce risque est le plus élevé sont la France et l’Italie (Émilie-Romagne), qui comptent, respectivement, 64 % et 42 % de bénéficiaires établis dans des exploitations sociétaires. Dans aucun de ces deux États membres nous n’avons pu obtenir de données sur la part sociale moyenne des jeunes agriculteurs dans les exploitations sociétaires ou d’autres informations permettant d’apprécier leur rôle effectif (et de déterminer, par exemple, s’ils exercent une influence déterminante sur les décisions de gestion des exploitations, si, individuellement, ils pourraient obtenir le statut d’agriculteur actif, et s’ils sont ou non affiliés à la sécurité sociale en tant qu’agriculteurs).

46

De manière plus générale, il existe un risque que ce paiement soit versé, dans l’ensemble de l’UE, à des exploitations à la gestion quotidienne desquelles le jeune agriculteur ne participe pas. En outre, l’aide étant accordée aux mêmes conditions que celles qui s’appliquent aux paiements directs, le droit légal d’usage des terres déclarées par le jeune agriculteur pour recevoir ce paiement ne fait l’objet d’aucun contrôle.

On ignore si le montant de l’aide est lié aux besoins
47

Le tableau 3 donne un aperçu des montants pour cette aide dans les quatre États membres couverts par l’audit.

Tableau 3

Aperçu des montants annuels d’aide aux jeunes agriculteurs au titre du premier pilier accordés dans les quatre États membres audités en 2015

Montant de l’aide (euros)France1ItalieEspagne (Andalousie)Pologne
MoyenInconnu1 1432 1821 040
MinimumInconnu151625
MaximumInconnu25 88715 3423 000

1 À la fin de février 2017, les autorités françaises n’étaient pas en mesure de fournir de base de données répertoriant les bénéficiaires de ce paiement en 2015 avec le montant reçu au titre de ce paiement et des autres paiements directs relevant du premier pilier, la date d’installation, la date de la demande, la surface totale en hectares et la part sociale détenue par le jeune agriculteur (pour les exploitations sous contrôle conjoint).

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données fournies par les États membres.

48

Au niveau de l’UE, le montant moyen de l’aide apportée au titre du paiement en faveur des jeunes agriculteurs s’est élevé à 1 200 euros par exploitation en 2015, soit environ 4 % du revenu moyen d’une exploitation dans l’UE (30 000 euros)38 – et une part encore plus faible de ce revenu dans certains États membres. En Italie, par exemple, le montant moyen de l’aide était de 1 143 euros, ce qui représente moins de 2 % du revenu moyen d’une exploitation agricole tenue par un jeune agriculteur (64 328 euros)39.

49

Ce montant n’est pas lié à la viabilité ou à d’autres caractéristiques de l’exploitation (voir point 42) et on ignore s’il est proportionnel aux besoins des jeunes agriculteurs, puisque les besoins n’ont pas été évalués (voir points 19 à 22). Les bénéficiaires contrôlés ont indiqué qu’il leur servait essentiellement à financer les dépenses courantes et à suppléer aux pertes de recettes résultant des fluctuations des prix agricoles, pertes auxquelles sont confrontés tous les agriculteurs, y compris ceux de plus de 40 ans. Il est donc peu probable que le montant actuellement apporté au titre de ce paiement puisse avoir un impact significatif sur la viabilité des exploitations et sur les décisions des jeunes agriculteurs concernant leur installation.

50

L’Italie et l’Espagne ont choisi de calculer le montant de l’aide sur la base de 25 % de la valeur moyenne des droits de chaque jeune agriculteur. Cette valeur est liée à la valeur historique des droits détenus par le jeune agriculteur, qui les a achetés ou loués auprès d’autres agriculteurs (par exemple des membres de sa famille ou des agriculteurs plus âgés). L’objectif de ce paiement étant de faciliter l’installation des jeunes agriculteurs, la raison pour laquelle le montant de l’aide est lié à l’histoire de l’exploitation – et, de ce fait, pénalise les jeunes agriculteurs qui n’ont ni hérité ni acquis de droits à valeur élevée précédemment détenus par d’autres agriculteurs – n’apparaît pas clairement.

L’aide n’a pas été versée en temps utile pour faciliter l’installation des jeunes agriculteurs
51

L’aide a souvent été versée à des bénéficiaires établis depuis plusieurs années et qui, dans certains cas (voir encadré 2) dégageaient déjà un revenu suffisant et stable. En d’autres termes, elle n’a généralement pas été apportée au bon moment par rapport à ses objectifs déclarés, puisqu’elle a souvent été fournie trop tard pour faciliter l’installation des jeunes agriculteurs ou pour contribuer à une quelconque adaptation structurelle de leurs exploitations. Elle n’a pas non plus produit d’effet incitatif, puisque la plupart des jeunes agriculteurs contrôlés s’étaient installés avant de savoir qu’ils bénéficieraient de l’aide.

Le système de sélection des projets du second pilier permet un bon ciblage même si les meilleurs projets n’ont pas toujours été privilégiés

Les critères d’éligibilité et de sélection ont permis d’orienter l’aide vers les agriculteurs qualifiés et les zones défavorisées…

52

Les États membres audités ont tous les quatre affecté l’aide aux agriculteurs qualifiés en subordonnant son versement à la possession – ou à l’acquisition dans les 36 mois suivant la demande – d’un niveau suffisant de formation en agriculture. De manière générale, l’aide s’est accompagnée d’une amélioration des compétences professionnelles des jeunes agriculteurs et de leur capacité d’introduire des innovations. Par exemple, en Italie (Émilie-Romagne), 31 % des jeunes agriculteurs bénéficiant de l’aide sont titulaires d’un diplôme en agriculture, alors que seuls 25 % des jeunes agriculteurs établis dans la région détiennent un diplôme dans ce domaine. En Espagne (Andalousie), 84 % des jeunes agriculteurs soutenus (contre 26 % des jeunes agriculteurs de la région) ont reçu une formation en agriculture, et 12 % d’entre eux (contre 4 % des jeunes agriculteurs de la région) appliquent des méthodes relevant de l’agriculture biologique.

53

Les États membres couverts par l’audit ont tous les quatre incité les jeunes agriculteurs à s’établir dans des zones défavorisées (par exemple des zones soumises à des contraintes naturelles ou des zones à taux de chômage élevé):

  • en France et en Italie (Émilie-Romagne), l’incitation a consisté à accorder des montants d’aide nettement plus élevés (environ 20 000 euros de plus) aux demandeurs qui s’installaient dans des zones défavorisées;
  • en Italie (Pouilles), les jeunes agriculteurs qui s’établissaient dans des zones défavorisées ont été efficacement avantagés moyennant, d’une part, une notation plus favorable pour certains critères lors de la sélection et, d’autre part, l’octroi d’un montant supplémentaire de 5 000 euros. Ainsi, le pourcentage de jeunes agriculteurs bénéficiant du soutien a été plus élevé dans les zones rurales connaissant des problèmes généraux de développement (12 %) et dans les zones rurales de catégorie intermédiaire (10,6 %) que dans les zones d’agriculture intensive spécialisée (9,9 %) et dans les pôles urbains (8 %)40;
  • en Espagne (Andalousie), les dispositions prises à cet effet ont comporté une notation plus favorable au niveau des critères de sélection et l’octroi d’un montant supplémentaire (+10 %) aux jeunes agriculteurs s’installant dans ces zones;
  • en Pologne, au cours de la période 2007-2013, les demandeurs qui s’installaient dans des zones à taux de chômage élevé ont reçu un plus grand nombre de points lors de l’examen des critères de sélection.

Photo 1

Exploitation ayant bénéficié d’une aide à l’installation dans une zone défavorisée

Source: Cour des comptes européenne.

… bien que les critères de sélection aient rarement ciblé le renouvellement des générations

54

Nous n’avons recensé des critères de sélection favorisant directement le renouvellement des générations qu’en Espagne (Andalousie) pour la période 2007-2013 et en Pologne pour la période 2014-2020: en Espagne (Andalousie), des points supplémentaires étaient accordés aux demandeurs qui s’installaient à la suite d’un départ en retraite anticipée, et en Pologne, le nombre de points attribué au projet augmentait avec la différence d’âge entre le cédant et le jeune agriculteur. Dans la pratique, toutefois, ces critères n’ont presque jamais eu d’effet décisif sur le ciblage de l’aide, essentiellement parce que les seuils minimaux de points étaient trop bas – voire, dans certains cas, inexistants (voir point 55).

Des faiblesses affectant les systèmes de sélection ont souvent empêché de privilégier les meilleurs projets

55

Les systèmes de sélection devraient permettre de procéder à une évaluation comparative et à un classement des propositions de projets afin de donner la priorité à celles qui présentent le meilleur rapport coût-efficacité. Toutefois, les critères de sélection n’ont souvent eu qu’un impact limité sur l’affectation de l’aide aux meilleurs projets: soit ils n’ont été introduits que tardivement au cours de la période 2007-2013, soit ils n’ont presque jamais été appliqués pour exclure des projets de qualité médiocre. En effet, les seuils minimaux de points requis pour qu’un projet soit sélectionné étaient trop bas, voire faisaient totalement défaut, et l’enveloppe septennale affectée à la mesure n’a pas été également répartie sur toute la période.

56

Par exemple, en Italie (Pouilles), le budget alloué à la mesure pour la période 2007-2013 a été entièrement utilisé avec le financement de la quasi-totalité des demandes introduites dans le cadre de l’appel à propositions organisé en 2009. Le seuil était si bas que seuls huit projets (sur un total de 2 424) ont été rejetés. En conséquence, les jeunes agriculteurs qui se sont installés dans les cinq années suivantes, et dont les projets étaient peut-être meilleurs, n’ont pas pu bénéficier de cette aide.

57

De même, en Espagne (Andalousie), l’ensemble du budget affecté à la mesure pour 2014-2020 a été épuisé à l’issue des deux premiers appels à propositions (ceux de 2015 et de 2016), où le seuil minimal était d’un point sur 20. Il s’ensuit que, jusqu’à la fin de la période de programmation, les jeunes agriculteurs porteurs de projets de qualité potentiellement supérieure n’auront pas la possibilité d’obtenir un financement au titre de cette mesure à moins que le budget correspondant soit revu à la hausse.

58

En Pologne, l’autorité de gestion a satisfait les demandes par ordre d’arrivée, sans critères de sélection, jusqu’en 2011, date à laquelle le budget a été épuisé. Aucun nouvel appel à propositions n’a pu être organisé jusqu’à ce que le budget de la mesure soit augmenté et que des critères de sélection soient mis en place, en 2014, ce qui a empêché les jeunes agriculteurs s’installant dans les trois années écoulées entre-temps de bénéficier du soutien.

59

La France ainsi que l’Italie (Émilie-Romagne) ont été les seuls pays où le budget ait été également réparti sur l’ensemble de chaque période de programmation et où des seuils de points suffisamment élevés aient été appliqués (même si, pour la période 2014-2020, cela n’a été le cas en France que pour la région Midi-Pyrénées), ce qui a permis de retenir chaque année un nombre constant de demandes de qualité suffisante en vue d’un financement.

Peu d’éléments probants attestent une amélioration de la viabilité

60

La mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs au titre du second pilier vise à améliorer la viabilité des exploitations agricoles en favorisant l’installation d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations (voir point 29). Les plans d’entreprise constituent en principe un outil utile pour aider les jeunes agriculteurs à développer des exploitations viables. Ils devraient également permettre aux autorités de gestion d’évaluer la viabilité des exploitations au moment de la sélection et, ensuite, de suivre et d’évaluer les résultats.

61

Lors du processus de sélection, le revenu estimatif initial des exploitations (donc avant la mise en œuvre éventuelle du projet) n’a été utilisé dans aucun des États membres couverts par l’audit, pour évaluer la capacité desdites exploitations de financer elles-mêmes les investissements. En outre, bien que les plans d’entreprise soient un outil utile, nous avons relevé peu d’éléments probants attestant une amélioration de la viabilité (voir encadré 4).

Encadré 4

Peu d’éléments probants attestent une amélioration de la viabilité

France

Les plans d’entreprise ont été utilisés pour apprécier la viabilité probable des exploitations et réserver le soutien aux jeunes agriculteurs qui s’installaient dans des exploitations promettant de générer, au plus tard à la fin du projet (en principe, la quatrième année), un revenu au moins égal au salaire minimum français41, mais ne dépassant pas trois fois ce salaire. De manière générale, ce critère a permis d’orienter l’aide vers les exploitations susceptibles d’être viables mais ayant besoin d’une aide publique. Toutefois, des retards importants ont affecté la réalisation des vérifications devant avoir lieu à l’issue des projets, si bien que, pour la plupart des bénéficiaires ayant lancé leurs projets au cours de la période 2007-2010, il n’existe pas encore d’éléments probants attestant que leurs exploitations sont devenues viables. Dans les Pays de la Loire, les plans d’entreprise concernant près de la moitié des 598 projets menés à bien et contrôlés avant la fin de novembre 2016 n’avaient pas été suivis, alors qu’en Midi-Pyrénées, cela n’a été le cas que pour 3 % des projets contrôlés.

Pologne

Il n’a pas été exigé que les plans d’entreprise débouchent sur une amélioration de la viabilité des exploitations, mais seulement sur le maintien du niveau initial de production standard (ou le passage à un niveau minimum de 4 800 euros, si le niveau initial y était inférieur) pour la période 2007-2013, ou sur une légère augmentation de ce niveau (+10 %) pour la période 2014-2020. Cette exigence vise à inciter les jeunes agriculteurs à maintenir ou à accroître légèrement la taille de leur exploitation, et/ou à opter pour des cultures plus productives. Cependant, elle ne les pousse pas nécessairement à augmenter leur revenu ni à améliorer leur viabilité, car la production brute standard ne tient pas compte des coûts ni, par suite, du revenu: ce n’est qu’une mesure du potentiel de production agricole d’une exploitation eu égard à sa taille et au type de cultures/de bétail.

Espagne

Les plans d’entreprise ont été utilisés pour aider en priorité les jeunes agriculteurs s’installant dans des exploitations dont l’on escomptait qu’elles généreraient une charge de travail équivalant à au moins une unité de travail annuel et produiraient un revenu par unité de travail annuel compris entre 35 % et 120 % du revenu de référence espagnol42. Toutefois, le revenu estimatif a été influencé par les estimations de coûts présentées par les bénéficiaires dans leurs plans d’entreprise, et dont l’autorité de gestion n’a pas contrôlé la fiabilité lors de l’approbation des projets. En outre, les vérifications effectuées à l’issue des projets n’ont pas été réalisées sur la base des coûts, du revenu, de l’équipement ou du personnel réels.

De surcroît, il n’a pas été exigé que les plans d’entreprise se traduisent par une amélioration de la viabilité des exploitations, et ces plans n’ont pas été utilisés pour évaluer le besoin d’aide publique. Trois des sept bénéficiaires contrôlés ont consacré l’essentiel de l’aide à l’acquisition de terres supplémentaires ou au rachat de parts dans l’exploitation auprès de membres de leur famille, sans qu’aucune amélioration de la viabilité de leurs exploitations soit démontrée.

62

Dans le cas de l’Italie (Émilie-Romagne) uniquement, nous avons trouvé des éléments probants attestant une viabilité améliorée des exploitations aidées, dont témoigne le rapport d’évaluation ex post (voir encadré 5).

Le montant de l’aide a été lié aux besoins et a été assorti de modulations visant à susciter certaines actions

63

Le tableau suivant (tableau 4) donne un aperçu des montants pouvant être accordés au titre de cette aide dans les États membres couverts par l’audit au cours des périodes de programmation 2007-2013 et 2014-2020.

Tableau 4

Aperçu des montants pouvant être accordés au titre de la mesure d’aide à l’installation du second pilier dans les États membres audités, au cours des périodes 2007-2013 et 2014-2020

Période de programmation 2007-2013
Montant de l’aide (euros)FranceItalie (Émilie-Romagne)Italie (Pouilles)Espagne (Andalousie)Pologne1
Moyen15 44038 07740 00053 27017 000
Minimum8 00015 00040 00024 00012 000
Maximum58 40040 00045 00070 00024 000
Exemples de modulationsMontant minimum porté à 16 500 euros en cas d’installation en zone de montagnePassage à l’agriculture biologique, souscription d’un prêt, réalisation d’investissements dépassant 60 000 eurosMajoration de 5 000 euros dans les zones défavoriséesMajoration de 10 % dans les zones défavoriséesAucune
Période de programmation 2014-2020
Montant de l’aide (euros)FranceItalie (Émilie-Romagne)Italie (Pouilles)Espagne (Andalousie)Pologne
Moyen

Midi-Pyrénées: 20 282

Pays de la Loire: 12 747

Indisponible à ce jourIndisponible à ce jour60 33124 000
Minimum8 00030 00040 00030 00024 000
Maximum58 00050 00045 00070 00024 000
Exemples de modulationsDans les Pays de la Loire, majoration de 30 % en cas d’installation en dehors du cadre familialMajoration de 20 000 euros dans les zones défavoriséesMajoration de 5 000 euros dans les zones défavoriséesMajoration de 25 000 euros si la production standard dépasse 50 000 eurosAucune

1 Depuis le 12 décembre 2014, ce montant s’élève à 24 000 euros (100 000 PLN), alors qu’il était de 12 000 euros (50 000 PLN) jusqu’au 31 décembre 2011 et de 17 000 euros (75 000 PLN) du 1er janvier 2012 au 11 décembre 2014.

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données fournies par les États membres.

64

En France, en Italie et en Espagne, le montant de l’aide a généralement été lié aux besoins spécifiques et aux caractéristiques de l’exploitation (par exemple emplacement et production standard) ainsi qu’aux actions figurant dans les plans d’entreprise (par exemple innovations, prêts, investissements), et modulé en fonction de ces actions et caractéristiques au cours de la période 2007-2013.

65

L’expérience a montré que les modulations du montant de l’aide constituent un bon outil pour inciter les jeunes agriculteurs à s’installer dans des conditions plus difficiles (par exemple dans des zones de montagne, en dehors du cadre familial ou en contractant un prêt), à passer à des systèmes axés sur la qualité de la production tels que l’agriculture biologique ou les technologies d’économie d’eau ou d’énergie, à engager des investissements plus importants et à tenir des exploitations plus productives. Toutefois, pour la période de programmation 2014-2020, la Commission a demandé aux États membres de ne pas lier le montant de l’aide au contenu des investissements ni à leur ampleur.

Photo 2

Exploitation gérée par une personne qui a reçu une aide à l’installation et adopté des méthodes d’agriculture biologique

Source: Cour des comptes européenne.

66

La Pologne a fixé un montant d’aide forfaitaire (actuellement, 24 000 euros) pour toute installation de jeune agriculteur, indépendamment des caractéristiques de l’exploitation ainsi que des actions et des objectifs définis dans le plan d’entreprise (par exemple emplacement, taille, investissements, etc.). Cette approche standardisée majore le risque que le montant de l’aide ne soit pas proportionnel aux besoins et aux efforts du jeune agriculteur qui s’installe, et n’incite pas à mener des actions spécifiques.

L’aide a généralement été versée en temps opportun
67

En France, en Italie et en Pologne, l’aide a le plus souvent été versée en temps utile puisque, dans la plupart des cas, les jeunes agriculteurs l’ont reçue dans l’année suivant leur installation, au moment où ils en avaient besoin pour développer leur exploitation. En effet, les dossiers de projets ont généralement été traités dans un délai raisonnable (moins de six mois à compter de la date de dépôt du dossier). Les jeunes agriculteurs ont touché l’aide avant de mettre en œuvre la plupart des actions décrites dans leur plan d’entreprise. L’aide a ainsi permis de pallier le problème de l’accès au capital et, parfois, d’obtenir un prêt auprès d’une banque.

68

Dans le cas de l’Espagne (Andalousie) uniquement, le traitement administratif des dossiers s’est avéré long au cours de la période 2007-2013 et les demandeurs ont dû attendre l’approbation de leur projet pendant 17 mois en moyenne (une durée largement supérieure au délai maximal de six mois fixé par l’autorité de gestion dans les appels à projets). En conséquence, deux des huit bénéficiaires contrôlés ont engagé certains investissements avant de savoir si leurs projets seraient approuvés. En outre, l’aide a toujours été versée sur présentation des justificatifs de dépenses, c’est-à-dire après la réalisation de l’ensemble des investissements par les bénéficiaires. Ainsi, elle a généralement été apportée trop tardivement par rapport aux besoins auxquels sont confrontés les jeunes agriculteurs lors de leur installation.

Troisième partie – Suivi et évaluation des mesures

69

Disposer de véritables informations sur la performance en ce qui concerne l’efficacité et l’efficience des dépenses de l’UE suppose:

  • que la Commission établisse un cadre commun de suivi et d’évaluation (CCSE) fournissant des indicateurs de réalisation, de résultat et d’impact qui permettent d’évaluer les progrès, l’efficacité et l’efficience de la politique par rapport aux objectifs (voir figure 6);
  • que les États membres fournissent à la Commission toutes les informations nécessaires pour permettre le suivi et l’évaluation des mesures, notamment en élaborant des indicateurs complémentaires appropriés. Dans la mesure du possible, ces informations devraient être fondées sur des sources de données reconnues, telles que le réseau d’information comptable agricole et Eurostat;
  • que des évaluations de la performance soient réalisées par des prestataires indépendants sous la responsabilité de la Commission (pour les mesures relevant du premier pilier) et des États membres (pour les mesures du second pilier).

Figure 6

Hiérarchie des indicateurs dans le cadre commun de suivi et d’évaluation

Source: D’après le manuel technique sur le cadre de suivi et d’évaluation de la politique agricole commune pour 2014-2020 de la Commission européenne (Technical Handbook on the Monitoring and Evaluation Framework of the Common Agricultural Policy 2014-2020).

Les indicateurs du cadre commun de suivi et d’évaluation ne permettent pas d’apprécier le degré de réalisation des objectifs poursuivis par les mesures…

70

Pour mettre en évidence la performance des mesures de l’UE en faveur des jeunes agriculteurs en ce qui concerne la concrétisation des objectifs poursuivis (voir points 26 à 30), les États membres devraient collecter des données sur les réalisations et les résultats. En vertu du CCSE, ils doivent au minimum recueillir des informations sur les indicateurs de réalisation et de résultat suivants (voir tableau 5):

Tableau 5

Vue d’ensemble des indicateurs obligatoires dans le CCSE pour la mesure d’aide à l’installation du second pilier (mesure 112 pour 2007-2013, mesure 6.1 pour 2014-2020) et le paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs du premier pilier (pour 2014-2020)

Type d’indicateurSecond pilier pour 2007-2013
(mesure 112: aide à l’installation des jeunes agriculteurs)
Second pilier pour 2014-2020
(mesure 6.1: aide à l’installation des jeunes agriculteurs)
Premier pilier pour 2014-2020 (paiement en faveur des jeunes agriculteurs)
Montant total des dépenses publiques (euros)5 281 543 93410 440 973 2922 621 619 765
Indicateurs de réalisation
  • Nombre de jeunes agriculteurs bénéficiant d’une aide
  • Volume total des investissements
  • Nombre d’exploitations agricoles avec un plan de développement d’entreprise/des investissements pour les jeunes agriculteurs, bénéficiant d’un soutien au titre du PDR
  • Nombre de jeunes agriculteurs
  • Nombre d’hectares
Indicateurs de résultat
  • Accroissement de la valeur ajoutée brute des exploitations soutenues
  • Pourcentage d’exploitations agricoles avec un plan de développement d’entreprise/des investissements pour les jeunes agriculteurs, bénéficiant d’un soutien au titre du PDR (par rapport au nombre total d’exploitations)
Aucun
Indicateurs d’impact1
  • Croissance économique (valeur ajoutée nette par unité de travail annuel)
  • Productivité du travail (valeur ajoutée par unité de travail annuel)
  • Revenu d’entreprise agricole
  • Revenu des facteurs agricoles
  • Productivité totale des facteurs dans l’agriculture
  • Variabilité des prix des produits de base de l’Union européenne

1 Au niveau des PDR pour la période 2007-2013 et, pour la période 2014-2020, dans le contexte de l’objectif de la PAC qui consiste à assurer une production alimentaire viable.

71

Comme cela a déjà été le cas dans de précédents rapports de la Cour des comptes européenne43, nous avons constaté que les informations sur la performance recueillies par l’intermédiaire des indicateurs du CCSE ne permettent pas d’évaluer l’efficacité et l’efficience des mesures en ce qui concerne la réalisation de leurs objectifs. Cela tient essentiellement aux faits suivants:

  • au cours de la période 2007-2013, dans tous les États membres couverts par l’audit excepté l’Italie (Émilie-Romagne, voir point 35), le seul indicateur de résultat du CCSE (l’accroissement de la valeur ajoutée brute des exploitations soutenues) a été mesuré en se fondant sur des estimations invérifiables et non sur des données réelles recueillies au niveau des exploitations bénéficiaires;
  • pour la période 2014-2020, le CCSE ne comporte pas d’indicateurs de résultat permettant d’évaluer l’amélioration de la viabilité des exploitations, qui constitue pourtant l’objectif ultime à la réalisation duquel les mesures doivent contribuer. Le seul indicateur de résultat se rapportant à la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier (le pourcentage d’exploitations agricoles avec un plan de développement d’entreprise/des investissements pour les jeunes agriculteurs, bénéficiant d’un soutien au titre du PDR, par rapport au nombre total d’exploitations) n’est pas un indicateur de résultat à proprement parler, mais plutôt un indicateur de réalisation, car il ne mesure pas l’effet de l’aide en comparaison de ses objectifs (par exemple la viabilité des exploitations, le renouvellement des générations, la création d’emplois, l’augmentation du niveau d’études et d’innovation des jeunes agriculteurs, etc.);
  • la collecte de données réelles sur les caractéristiques structurelles et financières des exploitations soutenues (montant des recettes, revenu et nombre de salariés, par exemple) n’est généralement pas assurée. En outre, les estimations de revenus fournies par le réseau d’information comptable agricole ne sont pas représentatives des jeunes agriculteurs bénéficiant de l’aide ni de la population des jeunes agriculteurs44. Pour l’ensemble des États membres audités, à l’exception de l’Italie (Émilie-Romagne, voir point 75), on ignore donc si les exploitations soutenues emploient vraiment davantage de personnel, deviennent réellement plus grandes, plus productives et plus viables, et génèrent effectivement davantage de revenus que les exploitations non soutenues. On ne sait pas non plus si les exploitations bénéficiant à la fois du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier et de la mesure d’aide à l’installation du second pilier obtiennent réellement de meilleurs résultats à ces égards que les exploitations ne bénéficiant que d’une seule mesure.

… mais certains États membres ont élaboré des indicateurs pertinents

72

Outre les indicateurs obligatoires dans le contexte du CCSE, les États membres peuvent définir des indicateurs spécifiques supplémentaires. Le tableau 6 répertorie les indicateurs complémentaires, relatifs à la mesure d’aide à l’installation du second pilier, définis volontairement par certains des États membres couverts par l’audit.

Tableau 6

Aperçu des indicateurs complémentaires définis par certains États membres audités pour la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier

Type d’indicateurMesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier
Italie (Émilie-Romagne)
Indicateurs de résultat
  • Augmentation ou maintien du nombre d’emplois dans les exploitations soutenues
  • Nombre de jeunes agriculteurs bénéficiaires mettant en place des systèmes de certification volontaires
  • Nombre de jeunes agriculteurs tenant compte de questions d’environnement et de bien-être animal dans les investissements
Indicateur d’impact
  • Nombre d’emplois créés
Pologne
Indicateurs de résultat
  • Augmentation moyenne de la dimension économique (production standard) des exploitations soutenues
  • Pourcentage moyen d’augmentation de la dimension économique (production standard) des exploitations soutenues
  • Taille moyenne des exploitations soutenues après la mise en œuvre du plan d’entreprise
Indicateur d’impact
  • Nombre d’emplois créés
Espagne (Andalousie)
Indicateurs de réalisation
  • Nombre de jeunes agriculteurs installés à la suite d’un départ en retraite anticipée
  • Pourcentage de femmes parmi les jeunes agriculteurs aidés qui s’installent
Indicateur de résultat
  • Nombre d’emplois créés

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des programmes de développement rural examinés.

73

Ces indicateurs complémentaires définis par les États membres permettent d’évaluer l’efficacité des mesures en ce qui concerne des objectifs spécifiques tels que la création d’emplois, l’équilibre hommes-femmes, le rajeunissement de la population agricole et l’innovation. Par exemple, dans le cas de l’Italie (Émilie-Romagne), l’indicateur de nombre de jeunes agriculteurs bénéficiaires mettant en place des systèmes de certification volontaires nous a permis de savoir que 214 (13 %) des 1 640 agriculteurs ayant bénéficié de la mesure au cours de la période 2007-2013 ont introduit ce type d’innovation dans leurs exploitations. Pour l’Espagne (Andalousie), les deux indicateurs de réalisation complémentaires ont permis d’établir que la mesure a été moins efficace que prévu en ce qui concerne tant l’encouragement du rajeunissement des agriculteurs (seuls 53 jeunes agriculteurs soutenus se sont installés à la suite d’un départ en retraite anticipée, contre une valeur cible de 92) que l’installation des femmes (seuls 23 % des jeunes agriculteurs bénéficiant de la mesure étaient des femmes, alors que la valeur cible s’élevait à 45 % et qu’en Andalousie, la population agricole compte 32 % de femmes de moins de 44 ans).

Les évaluations ne fournissent généralement pas d’informations utiles sur la performance des mesures, bien qu’une bonne pratique ait été observée

74

Dans les quatre États membres couverts par l’audit, à l’exception de l’Italie (Émilie-Romagne), les évaluations à mi-parcours et ex post de la période de programmation 2007-2013 n’ont fourni que de maigres informations ou des données non fiables sur la performance de la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs (mesure 112). Par exemple:

  • à la fin de février 201745, la France n’avait pas encore communiqué le rapport d’évaluation ex post de son programme de développement rural de la période 2007-2013, ce qu’elle aurait dû faire avant le 31 décembre 2016;
  • dans le cas de l’Italie (Pouilles), l’évaluation ex post du PDR 2007-2013 a indiqué que le chiffre d’affaires moyen des exploitations bénéficiant du soutien avait augmenté, en moyenne, de 15 500 euros par rapport à son niveau au moment de l’installation et que 73 % des exploitations soutenues avaient recruté du personnel. Cependant, ces résultats reposent sur une enquête en ligne à laquelle n’ont répondu que 16 bénéficiaires et les déclarations relatives au chiffre d’affaires n’ont été vérifiées au regard d’aucun justificatif;
  • l’évaluation à mi-parcours du PDR polonais de la période 2007-2013 indiquait qu’à la fin de 2009, la valeur ajoutée brute des exploitations soutenues avait augmenté de 35 % en moyenne, sans préciser l’année de référence de la comparaison. En outre, le rapport d’évaluation précisait que cette augmentation s’expliquait en grande partie par l’augmentation du montant des aides et des subventions, et non par une augmentation de la valeur de la production agricole;
  • en ce qui concerne l’Espagne, l’évaluation ex post de son PDR 2007-2013 faisait état d’une augmentation moyenne de la valeur ajoutée brute des exploitations soutenues atteignant 23,5 %, mais ne décrivait pas la méthode d’estimation appliquée et ne communiquait pas la source des données.
75

Seule l’évaluation ex post du PDR d’Italie (Émilie-Romagne) de la période 2007-2013 fournit des informations utiles sur la performance de la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs (voir encadré 5).

Encadré 5

Exemple de rapport d’évaluation ex post témoignant de l’efficacité de la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs

Italie (Émilie-Romagne)

L’évaluation ex post du PDR 2007-2013 comporte une analyse contrefactuelle reposant sur une comparaison entre un échantillon de 56 jeunes agriculteurs ayant bénéficié de la mesure 112 et deux échantillons contrefactuels:

  • un échantillon de 122 agriculteurs de tous les âges ne bénéficiant pas de la mesure d’aide à l’installation;
  • un échantillon de 22 jeunes agriculteurs ne bénéficiant pas de la mesure d’aide à l’installation.

D’après cette analyse, les jeunes agriculteurs bénéficiant de la mesure 112 affichent de meilleures performances que les agriculteurs des deux autres échantillons à tous les égards, c’est-à-dire du point de vue de la production standard, de la valeur ajoutée brute, du nombre d’unités de travail annuel, de la taille des exploitations, de la productivité du travail et de la productivité des terres.

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données contenues dans le rapport d’évaluation ex post du programme de développement rural d’Italie (Émilie-Romagne) pour 2007-2013.

L’évaluation ex post montre également que la mesure a produit des résultats positifs du point de vue de la pérennité des exploitations soutenues. En effet, 94,6 % des 624 bénéficiaires qui se sont installés en 2008 ou en 2009 étaient toujours en activité six ans plus tard (contre 94,3 % des agriculteurs de tous les âges s’étant lancés dans l’agriculture au cours de la période 2007-2013 dans l’ensemble de la région). Chez les jeunes agriculteurs aidés, les taux d’abandon ont été nettement plus faibles lorsque la taille de l’exploitation dépassait 16 hectares (4,6 %, contre 9,5 % pour les exploitations plus petites) et lorsque le bénéficiaire s’était installé sous forme sociétaire (3,7 %, contre 6,5 % dans le cas des installations en exploitation individuelle).

Peu d’éléments probants attestent que l’installation des jeunes agriculteurs a été facilitée

76

Dans les quatre États membres couverts par l’audit, nous avons trouvé peu d’éléments probants attestant que les mesures de l’UE avaient facilité l’installation des jeunes agriculteurs en aidant ces derniers à surmonter les obstacles à l’installation initiale tels que l’accès au foncier, au capital, aux connaissances et à un revenu suffisant.

77

Les mesures de l’UE n’ont guère aidé les jeunes agriculteurs à accéder au foncier. En effet, le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier n’était accordé qu’aux jeunes agriculteurs qui détenaient déjà des terres, tandis que le second pilier n’incitait que modérément – par l’intermédiaire des critères d’éligibilité et de sélection – les jeunes agriculteurs à accroître la taille de leurs exploitations (voir points 60 et 61), sans qu’aucun élément probant n’indique qu’il favorisait une amélioration de la viabilité des exploitations. Le cas de l’Italie (Émilie-Romagne) est le seul dans lequel des éléments probants attestent que les jeunes agriculteurs soutenus ont davantage augmenté la taille de leurs exploitations que ceux qui n’ont pas bénéficié de l’aide (voir point 75).

78

Globalement, le nombre total d’hectares en la possession de jeunes agriculteurs est resté stable au cours de la période 2005-2013 (voir figure 7). La réduction du nombre d’exploitations détenues par de jeunes agriculteurs a été compensée par une augmentation de la taille moyenne des exploitations.

Figure 7

Évolution du nombre d’exploitations détenues par de jeunes agriculteurs, de la taille moyenne de ces exploitations et du nombre total d’hectares en la possession de jeunes agriculteurs dans l’EU-27

Nombre total d’hectares détenus par de jeunes agriculteurs (en millions)
millions d'hectares2005200720102013
Nombre total d'hectares détenus par de jeunes agriculteurs57,754,855,251,9
Nombre total d'hectares détenus par des agriculteurs de tous les âges 172,1172,8174,5173,0

Source: Cour des comptes européenne, sur la base de l’enquête sur la structure des exploitations agricoles (2005-2013) d’Eurostat.

79

Les mesures de l’UE ont directement aidé les jeunes agriculteurs à accéder au capital, grâce à l’apport d’une aide financière. Toutefois, en ce qui concerne le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier, aucun élément n’atteste que l’aide de l’UE ait facilité l’accès des jeunes agriculteurs aux crédits des banques commerciales, et, concernant la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier, les éléments probants en ce sens sont peu nombreux:

  • en France et en Italie (Pouilles), l’aide au titre du second pilier pouvait notamment prendre la forme d’une bonification d’intérêts sur un prêt, mais ces formes d’aide n’ont rencontré qu’un maigre succès. En France, de nombreux bénéficiaires ont exprimé leur mécontentement face au fait que les prêts octroyés n’étaient pas négociables et ne pouvaient pas être refinancés, ce qui les obligeait à supporter un taux d’intérêt fixe bien plus élevé que le taux actuel du marché. En Italie (Pouilles), seuls 37 des 2 502 bénéficiaires de la période 2007-2013 ont demandé à recevoir l’aide sous cette forme et ce, essentiellement parce que l’autorité de gestion a exigé que tous les investissements prévus dans le plan d’entreprise soient entièrement réalisés pour que les bénéficiaires puissent demander la bonification d’intérêts;
  • en Italie (Émilie-Romagne) et en Pologne, le soutien au titre de la mesure d’aide à l’installation du second pilier n’a pas été proposé sous la forme d’une bonification d’intérêts sur un prêt, bien qu’en Italie (Émilie-Romagne), il fût possible de recevoir un montant d’aide plus élevé en cas d’obtention d’un prêt de plus de 30 000 euros (voir tableau 4);
  • le cas de l’Espagne (Andalousie), où l’aide au titre du second pilier a également été fournie sous la forme d’une bonification d’intérêts sur un prêt (pour 567 bénéficiaires sur les 738 bénéficiaires recensés pour la période 2007-2013) et où l’accès au crédit est particulièrement problématique pour les jeunes agriculteurs46, est le seul où, comme nous l’avons constaté pour sept des huit bénéficiaires contrôlés, la propension des banques à accorder des prêts ait été amplifiée.
80

Dans l’ensemble, les mesures de l’UE, et en particulier la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier, ont eu un impact positif sur les niveaux de connaissances des agriculteurs, grâce à des critères d’éligibilité qui ont favorisé l’établissement de personnes qualifiées dans l’agriculture. En Italie et en Pologne, cependant, le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier n’a pas produit le même impact positif sur les niveaux de connaissances des jeunes agriculteurs, car ces États membres n’ont pas obligé les demandeurs à acquérir de compétences ni à suivre de formation particulières.

Il n’existe pas de corrélation évidente entre l’aide de l’Union européenne et le renouvellement des générations

81

Le problème du renouvellement des générations est un problème général qui touche l’ensemble de la population et de la main-d’œuvre dans l’UE. Comme le montre la figure 8, le pourcentage de jeunes dans l’ensemble de la population et dans la main-d’œuvre diminue plus rapidement que dans la population agricole.

Figure 8

Évolution du pourcentage de jeunes dans l’ensemble de la population, dans la main-d’œuvre et dans la population agricole, dans l’EU-27

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données des recensements de la population (2005-2015), de l’enquête sur les forces de travail (2005-2015) et de l’enquête sur la structure des exploitations agricoles (2005-2013) d’Eurostat.

82

Globalement, il n’est pas possible d’établir une corrélation évidente entre l’aide fournie par l’UE et l’évolution du nombre de jeunes agriculteurs (voir figure 9). Il est également difficile de déterminer si, et jusqu’à quel point, l’aide de l’UE a contribué à l’augmentation de la taille moyenne des exploitations (voir points 77 et 78), ou si cette augmentation s’est accompagnée d’une amélioration de la viabilité des exploitations.

Figure 9

Rapprochement entre la part des dépenses du Feader consacrée à l’installation des jeunes agriculteurs (mesure 112) et la variation du nombre d’agriculteurs âgés de 44 ans au plus au cours de la période 2007-2013

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données de l’enquête sur la structure des exploitations agricoles (2007-2013) d’Eurostat et des données de la Commission (données de janvier 2017).

83

Les raisons en sont diverses:

  • globalement, l’aide de l’UE n’est versée qu’à un petit pourcentage de jeunes agriculteurs: seuls 7 % de l’ensemble des jeunes agriculteurs installés dans l’EU-2747 ont bénéficié de l’aide à l’installation de l’UE;
  • il existe plusieurs politiques nationales de soutien aux jeunes agriculteurs, qui sont rarement coordonnées avec les mesures de l’UE (voir points 16, 31 et 32);
  • le système de suivi et d’évaluation ne fournit pas d’informations appropriées sur la concrétisation des objectifs. Cela s’explique essentiellement par la qualité médiocre des indicateurs définis dans le système commun de suivi (voir points 70 et 71) et par la quantité insuffisante ou le manque de fiabilité des informations sur la performance issues de la plupart des évaluations (voir point 74);
  • cette corrélation est soumise à l’influence de facteurs généraux indépendants des mesures de l’UE, tels que la situation économique et sociale, la propension des banques à accorder des prêts et les possibilités d’emploi dans d’autres secteurs que l’agriculture (voir point 16).

Conclusions et recommandations

84

L’agriculture de l’UE est confrontée à une diminution de la population agricole. Au cours de la dernière décennie, le nombre total d’agriculteurs dans l’EU-27 a connu un déclin rapide, passant de 14,5 millions en 2005 à 10,7 millions en 2013, tandis que le nombre des agriculteurs âgés de 44 ans au plus passait de 3,3 millions à 2,3 millions pendant la même période. Alors que le nombre d’agriculteurs a diminué dans toutes les classes d’âge, la part des moins de 45 ans dans la population agricole a toutefois relativement peu varié, restant légèrement supérieure à 20 %, encore que ce constat soit à nuancer selon les États membres (voir annexe II).

85

Pour la période 2007-2020, l’Union européenne a affecté 9,6 milliards d’euros à des mesures d’aide visant spécialement les jeunes agriculteurs, avec pour objectif de stimuler la compétitivité des exploitations agricoles et le renouvellement des générations dans l’agriculture. Si l’on tient compte du cofinancement, par les États membres, de la mesure d’aide à l’installation au titre du second pilier, le montant total de l’aide publique atteint 18,3 milliards d’euros. Près de 200 000 jeunes agriculteurs ont bénéficié de l’aide à l’installation de l’UE au cours de la période 2007-2013. Plus de 70 % des dépenses de l’UE ont été effectuées dans le cadre de la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier (Feader), les 30 % restants relevant du paiement direct supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier (FEAGA) pour la période 2014-2020.

86

Dans ce contexte, nous avons examiné le rôle joué par l’UE dans le soutien aux jeunes agriculteurs et l’encouragement du renouvellement des générations. L’audit a visé à répondre à la question suivante:

Le soutien de l’UE aux jeunes agriculteurs est-il conçu de façon appropriée pour contribuer efficacement à un meilleur renouvellement des générations?

87

La conclusion générale est que le soutien de l’UE aux jeunes agriculteurs est fondé sur une logique d’intervention mal définie, qui ne comporte pas de description du résultat et de l’impact attendus. Il devrait être mieux ciblé pour favoriser un renouvellement efficace des générations.

88

Pour ce qui a trait à la logique d’intervention:

En ce qui concerne le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier, nous avons constaté:

  • qu’il n’est pas fondé sur une évaluation des besoins, que son objectif ne reflète pas l’objectif général d’encourager le renouvellement des générations et que les États membres ne l’ont pas coordonné avec la mesure d’aide à l’installation du second pilier ni avec les mesures nationales (voir points 19 à 33);
  • que, faute d’évaluation des besoins, le soutien revêt la forme d’une aide standardisée (paiement annuel à l’hectare), dont le montant et le moment du versement ne permettent pas de déterminer clairement les besoins spécifiques qu’elle couvre hormis celui d’un revenu complémentaire (voir points 39 à 51).

En ce qui concerne la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs qui relève du second pilier, nous avons constaté:

  • que, même si les besoins n’ont été évalués que de manière approximative, ses objectifs sont partiellement spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et datés, et reflètent l’objectif général consistant à encourager le renouvellement des générations. La coordination entre les mesures d’aide à l’installation et à l’investissement du second pilier est satisfaisante, mais la coordination avec les instruments financiers nationaux tels que les prêts à conditions privilégiées pour l’achat de terres est presque inexistante (voir points 19 à 37);
  • que l’aide est apportée sous une forme qui répond directement aux besoins d’accès au foncier, au capital et aux connaissances des jeunes agriculteurs. Le montant de l’aide est généralement lié aux besoins et assorti de modulations visant à susciter certaines actions telles que le passage à des méthodes d’agriculture biologique, des mesures d’économie d’eau ou d’énergie, ou l’installation dans des zones défavorisées (voir points 25, 52 et 53).

Recommandation n° 1 – Revoir la logique d’intervention en améliorant l’évaluation des besoins et en définissant des objectifs spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et datés

En vue de la PAC après 2020, la Commission devrait définir (ou, conformément aux dispositions relatives à la gestion partagée, demander aux États membres de définir) une logique d’intervention claire pour les instruments d’action ciblant le renouvellement des générations dans l’agriculture. La logique d’intervention devrait comprendre:

  • une évaluation rigoureuse des besoins des jeunes agriculteurs. Celle-ci devrait également examiner les raisons pour lesquelles les jeunes désireux de se lancer dans l’agriculture se heurtent à des obstacles lors de leur installation, ainsi que la fréquence de ces obstacles selon la zone géographique, la branche du secteur agricole ou d’autres caractéristiques de l’exploitation;
  • une évaluation distinguant les besoins auxquels les instruments d’action de l’UE pourraient répondre et ceux qui pourraient être, ou sont déjà, mieux pris en charge dans le cadre des politiques des États membres, avec une analyse indiquant quelles sont les formes d’aide (par exemple paiements directs, montant forfaitaire ou instruments financiers) les plus adaptées aux besoins décrits;
  • des objectifs SMART présentant de manière explicite et quantifiable les résultats à fournir par les instruments d’action, en matière de taux de renouvellement des générations escompté et de contribution à la viabilité des exploitations. En particulier, il devrait être clairement établi si les instruments d’action doivent viser à aider le plus grand nombre de jeunes agriculteurs possible ou s’ils doivent cibler des catégories précises de jeunes agriculteurs (par exemple ceux qui ont le niveau de formation le plus élevé, ceux qui s’installent dans des zones défavorisées, ceux qui introduisent des technologies d’économie d’énergie ou d’eau dans les exploitations, ceux qui font augmenter la rentabilité ou la productivité des exploitations, ou encore ceux qui emploient le plus de personnel).
89

Pour ce qui a trait au ciblage des mesures:

En ce qui concerne le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier, nous avons constaté:

  • que le soutien revêt la forme d’une aide standardisée, indépendante de la viabilité des exploitations, de l’endroit où elles se trouvent et, dans la plupart des États membres, des qualifications/du niveau de formation des bénéficiaires. Pour les exploitations sociétaires placées sous le contrôle conjoint d’un jeune agriculteur et de personnes qui n’en sont pas, l’aide est parfois accordée alors que le jeune agriculteur n’a peut-être qu’un pouvoir décisionnel mineur (voir points 39 à 46).

En ce qui concerne la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier, nous avons constaté:

  • que l’aide est orientée vers les agriculteurs qualifiés, qui prennent l’engagement de mettre en œuvre un plan d’entreprise de nature à faciliter le développement d’exploitations viables et qui sont souvent incités, via le processus de sélection des projets, à s’installer dans des zones défavorisées. Toutefois, la qualité des plans d’entreprise s’est avérée variable et les autorités de gestion n’ont souvent pas appliqué de procédures de sélection pour donner la priorité aux meilleurs projets. Les critères de sélection n’ont été introduits que tardivement au cours de la période 2007-2013, les seuils minimaux de points étaient trop bas, voire faisaient totalement défaut, et, dans certains États membres, l’enveloppe septennale affectée à la mesure a été entièrement utilisée pour financer la quasi-totalité des projets présentés au début de la période de programmation, avec pour conséquence que les jeunes agriculteurs qui se sont installés plus tard n’ont pas pu recevoir de financement (voir points 52 à 61).

Recommandation n° 2 – Améliorer le ciblage des mesures

Lors de la mise en œuvre des mesures relevant de la PAC après 2020, les États membres devraient améliorer le ciblage des mesures:

  • en appliquant des critères qui garantissent la sélection des projets présentant le meilleur rapport coût-efficacité (par exemple les projets permettant la plus nette amélioration de la productivité ou de la viabilité des exploitations agricoles, ou la plus forte hausse du taux d’emploi dans les zones à taux de chômage très élevé ainsi que dans les zones défavorisées où le taux de renouvellement des générations est le plus faible);
  • en appliquant des critères clairs pour évaluer le rôle des jeunes agriculteurs à aider, dans le cas des exploitations agricoles placées sous contrôle conjoint (par exemple en définissant le pourcentage des droits de vote ou la part sociale que doit détenir le bénéficiaire, ou le pourcentage de ses revenus qui doit provenir de son activité dans l’exploitation à soutenir) afin d’orienter l’aide vers les jeunes agriculteurs dont l’activité agricole sur les exploitations soutenues constitue l’activité principale;
  • en imposant des seuils minimaux suffisamment élevés, pour ce qui est du nombre de points à atteindre par les projets, et en répartissant le budget des mesures de façon à garantir la disponibilité de volumes de fonds identiques pour les jeunes agriculteurs qui s’installent pendant toute la durée de la période de programmation;
  • en faisant meilleur usage des plans d’entreprise pour évaluer le besoin de financement public en appréciant la viabilité probable des exploitations en l’absence d’aide, lors de l’introduction des demandes, et, à l’issue des projets, l’impact de l’aide sur la viabilité des exploitations ou sur d’autres objectifs clairement énoncés (par exemple, emploi ou introduction de technologies d’économie d’énergie ou d’eau).
90

Pour ce qui a trait aux résultats des mesures:

En ce qui concerne le paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier, nous avons constaté:

  • que le cadre commun de suivi et d’évaluation ne fournit pas d’indicateurs utiles pour évaluer l’efficacité de ce paiement, puisqu’il n’existe pas d’indicateurs de résultat pour ce dernier et qu’aucune donnée sur le revenu et la viabilité des exploitations soutenues n’est collectée (voir points 70 et 71).

En ce qui concerne la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs du second pilier, nous avons constaté:

  • que peu d’éléments probants attestent que la mesure a facilité l’installation des jeunes agriculteurs et produit des effets favorables sur le renouvellement des générations ainsi que sur la viabilité des exploitations soutenues, et ce, essentiellement du fait de la qualité médiocre des indicateurs fournis par le système commun de suivi et d’évaluation. Dans le cas de l’Italie (Émilie-Romagne) uniquement, nous avons trouvé des éléments probants attestant que les bénéficiaires de la mesure d’aide à l’installation avaient développé des exploitations plus grandes, plus productives, plus rentables et plus pourvoyeuses d’emploi que les exploitations non soutenues (voir points 70 à 83).

Recommandation n° 3 – Améliorer le système de suivi et d’évaluation

Lors de la mise en œuvre des mesures relevant de la PAC après 2020, la Commission et les États membres (conformément aux dispositions relatives à la gestion partagée) devraient améliorer le système de suivi et d’évaluation. En particulier:

  • la Commission devrait définir des indicateurs de réalisation, de résultat et d’impact qui permettent d’évaluer les progrès, l’efficacité et l’efficience des instruments d’action par rapport aux objectifs, en s’inspirant des bonnes pratiques telles que les indicateurs pertinents définis par les États membres dans leurs systèmes de suivi (voir points 72 et 73);
  • les États membres devraient collecter régulièrement des données réelles sur les caractéristiques structurelles et financières des exploitations soutenues (par exemple montant des recettes, revenu, nombre de salariés, innovations introduites et niveau de formation des agriculteurs), ce qui permettrait d’évaluer l’efficacité et l’efficience des mesures quant à la réalisation des grands objectifs poursuivis;
  • la Commission et les États membres devraient exiger que, concernant les résultats obtenus grâce aux projets et aux mesures, les évaluations apportent des informations utiles, dérivées des données réelles sur l’évolution des caractéristiques structurelles et financières des exploitations soutenues, moyennant l’application de bonnes pratiques (par exemple évaluation comparative, analyses contrefactuelles et enquêtes) telles que celles relevées lors de cet audit (voir point 75).

Le présent rapport spécial a été adopté par la Chambre I, présidée par M. Phil WYNN OWEN, Membre de la Cour des comptes, à Luxembourg en sa réunion du 31 mai 2017.

Par la Cour des comptes

Klaus-Heiner LEHNE

Président

Annexes

Annexe I

Variation du nombre d’agriculteurs âgés de 44 ans au plus entre 2007 et 2013 (par État membre)

État membreNombre d’agriculteurs âgés de 44 ans au plusVariation du nombre d’agriculteurs âgés de 44 ans au plus entre 2007 et 2013
20072013
Belgique13 5807 240-6 340
Bulgarie61 54049 980-11 560
République tchèque10 6605 080-5 580
Danemark12 1906 700-5 490
Allemagne133 08075 570-57 510
Estonie5 1204 670-450
Irlande33 77032 020-1 750
Grèce188 470141 220-47 250
Espagne216 810158 620-58 190
France167 220131 970-35 250
CroatieDonnées indisponibles
Italie231 970155 270-76 700
Chypre5 7803 020-2 760
Lettonie27 09015 990-11 100
Lituanie48 99033 460-15 530
Luxembourg690540-150
Hongrie139 150103 330-35 820
Malte1 6801 570-110
Pays-Bas21 08013 090-7 990
Autriche67 48049 680-17 800
Pologne808 330512 690-295 640
Portugal28 45025 640-2 810
Roumanie638 490676 77038 280
Slovénie12 81013 8601 050
Slovaquie10 9405 550-5 390
Finlande21 85016 620-5 230
Suède16 98011 510-5 470
Royaume-Uni42 74027 650-15 090
EU-272 966 9402 279 310-687 630

Source: Eurostat, enquêtes sur la structure des exploitations agricoles de 2007 et de 2013.

Annexe II

Répartition des agriculteurs par classe d’âge en 2007 et en 2013 (par État membre)

État membreMoins de 35 ans35-44 ans45-54 ans55-64 ans65 ans et plus
2007201320072013200720132007201320072013
Belgique6,1 %4,0 %22,2 %15,2 %28,6 %32,9 %22,7 %26,8 %20,5 %21,2 %
Bulgarie3,1 %6,4 %9,4 %13,2 %17,5 %18,5 %25,1 %25,2 %45,0 %36,7 %
République tchèque9,7 %4,6 %17,4 %14,8 %27,2 %23,8 %28,5 %33,9 %17,2 %23,0 %
Danemark5,9 %2,5 %21,4 %14,7 %29,1 %31,2 %23,9 %27,6 %19,6 %24,0 %
Allemagne7,7 %6,8 %28,2 %19,7 %33,9 %37,2 %22,6 %29,8 %7,5 %6,5 %
Estonie6,2 %7,5 %15,8 %16,8 %23,1 %23,4 %23,8 %21,8 %31,1 %30,4 %
Irlande8,1 %6,3 %18,3 %16,7 %24,6 %25,1 %25,5 %25,5 %23,5 %26,5 %
Grèce6,9 %5,2 %15,1 %14,7 %21,6 %23,9 %20,2 %24,9 %36,3 %31,3 %
Espagne5,2 %3,7 %15,6 %12,7 %23,3 %25,0 %24,5 %25,2 %31,4 %33,3 %
France8,1 %8,8 %23,6 %19,1 %31,5 %32,7 %23,9 %27,0 %12,9 %12,4 %
CroatieDonnées indisponibles
Italie3,1 %4,5 %10,7 %10,8 %19,4 %21,6 %23,9 %23,3 %42,9 %39,7 %
Chypre2,4 %1,7 %12,0 %6,9 %26,7 %21,4 %29,1 %30,1 %29,8 %40,0 %
Lettonie7,1 %5,0 %18,1 %14,5 %25,0 %26,3 %20,7 %24,1 %29,2 %30,1 %
Lituanie4,4 %5,6 %16,9 %13,9 %21,4 %25,6 %18,2 %20,9 %39,1 %34,0 %
Luxembourg7,4 %8,7 %22,5 %17,3 %33,8 %32,2 %22,5 %27,4 %13,9 %14,4 %
Hongrie7,6 %6,1 %14,6 %14,9 %23,2 %19,4 %27,1 %29,2 %27,5 %30,3 %
Malte4,9 %3,8 %10,3 %12,9 %29,3 %24,8 %32,4 %33,4 %23,0 %25,1 %
Pays-Bas4,0 %3,1 %23,5 %16,3 %28,7 %32,7 %26,1 %26,9 %17,7 %21,0 %
Autriche11,0 %10,9 %29,7 %24,4 %33,3 %36,5 %16,5 %19,6 %9,4 %8,6 %
Pologne12,2 %12,1 %21,6 %23,7 %31,1 %30,2 %19,3 %24,3 %15,8 %9,6 %
Portugal2,2 %2,5 %8,2 %7,2 %17,6 %16,6 %25,4 %23,6 %46,7 %50,1 %
Roumanie4,4 %4,7 %11,9 %13,9 %17,0 %16,9 %22,6 %23,5 %44,2 %41,0 %
Slovénie4,0 %4,8 %13,0 %14,4 %24,6 %26,4 %23,5 %29,1 %34,9 %25,3 %
Slovaquie3,8 %8,1 %12,0 %15,4 %25,2 %24,9 %27,3 %30,0 %31,7 %21,6 %
Finlande9,2 %8,5 %22,8 %22,0 %32,0 %30,1 %29,8 %29,1 %6,2 %10,2 %
Suède6,0 %4,4 %17,4 %12,8 %26,7 %24,8 %29,3 %28,0 %20,6 %30,0 %
Royaume-Uni3,9 %3,9 %15,0 %11,0 %25,0 %26,6 %28,6 %27,9 %27,6 %30,6 %
EU-276,3 %6,0 %15,5 %15,3 %22,8 %22,9 %22,7 %24,7 %32,7 %31,1 %

Source: Eurostat, enquêtes sur la structure des exploitations agricoles de 2007 et de 2013.

Annexe III

Fonds de l’UE alloués aux jeunes agriculteurs (par État membre)

État membre

Période de programmation 2007-2013

(dépenses)

Période de programmation 2014-2020

(budget alloué)

Nombre de jeunes agriculteurs bénéficiant d’une aide au titre de la mesure 112 du second pilierMontant alloué à la mesure 112 (installation des jeunes agriculteurs) du second pilier (euros)Montant alloué à la mesure 6.1 (installation des jeunes agriculteurs) du second pilier (euros)Montant alloué au paiement direct en faveur des jeunes agriculteurs du premier pilier (euros)
Belgique2 15232 563 69546 833 60742 897 688
Bulgarie5 80892 325 53368 861 71918 576 263
Chypre3204 504 8957 000 0001 891 663
République tchèque1 36441 734 18624 750 0008 511 002
Danemark3 811 13044 088 268
Estonie84624 253 25318 164 0001 891 635
Finlande2 96641 510 60333 088 50026 189 410
France34 629631 741 559902 843 886362 156 470
Allemagne3252 254 554242 542 160
Grèce19 128246 270 288276 800 000187 750 920
Hongrie8 411219 299 316108 867 86116 127 358
Irlande8626 504 938121 258 400
Italie21 925335 322 041460 259 594190 086 580
Lettonie40711 168 7389 452 63515 515 660
Lituanie2 66877 645 85155 000 00031 296 288
Luxembourg2671 612 9732 209 2002 512 935
Malte3 225 000104 844
Pays-Bas72 480 060
Autriche9 37559 831 89846 704 42569 214 480
Pologne38 857570 569 560456 849 802170 675 060
Portugal8 595226 807 119194 263 17558 237 760
Roumanie12 770260 504 741400 355 600102 773 360
Slovaquie22 302 0007 796 253
Slovénie2 65241 500 64348 520 0009 516 155
Espagne17 603305 951 740542 330 984486 689 740
Suède1 79619 928 3296 564 39955 839 760
Royaume-Uni102883 50827 832 582250 504 493

Source: Cour des comptes européenne, sur la base des données fournies par la Commission.

Annexe IV

Logique d’intervention du premier pilier

Source: D’après le manuel technique sur le cadre de suivi et d’évaluation de la politique agricole commune pour 2014-2020 de la Commission européenne (Technical Handbook on the Monitoring and Evaluation Framework of the Common Agricultural Policy 2014-2020).

Annexe V

Options retenues pour la mise en œuvre du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier (par État membre)

État membre Pourcentage du plafond national annuel (2015) Critères d’éligibilité supplémentaires Paiement à l’agriculteur
concernant les qualifications concernant les formations éligibilité de tous les jeunes agriculteurs exerçant un contrôle sur des exploitations sociétaires Calculé sur la base de 25 % avec une limite maximale de (hectares/droits) Montant forfaitaire par exploitation
de la valeur moyenne des droits détenus par l’agriculteur d’un pourcentage fixe du régime de paiement de base du paiement unique à la surface du paiement national moyen par hectare
Belgique1,89NonOuiNonNon
Belgique (Flandre)NonOuiNonNonNonNonOui90Non
Belgique (Wallonie)OuiOuiNonNonNonNonOui90Non
Bulgarie0,47NonOuiNonNonNonOuiNon30Non
République tchèque0,20NonNonNonNonNonOuiNon90Non
Danemark2,00NonNonNonNonNonNonOui90Non
Allemagne1,00NonNonNonNonOuiNonNon90Non
Estonie0,30NonNonNonNonNonOuiNon39Non
Irlande2,00NonOuiOuiNonNonNonOui50Non
Grèce2,00NonNonNonOuiNonNonNon25Non
Espagne2,00OuiOuiOuiOuiNonNonNon90Non
France1,00OuiOuiNonNonNonNonOui34Non
Croatie2,00NonOuiOuiNonOuiNonNon25Non
Italie1,00NonNonNonOuiNonNonNon90Non
Chypre1,00NonNonNonNonNonNonOui90Non
Lettonie1,50NonNonNonNonNonOui90Non
Lituanie1,75NonNonNonNonNonNonOui90Non
Luxembourg1,50OuiOuiOuiNonNonNonNonOui
Hongrie0,20NonNonNonNonNonNonOui90Non
Malte0,40NonNonOuiNonNonNon90Non
Pays-Bas2,00NonNonNonNonNonOui90Non
Autriche2,00OuiNonNonNonNonNonOui40Non
Pologne1,00NonNonNonNonNonOui50
Portugal2,00OuiOuiNonNonOuiNonNon90Non
Roumanie1,79NonNonNonNonNonOuiNon60Non
Slovénie1,00NonNonNonNonNonNonOui90Non
Slovaquie0,55OuiOuiOuiNonNonNonOui28Non
Finlande1,00NonNonNonNonNonOui90Non
Suède2,00NonNonNonNonNonNonOui90Non
Royaume-Uni1,63OuiNonNonNon
Royaume-Uni (Angleterre)NonNonNonOuiNonNonNon90Non
Royaume-Uni
(Irlande du Nord)
NonOuiOuiNonNonNonOui90Non
Royaume-Uni (Écosse)NonNonNonOuiNonNonNon90Non
Royaume-Uni
(Pays de Galles)
NonNonNonNonOuiNonNon25Non

Réponses de la Commission

Synthèse

Réponse commune de la Commission aux points V et VI

L’objectif (premier pilier) consistant à apporter «un soutien au revenu pour les jeunes agriculteurs commençant à exercer leur activité agricole afin de faciliter leur installation et l’adaptation structurelle de leur exploitation une fois qu’ils sont établis» [considérant 47 du règlement (UE) nº 1307/2013] ne relève pas du seul régime en faveur des jeunes agriculteurs, car ce régime consiste en un paiement complémentaire au paiement de base que reçoivent les jeunes agriculteurs dans le cadre des paiements directs. Ce régime résulte d’une décision stratégique visant à accorder des paiements directs plus ciblés au titre du premier pilier afin de mieux répondre aux besoins spécifiques des jeunes agriculteurs. Comme cela est expliqué dans l’analyse d’impact [SEC(2011) 1153 final], le vieillissement de la population agricole est un problème qui, avant la réforme de la PAC post-2013, n’a été traité que par des régimes facultatifs (ensemble des mesures du second pilier soutenant les jeunes agriculteurs et possibilité d’attribuer des droits au paiement à partir de la réserve), qui n’ont pas été appliqués dans tous les États membres.

La création et le développement d’une nouvelle activité économique par de jeunes agriculteurs commençant à exercer leurs activités agricoles constituent un enjeu financier. Aussi l’attribution et le ciblage du soutien direct de la PAC aux jeunes agriculteurs ont-ils été renforcés avec la réforme de 2013.

Sur cette base, le paiement au titre du premier pilier vise à accorder aux jeunes agriculteurs nouvellement installés un meilleur soutien financier au revenu (par rapport aux autres agriculteurs) pendant une période maximale de cinq ans.

L’une des six priorités en matière de développement rural, dans le cadre de son «domaine prioritaire 2B», vise à faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations [article 5, paragraphe 2, point b), du règlement (UE) nº 1305/2013]. Outre l’aide spécifique à l’installation, qui fait partie des objets d’étude de cet audit les jeunes agriculteurs peuvent, au titre du second pilier, bénéficier d’une large gamme d’autres régimes de soutien. Par exemple, les mesures suivantes ont été programmées dans le domaine prioritaire susmentionné pour la période de programmation actuelle: transfert de connaissances et actions d’information (M1), services de conseil, services d’aide à la gestion agricole et services de remplacement sur l’exploitation (M2), investissements physiques (M4) et coopération (M16).

Les mesures du second pilier sont programmées par les États membres sur le fondement d’une analyse des besoins de leurs domaines de programmation respectifs.

Le second pilier facilite le processus d’installation des jeunes agriculteurs, tandis que le premier pilier prévoit l’octroi obligatoire d’un paiement aux jeunes agriculteurs déjà établis pour soutenir leur phase de début d’activité. La complémentarité voulue entre les deux piliers a été expliquée dans l’analyse d’impact: «Afin d’éviter le double financement et le chevauchement avec des mesures similaires dans le cadre du second pilier, le régime des jeunes agriculteurs devrait être conçu de manière à apporter un revenu supplémentaire et à réduire le coût du capital, ce qui le rendrait complémentaire du soutien au développement rural.»

V b)

Les jeunes agriculteurs nouvellement installés ont généralement des besoins en termes de soutien au revenu plus importants pendant les cinq premières années suivant leur installation.

Le premier pilier – paiements directs – vise à soutenir les revenus. Le paiement aux jeunes agriculteurs épouse donc la forme (paiement à l’hectare) et la logique annuelle du premier pilier et est un moyen de renforcer ce soutien au revenu pour une catégorie d’agriculteurs ayant des besoins supérieurs. En outre, les colégislateurs ont proposé aux États membres un certain nombre d’options pour le calcul de l’aide. Les États membres ont ainsi la possibilité de mieux s’adapter à leur situation particulière lors de la définition du niveau d’aide adéquat pour les jeunes agriculteurs, compte tenu de la situation nationale. Par exemple, un État membre a choisi d’appliquer le paiement en faveur des jeunes agriculteurs sous la forme d’un montant forfaitaire par exploitation.

En ce qui concerne le calendrier, l’aide accordée au titre du premier pilier est ciblée sur les cinq premières années après l’installation, période considérée comme la plus difficile sur le plan financier. L’aide à l’installation concerne uniquement les nouveaux venus sur le marché, et non les jeunes agriculteurs déjà bien établis dans le secteur.

V c)

Les indicateurs de résultats du cadre commun de suivi et d’évaluation (CCSE) sont en lien avec les objectifs spécifiques de la PAC, et non avec les objectifs de mesures individuelles telles que l’aide accordée aux jeunes agriculteurs au titre du premier pilier.

VI a)

Les mesures de développement rural sont programmées par les États membres en fonction de l’analyse des besoins dans les différents domaines de programmation.

L’objectif général consistant à encourager le renouvellement des générations n’est pas uniquement visé par la mesure concernant spécifiquement l’installation des jeunes agriculteurs (voir la réponse de la Commission au point V).

VI c)

Les critères de sélection doivent être appliqués à cette mesure au cours de la période de programmation en cours [article 49 du règlement (UE) nº 1305/2013].

Dans le cas où les dotations budgétaires initiales étaient épuisées au début de la période de programmation, les États membres avaient la possibilité de redistribuer les dotations financières entre les mesures à tout moment de la période de programmation. L’attribution de dotations budgétaires à des mesures spécifiques traduit également la nécessité d’assurer une couverture adéquate des différents besoins avec des ressources limitées.

VI d)

En ce qui concerne la mesure spécifique en faveur du développement rural consistant à soutenir l’installation de jeunes agriculteurs, l’indicateur de suivi qu’est le «nombre de jeunes agriculteurs établis» fournit des informations pertinentes pour évaluer la manière dont la mesure a facilité l’installation des jeunes agriculteurs. Des considérations plus générales sur la «viabilité des exploitations soutenues» et le «renouvellement des générations» doivent faire partie de l’évaluation. Pour ce qui est du «renouvellement des générations», son évaluation doit tenir compte des effets de plusieurs mesures, et non pas seulement de celle concernant l’aide à l’installation.

En outre, un indicateur ne permet jamais d’observer directement l’incidence d’une mesure. Cela doit être fait dans le cadre d’une évaluation. Dans le plan d’étude et d’évaluation de la DG AGRI, la Commission a annoncé le lancement d’une telle évaluation d’ici la fin 2017.

VII a)

La Commission accepte en partie cette recommandation.

Bien qu’elle se félicite de la recommandation, notamment en ce qui concerne les éléments dont il est clair qu’ils relèvent directement de ses responsabilités, la Commission n’est pas en mesure, à ce stade, de prendre des engagements précis en ce qui concerne les propositions législatives pour la période post-2020.

VII b)

Cette recommandation s’adresse aux États membres.

VII c)

La Commission accepte en partie cette recommandation.

Bien qu’elle se félicite de cette recommandation, notamment en ce qui concerne les éléments dont il est clair qu’ils relèvent directement de ses responsabilités, la Commission n’est pas en mesure, à ce stade, de prendre des engagements précis en ce qui concerne les propositions législatives pour la période post-2020.

Introduction

06

Le présent rapport traite de deux instruments qui soutiennent spécifiquement les jeunes agriculteurs (c’est-à-dire le paiement supplémentaire versé au titre du premier pilier et la mesure d’aide à l’installation au titre du second pilier). Les jeunes agriculteurs bénéficient toutefois également d’une large gamme d’autres instruments dans le cadre de la PAC:

  • au titre du premier pilier, les jeunes agriculteurs reçoivent essentiellement le paiement de base (qui constitue en fait une condition préalable à l’octroi du paiement en faveur des jeunes agriculteurs) et, en général, le paiement vert («paiement en faveur des pratiques agricoles bénéfiques pour le climat et l’environnement»). Ils peuvent également recevoir des paiements supplémentaires dans le cadre du «soutien couplé facultatif» s’ils sont admissibles à une mesure conçue par leur État membre, ainsi qu’un paiement pour leurs premiers hectares dans le cadre du «paiement redistributif» (si leurs États membres le mettent en œuvre). Dans les faits, le paiement destiné aux jeunes agriculteurs n’est qu’un «supplément» afin de renforcer le soutien au revenu pour cette catégorie d’agriculteurs. Sur la base du montant total des paiements directs reçus par les bénéficiaires du paiement en faveur des jeunes agriculteurs en 2015, la Commission estime que, pour la période 2015-2020, ces bénéficiaires recevront un total d’environ 15 milliards d’euros sous la forme de paiements directs. Les données sur la mise en œuvre en 2015 indiquent que, dans la moitié des États membres, les bénéficiaires du paiement en faveur des jeunes agriculteurs ont reçu en moyenne plus de 10 000 euros en paiements directs;
  • au titre du second pilier, outre l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs, d’autres mesures ont été partiellement programmées dans le but de faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations. Ces mesures comprennent le «transfert de connaissances et actions d’information» et les «services de conseil, services d’aide à la gestion agricole et services de remplacement sur l’exploitation», ainsi que les «investissements physiques» et la «coopération». Au total, pour la période 2014-2020, environ 6,7 milliards d’euros sont programmés au titre de l’objectif susmentionné (dont 80 % correspondent spécifiquement à la mesure d’installation).

D’autres formes de soutien au développement rural telles que les mesures axées sur les infrastructures, le développement du haut débit et l’amélioration des services dans les zones rurales peuvent être considérées comme ayant un effet indirect sur le renouvellement des générations.

09

Voir la réponse de la Commission au point 6.

10

Il est important de souligner que:

  • l’«objectif politique spécifique» du régime des jeunes agriculteurs (premier pilier) est d’apporter «un soutien au revenu pour les jeunes agriculteurs commençant à exercer leur activité agricole afin de faciliter leur installation et l’adaptation structurelle de leur exploitation une fois qu’ils sont établis» Voir le considérant 47 du règlement (UE) nº 1307/2013.
  • Développement rural: comme indiqué à l’article 5, paragraphe 2, point b), du règlement (UE) nº 1305/2013, le domaine prioritaire 2B vise à «faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations».

Observations

17

Bien que les règles régissant les premier et second piliers soient établies au niveau de l’Union, leur mise en œuvre est gérée directement par les États membres en vertu du principe connu sous le nom de «gestion partagée».

Cela signifie que les autorités nationales sont responsables de la gestion et du contrôle des paiements directs versés aux agriculteurs de leur État membre au titre du premier pilier. Chaque État membre dispose également d’un certain degré de flexibilité concernant la manière dont ces paiements sont accordés afin de tenir compte des conditions agricoles nationales, qui peuvent grandement différer au sein de l’Union européenne.

Dans le cadre du second pilier, le rôle de la Commission dans le processus de mise en œuvre des programmes de soutien au développement rural (DR) est limité par le fait qu’il incombe aux autorités de gestion d’établir les modalités pour garantir la mise en œuvre efficace, efficiente et coordonnée des Fonds structurels et d’investissement européens (Fonds ESI) [article 27 du règlement (UE) nº 1303/2013].

19

Le paiement supplémentaire versé aux jeunes agriculteurs renforce le soutien au revenu destiné à cette catégorie d’agriculteurs pendant une période où il est estimé qu’ils ont des besoins supérieurs.

En même temps, ce paiement supplémentaire faisant partie du système des paiements directs, il obéit aux mêmes règles: standardisée, l’aide est découplée de la production et fournie annuellement par hectare à tous les agriculteurs remplissant les conditions d’admissibilité et introduisant une demande d’aide.

Étant donné le nombre élevé de bénéficiaires de paiements directs (près de sept millions d’agriculteurs), toute évaluation approfondie des besoins des demandeurs serait complexe et, vu la législation sur la protection des données, risque de se révéler impossible.

Dans le cadre du second pilier, le cadre juridique du soutien en faveur du développement rural [article 8 du règlement (UE) nº 1305/2013 sur les programmes de développement rural] oblige clairement les États membres à programmer des mesures de développement rural fondées sur l’analyse des besoins dans les différents domaines de programmation.

20

Le soutien direct au revenu n’est en effet pas prescriptif quant à la manière dont les agriculteurs doivent utiliser les fonds et ne précise pas quels coûts spécifiques doivent être couverts par ce paiement. Il appartient à l’agriculteur d’évaluer quel est le meilleur usage qu’il peut en faire au cours de sa phase d’installation.

La valeur ajoutée consiste donc à assurer un soutien accru aux jeunes agriculteurs nouvellement installés et à assurer ce soutien de manière cohérente dans toute l’Union européenne, car le régime est obligatoire pour les États membres.

22

Certains choix relatifs à la mise en œuvre ont été laissés aux États membres étant donné que ceux-ci sont les mieux placés pour estimer le nombre de nouveaux agriculteurs qui s’installent au cours d’une année donnée, ainsi que la taille potentielle de leurs exploitations, et les besoins correspondants en vue d’accorder les paiements en faveur des jeunes agriculteurs à l’aide de la plus grosse enveloppe possible. Compte tenu de ce haut niveau de subsidiarité et selon le principe de la gestion partagée, il est attendu des États membres qu’ils fassent ces choix conformément à l’objectif stratégique du régime et à leurs spécificités nationales.

23

Le cadre juridique du soutien en faveur du développement rural [article 8 du règlement (UE) nº 1305/2013 sur les programmes de développement rural] oblige clairement les États membres à programmer des mesures de développement rural en se fondant sur l’analyse des besoins dans les différents domaines de programmation.

24

Voir les réponses de la Commission aux points 19 et 20 ci-dessus.

24 a)

La Commission estime que le paiement versé aux jeunes agriculteurs, ainsi que les autres paiements directs qu’ils reçoivent, peuvent contribuer à améliorer leur accès à la terre: ce paiement n’est pas assigné à un type particulier de dépenses et l’agriculteur peut décider de l’utiliser pour louer ou acheter de nouvelles terres.

De plus, le paiement versé aux jeunes agriculteurs, combiné avec la possibilité qu’ils ont d’augmenter la valeur de leurs droits au paiement pour atteindre la moyenne régionale ou nationale grâce à la réserve, incitent les parents agriculteurs à céder leurs exploitations à la plus jeune génération. Ces cessions au sein des familles sont un moyen très courant d’accéder à la terre chez les agriculteurs européens.

24 b)

Le soutien accru au revenu que reçoivent les jeunes agriculteurs nouvellement installés dans le cadre des paiements directs alimente leur capital. Ce soutien peut donc être utilisé directement pour gérer l’exploitation, ou bien pour faciliter l’accès au crédit (en augmentant la part de l’apport en capitaux propres dans un projet d’investissement).

24 c)

Conformément au principe de subsidiarité, les conditions d’admissibilité supplémentaires relatives aux compétences et à la formation des jeunes agriculteurs sont à la discrétion des États membres, dont il est attendu qu’ils utilisent cette subsidiarité pour définir les exigences qu’ils jugent pertinentes compte tenu de leurs caractéristiques nationales.

25 b)

Les jeunes agriculteurs ont la possibilité de combiner l’aide à l’installation avec les aides à l’investissement, pour lesquelles ils peuvent bénéficier de taux d’aide plus élevés.

25 c)

Les jeunes agriculteurs ont la possibilité de combiner l’aide à l’installation avec diverses formes d’aide ciblant l’acquisition de compétences (par exemple, la formation, les échanges agricoles, les services de conseil, etc.).

Les conseils spécifiques pour les agriculteurs qui s’installent pour la première fois font partie du champ des services de conseil financés dans le cadre du développement rural [article 15, paragraphe 4, point g), du règlement (UE) nº 1305/2013].

26

Voir la réponse de la Commission au point 10.

27

Les logiques d’intervention sont par définition des descriptions simplifiées et schématisées de la manière dont une intervention stratégique est censée fonctionner. Le renouvellement des générations est une étape intermédiaire pour contribuer à l’amélioration de la compétitivité agricole et du revenu agricole, en vue de laquelle le CCSE a défini des indicateurs appropriés.

28 a)

La population cible du paiement en faveur des jeunes agriculteurs au titre du premier pilier est définie dans l’intention même d’atteindre un nombre maximal d’agriculteurs âgés de 40 ans au plus qui s’installent pour la première fois en tant que chefs d’exploitation, sans limitation à des secteurs ou à des domaines.

Réponse commune de la Commission aux points 28 b) et 28 c)

La Commission estime que la définition préalable d’un pourcentage que les paiements en faveur des jeunes agriculteurs devraient représenter dans les revenus des jeunes agriculteurs n’est pas appropriée. En effet, le chiffre du revenu par unité de travail annuel (UTA) est fonction des tendances structurelles des revenus dans chaque secteur ainsi que du facteur travail.

28 d)

Voir les réponses de la Commission aux points 19, 20 et 24 a), en particulier le fait qu’il existe également un effet attendu sur la cession des exploitations et la décision de s’installer.

30

Au cours de la période de programmation actuelle, la mesure du second pilier en faveur de l’installation des jeunes agriculteurs est programmée (avec d’autres) dans l’objectif de faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations (domaine prioritaire 2B).

Réponse commune de la Commission aux points 30 b) et 30 c)

L’indicateur cible représente une approximation raisonnable de l’objectif spécifique du domaine prioritaire pour lequel il est défini: «faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations».

30 d)

Le lien entre l’aide à l’installation en faveur du développement rural et les besoins auxquels il est répondu doit être décrit dans le plan d’entreprise.

Réponse commune de la Commission aux points 31 a), 31 b), 31 c) et 31 d)

Il appartient aux États membres d’assurer la coordination avec les mesures nationales de soutien. La Commission n’est pas habilitée à superviser toutes les mesures nationales de soutien et à assurer cette coordination.

32

Il appartient aux États membres d’assurer la coordination avec les mesures nationales de soutien.

C’est également pour cette raison que, dans le cadre du premier pilier, le niveau exact de soutien et le seuil d’hectares sont laissés à l’appréciation des États membres (dans certaines limites établies par la réglementation de l’Union pour assurer une cohérence).

En France, par exemple, au niveau national, il existe un service spécifique du ministère de l’agriculture (le Bureau de financement des entreprises) qui se consacre exclusivement à la conception d’aides à l’installation pour les jeunes agriculteurs et qui coordonne toutes les mesures nationales et européennes.

33

Il existe une complémentarité intégrée des interventions car l’aide apportée au titre des deux piliers poursuit différents objectifs: le paiement en faveur des jeunes agriculteurs fournit, pendant une période maximale de cinq ans, un revenu supplémentaire qui est complémentaire de l’aide unique au démarrage en faveur du développement rural, fondée sur un plan d’entreprise.

Il appartient aux États membres d’assurer cette coordination par des mesures nationales de soutien. Au niveau de la politique de l’Union, l’élaboration d’une telle coordination existe (voir la réponse de la Commission au point V).

38 a)

En ce qui concerne le premier pilier, voir la réponse de la Commission au point 24 c).

Dans le cadre du développement rural, le ciblage de l’aide à l’installation de jeunes agriculteurs est visé par l’application de critères de sélection [article 49 du règlement (UE) nº 1305/2013].

38 b)

L’application de procédures de sélection est une obligation des États membres dans le cadre du second pilier [article 49 du règlement (UE) nº 1305/2013].

38 d)

Les paiements directs suivent une logique annuelle: toutes les conditions d’admissibilité doivent être remplies chaque année et tous les paiements être effectués annuellement. L’aide est limitée à une durée maximale de cinq ans.

Pour le développement rural, l’aide est apportée pendant une période maximale de cinq ans.

40

Voir la réponse de la Commission au point 19.

42

Voir la réponse de la Commission au point 24 c).

42 b)

Dans le cadre au premier pilier, les États membres ont la possibilité de renforcer le soutien au revenu dans les zones soumises à des contraintes naturelles – option retenue à ce jour par deux États membres seulement (DK, SI). Les paiements directs doivent être considérés comme un ensemble (et non le paiement aux jeunes agriculteurs pris isolément), car c’est la combinaison des différentes strates d’aide qui fait varier le soutien au revenu en fonction des besoins définis.

42 c)

Le ciblage suggéré impliquerait que le soutien au revenu soit apporté à partir d’une sélection des projets, ce qui n’est pas le type d’instrument privilégié jusqu’à présent. Sachant qu’il existe environ sept millions de bénéficiaires de paiements directs, la question de savoir si la gestion de la sélection des projets sur le fondement de tels critères est réalisable (ne serait-ce que pour les bénéficiaires du paiement supplémentaire) demeure incertaine.

Encadré 2 – Exemples d’exploitations n’ayant pas besoin du paiement supplémentaire au titre du premier pilier pour être viables Espagne (Andalousie)

Il convient de noter que ces deux bénéficiaires font figure d’exception dans la communauté agricole. Seul 1 % des exploitations en Espagne ont un revenu proche de 400 000 euros ou supérieur à 400 000 euros [en valeur ajoutée nette d’exploitation (VANE)], cet indicateur restant plutôt stable au fil du temps. Cette observation se vérifie également lorsqu’on étudie uniquement les exploitations d’Andalousie. Seul 0,5 % de l’ensemble des exploitations de cette région ont un revenu situé entre 500 000 euros et 750 000 euros (données de 2010).

43

Les cas de versement d’un paiement dans lesquels les jeunes agriculteurs jouent un rôle mineur sont considérés comme non conformes à la réglementation par la Commission. La notion de contrôle conjoint a été introduite par les législateurs pour tenir compte du fait que les jeunes agriculteurs commencent souvent par travailler avec des agriculteurs qui ne sont pas jeunes.

Dans l’Union européenne, il existe de nombreuses exploitations constituées d’agriculteurs jeunes et non jeunes associés, et c’est la raison pour laquelle les règles prévoient que le paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs n’est accordé que lorsque les jeunes agriculteurs exercent au moins un «contrôle conjoint». Lorsque les jeunes agriculteurs jouent un rôle mineur dans ces exploitations, ils ne sont simplement pas admissibles au paiement en faveur des jeunes agriculteurs car ils n’exercent pas de contrôle effectif.

La Commission a fourni aux États membres (et à la Cour des comptes européenne) une interprétation sous forme de lettres1 et d’explications lors d’un atelier d’experts2 sur la notion de contrôle commun lorsque les jeunes agriculteurs sont des personnes morales.

Pour exercer un contrôle efficace et sur le long terme, un jeune agriculteur doit respecter trois conditions cumulatives: posséder une part du capital, pouvoir participer au processus décisionnel concernant la direction (y compris financière) de la personne morale et avoir les moyens d’exercer la gestion quotidienne de la personne morale.

Les États membres doivent mettre en œuvre la notion de contrôle efficace et à long terme en tenant compte à la fois de leur législation nationale sur les sociétés et des circonstances particulières de chaque cas (statuts, etc.).

Cette interprétation est intégrée dans les procédures d’audit pertinentes de la DG AGRI.

La définition de l’agriculteur et la disposition relative au statut d’agriculteur actif sont applicables au niveau du bénéficiaire (c’est-à-dire de la personne morale).

Encadré 3 – Exemple d’exploitation bénéficiant du paiement en faveur des jeunes agriculteurs alors même que le jeune n’y joue qu’un rôle mineur Italie (Émilie-Romagne)

La Commission ne conteste pas que la Cour ait été témoin d’un tel cas. De tels cas sont néanmoins révélateurs de problèmes de mauvaise mise en œuvre (contrôles compris) malgré l’interprétation fournie sur la notion de contrôle conjoint.

En ce qui concerne la proportionnalité, il est rappelé que le cadre juridique ne prévoit pas que le paiement soit proportionnel au rôle du jeune agriculteur, mais le jeune doit contrôler (seul ou conjointement) la personne morale.

La définition de l’agriculteur et la disposition relative au statut d’agriculteur actif sont applicables au niveau du bénéficiaire (c’est-à-dire de la personne morale).

La Commission ne conteste pas que la Cour ait été témoin d’un tel cas. De tels cas sont néanmoins révélateurs de problèmes de mauvaise mise en œuvre (contrôles compris) malgré l’interprétation fournie sur la notion de contrôle conjoint. Être actionnaire n’est pas une condition suffisante pour créer un contrôle conjoint (voir la réponse de la Commission au point 43).

46

Lorsqu’un paiement est versé à des agriculteurs qui ne participent pas à la gestion quotidienne de l’exploitation, la définition d’un jeune agriculteur énoncée à l’article 50, paragraphe 2, du règlement (UE) nº 1307/2013 n’est pas respectée. Le paiement en faveur des jeunes agriculteurs n’est accessible qu’aux agriculteurs d’un jeune âge qui sont établis en tant que chefs d’exploitation. Les non-conformités détectées par la Commission doivent être examinées dans le cadre de l’apurement des comptes.

En ce qui concerne le droit légal d’usage des terres, il convient de noter ce qui suit: compte tenu de la jurisprudence (C-61/09, C-375/08), les États membres ne peuvent pas exiger un titre légal très précis concernant un terrain. Le règlement (UE) nº 1307/2013 prévoit que les terres doivent être à la «disposition» de l’agriculteur à une date fixée par l’État membre (liée à la dernière date d’introduction de la demande de paiements directs) et cette mise à disposition peut reposer sur tout type de contrat (par exemple, certains droits civils nationaux prévoient également un contrat oral), qu’il s’agisse d’un contrat de bail, de vente ou de toute autre nature juridique.

En cas de doute, les États membres ont pleinement le droit d’exiger des agriculteurs davantage d’informations concernant leur titre légal d’usage du terrain.

48

Ces ratios ne reflètent que le supplément en faveur des jeunes agriculteurs, et non le soutien réel au revenu fourni aux jeunes agriculteurs nouvellement installés, accordé au titre du premier pilier (voir la réponse de la Commission au point 6).

49

Cette observation prouve que les montants versés jouent leur rôle de soutien au revenu en couvrant les dépenses inévitables, notamment en finançant les dépenses courantes et en suppléant aux pertes de recettes sur le marché.

50

La décision relative à la méthode de calcul du supplément versé aux jeunes agriculteurs est laissée à la discrétion des États membres, qui peuvent lier le montant du supplément au paiement moyen par hectare ou au paiement de base, ou bien accorder une somme forfaitaire par agriculteur. Deux pays, IT et ES, ont décidé de faire dépendre le supplément de la valeur moyenne des droits détenus.

Il est toutefois important de préciser que:

  • les jeunes agriculteurs qui n’ont aucun droit sont une catégorie prioritaire pour l’attribution des droits au paiement à partir de la réserve nationale et, dans ce cas, ils reçoivent des droits au paiement à leur valeur moyenne nationale ou régionale.
  • les jeunes agriculteurs dont les droits sont inférieurs à la moyenne nationale ou régionale ont droit à une augmentation de la valeur de leurs droits au paiement à partir de la réserve.

Par conséquent, grâce à la réserve de droits au paiement, les jeunes agriculteurs qui n’héritent pas ou qui n’obtiennent pas de droits de grande valeur précédemment détenus par d’autres agriculteurs sont généralement moins pénalisés.

51

Si l’aide est limitée aux cinq premières années suivant l’installation initiale du jeune agriculteur, cette période de cinq ans doit être réduite du nombre d’années écoulées entre l’installation et la première demande visant à bénéficier du régime. La durée totale et le calendrier de l’aide dépendent donc à la fois du moment de l’installation et de celui de la demande.

Voir en outre la réponse de la Commission au point 19.

54

Il convient de noter que l’Andalousie a réintroduit le critère de sélection par lequel les demandeurs qui s’installent à la suite d’un départ en retraite anticipée reçoivent plus de points à partir du 7 avril 2017.

56

Dans les Pouilles, le seuil de sélection des projets au titre du second pilier n’était pas particulièrement bas (30 %). Quatre appels à propositions ont été lancés au total (trois entre fin 2009 et début 2011, et un à la mi-2015) et, lors de chaque appel, certains projets ont été refusés parce qu’ils n’atteignaient pas le seuil minimal de points.

Afin d’éviter d’exclure des bénéficiaires ayant dépassé l’âge maximal admissible entre deux appels, les services de la Commission, à titre consultatif, ont recommandé ce qui suit à toutes les autorités de gestion: a) distribuer de manière plus homogène les ressources disponibles en 2014-2020; b) lancer plusieurs appels tout au long de la période de programmation; c) définir des critères de sélection suffisamment ambitieux pour cibler les meilleurs bénéficiaires en termes de qualité et de besoins.

57

En sa qualité de membre du comité de suivi, la Commission a informé plusieurs fois l’autorité de gestion qu’un seuil minimal d’un point était bien trop bas. Il a également été indiqué que, lorsque le demandeur n’atteint pas deux points, le montant de l’aide devrait être réduit de 10 %. Dans la dernière modification des critères de sélection, en vigueur depuis le 7 avril 2017, le seuil minimal a changé pour passer à 6 points (pour un maximum de 29 points, ce qui correspond à un seuil de 20 %) avec une réduction de 10 % de l’aide si le total est inférieur à 7 points.

61

La Commission estime que les dispositions légales en vigueur [article 5, paragraphe 1, point a), du règlement délégué de la Commission (UE) nº 807/2014] permettent aux États membres de demander, entre autres éléments, des informations sur le revenu initial estimé de l’exploitation, qui doit être inclus dans le plan d’entreprise.

Outre la préparation du plan d’entreprise, la mesure d’aide à l’installation favorise la viabilité économique des exploitations soutenues par d’autres moyens:

  • l’aide n’est apportée qu’aux jeunes agriculteurs qui possèdent «des connaissances et des compétences professionnelles suffisantes»;
  • l’aide est subordonnée à la mise en œuvre d’un plan d’entreprise;
  • l’aide n’est fournie qu’aux exploitations d’une taille économique minimale (à définir par les États membres).

En outre, les jeunes agriculteurs peuvent bénéficier d’un certain nombre de mesures de développement rural favorisant la viabilité économique.

Encadré 4 – Peu d’éléments probants attestent une amélioration de la viabilité Espagne

Voir la réponse de la Commission au point 61 sur les plans d’entreprise.

Les conditions indiquées font partie de la définition d’une exploitation prioritaire selon la loi espagnole. Au cours de la période de programmation 2007-2013, l’une des possibilités était de créer une exploitation prioritaire (telle que définie dans le cadre national) et la subvention était plus élevée dans ce cas. À partir de 2011, l’installation en tant qu’exploitation prioritaire a également été un critère de sélection. Une partie de la sélection se faisait donc en tenant compte de cette condition. Le contrôle relève toujours de la responsabilité des autorités régionales. Pour les vérifications concernant le statut prioritaire des exploitations, des mesures correctives ont été prises récemment (à la suite d’un audit effectué par la DG AGRI en 2015).

Le plan d’entreprise est établi dans le but de développer des activités agricoles en s’appuyant sur l’investissement, des formations, des conseils, etc. L’incidence du renouvellement des générations doit être une meilleure structuration et la modernisation des exploitations, c’est-à-dire leur viabilité.

65

Bien que le niveau de l’aide puisse varier en fonction du niveau d’ambition du plan d’entreprise, comme cela a été précisé aux États membres par la Commission au sein du comité pour le développement rural le 18 mars 2015, l’aide ne peut pas être liée à la réalisation d’investissements précis prévus dans le plan d’entreprise.

66

La démarche de la Pologne a suivi une logique de simplification de la mise à disposition de l’aide.

69 c)

La Commission a également pour responsabilité de rendre compte des résultats de la PAC dans son ensemble.

70

Le CCSE définit une série d’indicateurs que doivent fournir les États membres pour mesurer les résultats de la PAC par rapport aux objectifs énoncés à l’article 110 du règlement (UE) nº 1306/2013, et non par mesure individuelle.

71

Comme souvent, plusieurs mesures contribuent aux mêmes objectifs, l’efficacité et l’efficience des mesures doivent faire l’objet d’une évaluation, et non être directement observées au moyen d’indicateurs de résultat ou d’impact. C’est la raison pour laquelle les indicateurs sont liés à des objectifs spécifiques (indicateurs de résultat) et à des objectifs généraux (indicateurs d’incidence).

71 b)

La Commission estime que l’indicateur cible représente une approximation raisonnable de l’objectif spécifique du domaine prioritaire pour lequel il est défini: «faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations».

Un équilibre raisonnable doit être établi en ce qui concerne la définition des indicateurs de suivi et leur rapport coût-efficacité ainsi que la disponibilité des données.

L’analyse des résultats généraux des mesures soutenues (par exemple la viabilité des exploitations, le renouvellement des générations, la création d’emplois, l’augmentation du niveau d’études et d’innovation des jeunes agriculteurs, etc.) doit être placée dans le contexte de l’évaluation, pour laquelle les indicateurs du CCSE n’ont qu’une fonction de soutien.

71 c)

Les procédures de sélection des exploitations pour la participation au réseau d’information comptable agricole (RICA) ne sauraient être de nature à garantir la représentativité de toutes les mesures possibles de la PAC, mais elles fournissent des données utiles sur d’autres critères tels que l’âge de l’agriculteur et l’aide reçue.

74

La Commission prévoit de terminer l’examen des évaluations ex-post des programmes de développement rural et en communiquera les résultats aux États membres. Fin 2017, elle fournira également une synthèse de ses principales conclusions sur l’ensemble des évaluations.

74 Réponse au troisième tiret

La Commission prévoit de terminer l’examen des évaluations ex-post des programmes de développement rural d’ici la fin du mois de mai 2017.

74 Réponse au quatrième tiret

La Commission prévoit de terminer l’examen des évaluations ex-post des programmes de développement rural d’ici la fin du mois de mai 2017.

77

Voir les réponses de la Commission au point 24 a) et au point 61.

79

Faciliter l’accès des jeunes agriculteurs au crédit dans les banques commerciales n’est pas un objectif explicite du soutien de l’Union européenne aux jeunes agriculteurs, mais en renforçant la situation financière des bénéficiaires, elle améliore leur accès au financement. Ces dernières années, la Commission a néanmoins considérablement favorisé et facilité l’utilisation des instruments financiers dans le développement rural, notamment par les jeunes agriculteurs.

82

La Commission convient qu’il est difficile d’établir une relation entre les mesures prises en faveur des jeunes agriculteurs, leur viabilité et le nombre de ces agriculteurs. Cela ne saurait se faire en se contentant d’étudier une série d’indicateurs: cela nécessite une analyse approfondie dans le cadre d’une évaluation. La Commission a l’intention de lancer une évaluation sur le renouvellement des générations à la fin de l’année 2017; il convient également de noter que l’aide fournie au titre du premier pilier n’a été introduite qu’en 2015.

L’aide fournie aux jeunes agriculteurs au titre du second pilier contribue de plusieurs façons à la viabilité économique de leurs exploitations. Voir la réponse de la Commission au point 61.

83 b)

La Commission estime que l’indicateur cible représente une approximation raisonnable de l’objectif spécifique du domaine prioritaire pour lequel il est défini: «faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations».

Comme souvent, plusieurs mesures contribuent aux mêmes objectifs, l’efficacité et l’efficience des mesures doivent être faire l’objet d’une évaluation, et non être directement observées au moyen d’indicateurs de résultat ou d’impact. C’est la raison pour laquelle les indicateurs sont liés à des objectifs spécifiques (indicateurs de résultat) et à des objectifs généraux (indicateurs d’impact).

Un équilibre raisonnable doit être établi en ce qui concerne la définition des indicateurs de suivi et leur rapport coût-efficacité ainsi que la disponibilité des données.

L’analyse des résultats généraux des mesures soutenues (par exemple la viabilité des exploitations, le renouvellement des générations, la création d’emplois, l’augmentation du niveau d’études et d’innovation des jeunes agriculteurs, etc.) doit être placée dans le contexte de l’évaluation, pour laquelle les indicateurs du CCSE n’ont qu’une fonction de soutien.

(voir les réponses de la Commission aux points 70 à 82).

Conclusions et recommandations

85

Les jeunes agriculteurs peuvent bénéficier d’une large gamme d’autres instruments dans le cadre de la PAC (voir la réponse de la Commission au point 6). Le soutien global aux jeunes agriculteurs au titre du premier pilier est constitué du paiement supplémentaire et des montants des différents niveaux d’aide au titre du premier pilier. C’est cette combinaison de différentes strates qui fait que le soutien au revenu varie en fonction de certains besoins et conformément aux choix de mise en œuvre faits par les États membres.

87

La création et le développement d’une nouvelle activité économique par de jeunes agriculteurs commençant à exercer leurs activités agricoles constituent un enjeu financier.

Dans le cadre des paiements directs, le paiement versé aux jeunes agriculteurs vise à accorder à ces agriculteurs nouvellement installés un soutien renforcé au revenu (par rapport aux autres agriculteurs) sous la forme d’un «supplément» au paiement de base. Voir les réponses de la Commission aux points V, 6, 17, 19 et 20.

Dans le cadre du développement rural, les résultats attendus doivent être définis et quantifiés par les États membres au moyen d’indicateurs cibles. L’objectif de l’aide est défini, notamment à l’article 5, paragraphe 2, point b), du règlement (UE) nº 1305/2013, comme étant de «faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations». L’analyse de l’incidence de l’aide relève de l’évaluation.

88 a)

Bien que le renouvellement des générations soit une priorité politique et que des efforts importants soient déployés à cet effet, en tant que tel, ce n’est pas un objectif général autonome de la PAC dans la logique d’intervention en place.

Les types d’aide prévus par le premier pilier et le second pilier sont complémentaires par leur conception et n’ont pas besoin d’être fortement coordonnés par les États membres, d’autant plus qu’ils peuvent être cumulatifs.

Voir également les réponses de la Commission au point V et aux points 19 à 33.

88 b)

Le paiement versé aux jeunes agriculteurs est un supplément au paiement de base versé aux jeunes agriculteurs nouvellement installés et est fourni dans le cadre du système global des paiements découplés directs à la surface.

Voir aussi les réponses de la Commission aux points 39 à 51 et au point 85.

88 c)

Pour le développement rural, il existe également une coordination entre l’aide à l’installation et d’autres mesures de développement rural (au-delà des investissements), tels que le transfert de connaissances et les services de conseil.

Recommandation nº 1 – Revoir la logique d’intervention en améliorant l’évaluation des besoins et en définissant des objectifs spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et datés (SMART)

La Commission accepte en partie cette recommandation.

Bien qu’elle se félicite de la recommandation, notamment en ce qui concerne les éléments dont il est clair qu’ils relèvent directement de ses responsabilités, la Commission n’est pas en mesure, à ce stade, de prendre des engagements précis en ce qui concerne les propositions législatives pour la période post-2020.

La Commission analysera et prendra en considération les éventuels instruments stratégiques pertinents pour l’aide aux jeunes agriculteurs ainsi que leur logique d’intervention dans le cadre de la préparation des futures propositions législatives.

La Commission continuera à mener des études et des enquêtes pertinentes au niveau de l’Union sur la question de savoir à quels besoins les instruments stratégiques de l’Union peuvent répondre, et elle continuera à favoriser les bonnes pratiques grâce à des activités de mise en réseau.

La Commission réfléchira également à la définition d’objectifs SMART en ce qui concerne toute aide éventuelle future de l’Union aux jeunes agriculteurs ainsi qu’à la définition d’un cadre d’exécution approprié.

Cependant, en raison de la diversité des conditions et des réalités territoriales dans l’ensemble de l’Union, la Commission ne saurait remplacer les États membres pour ce qui est de l’analyse détaillée des besoins spécifiques des jeunes agriculteurs, du choix et de l’articulation de l’utilisation des instruments disponibles au niveau national ou au niveau de l’Union et de la quantification des résultats attendus de l’aide fournie.

89 a)

Voir aussi les réponses de la Commission au point 19, au point 24 c) et aux points 43 à 45.

En ce qui concerne le contrôle conjoint, les non-conformités dans le mode de mise en œuvre de la législation de l’Union par les États membres risquent en effet de se solder par l’octroi d’aides à des exploitations dans lesquelles les jeunes agriculteurs n’ont qu’un rôle mineur en termes de pouvoir décisionnel. La Commission a fourni aux États membres des orientations sur la mise en œuvre de la notion de contrôle efficace et à long terme et a intégré cet aspect dans la procédure d’apurement des comptes.

89 b)

Jouant leur rôle consultatif, les services de la Commission ont recommandé ce qui suit à toutes les autorités de gestion: a) distribuer de manière plus homogène les ressources disponibles en 2014-2020; b) lancer plusieurs appels tout au long de la période de programmation; c) définir des critères de sélection suffisamment ambitieux pour cibler les meilleurs bénéficiaires en termes de qualité et de besoins.

Recommandation nº 2 – Améliorer le ciblage des mesures

Cette recommandation s’adresser aux États membres.

En ce qui concerne le premier pilier, la Commission prend note de la nécessité de disposer de critères plus clairs dans le cas du contrôle conjoint des exploitations sociétaires, mais souligne ce qui suit:

  • l’évaluation du rôle des jeunes agriculteurs dans les personnes morales est liée à des aspects importants au niveau national, en particulier au droit national des sociétés, qui varie considérablement au sein de l’Union;
  • les jeunes agriculteurs travaillent souvent en prenant progressivement le contrôle d’exploitations conjointes avec des agriculteurs plus âgés;
  • et la diversification des exploitations agricoles est un aspect important de la PAC.

En ce qui concerne le second pilier, la Commission est d’avis que les différents éléments de cette recommandation (l’application de critères de sélection clairs – y compris en cas d’installation conjointe –, l’application de seuils minimaux et l’exigence de plans d’entreprise) relèvent déjà du champ d’application du cadre juridique actuel. Jouant son rôle consultatif, La Commission continuera d’encourager les États membres à améliorer la qualité du plan d’entreprise requis et, plus généralement, le processus de sélection.

90 a)

Le CCSE définit une série d’indicateurs que doivent fournir les États membres pour mesurer les résultats de la PAC par objectifs, tels qu’ils sont énoncés à l’article 110 du règlement (UE) nº 1306/2013, et non par mesure individuelle.

Voir aussi les réponses de la Commission aux points 70-71.

90 b)

La Commission estime que l’indicateur cible représente une approximation raisonnable de l’objectif spécifique du domaine prioritaire pour lequel il est défini: «faciliter l’entrée d’exploitants agricoles suffisamment qualifiés dans le secteur de l’agriculture, et en particulier le renouvellement des générations». Comme souvent, plusieurs mesures contribuent aux mêmes objectifs, l’efficacité et l’efficience des mesures doivent faire l’objet d’une évaluation, et non être directement observées au moyen d’indicateurs de résultat ou d’impact.

L’analyse des résultats généraux des mesures soutenues (par exemple la viabilité des exploitations, le renouvellement des générations, la création d’emplois, l’augmentation du niveau d’études et d’innovation des jeunes agriculteurs, etc.) doit être placée dans le contexte d’une évaluation, pour laquelle les indicateurs définis dans le CCSE ne sont qu’un élément.

Un équilibre raisonnable doit être établi en ce qui concerne la définition des indicateurs de suivi et leur rapport coût-efficacité ainsi que la disponibilité des données.

Voir les réponses de la Commission aux points 70 à 83.

Recommandation nº 3 – Améliorer le système de suivi et d’évaluation

La Commission accepte en partie cette recommandation.

Bien qu’elle se félicite de la recommandation, notamment en ce qui concerne les éléments dont il est clair qu’ils relèvent directement de ses responsabilités, la Commission n’est pas en mesure, à ce stade, de prendre des engagements précis en ce qui concerne les propositions législatives pour la période post-2020.

Des réponses précises peuvent néanmoins être apportées:

  • premier point: si la Commission est fermement résolue à améliorer le cadre de performance de la PAC après 2020, la manière concrète de réaliser cette amélioration dépendra du nouveau cadre politique général. Un tel système de suivi et d’évaluation doit par ailleurs être proportionné et présenter un bon rapport coût-résultats. Dans ce contexte, il faudra inévitablement trouver un équilibre entre l’étendue et l’ampleur du système de suivi et d’évaluation et les coûts et charges connexes. Comme souvent, plusieurs mesures contribuent aux mêmes objectifs, l’efficacité et l’efficience des mesures doivent faire l’objet d’une évaluation, et non être directement observées au moyen d’indicateurs de résultat ou d’impact. C’est la raison pour laquelle les indicateurs sont liés à des objectifs spécifiques (indicateurs de résultat) et à des objectifs généraux (indicateurs d’impact).
  • deuxième point: La Commission prend note du fait que cette recommandation s’adresse aux États membres. La Commission suivra les progrès accomplis dans la mise en œuvre des actions et des outils liés au renouvellement des générations;
  • troisième point: La Commission tient à respecter des normes élevées en matière d’évaluation au niveau de l’Union. Il faut toutefois trouver un équilibre entre ce qui peut être fait par le suivi et ce qui peut être fait par l’évaluation en tenant compte du risque de charges administratives excessives.

La Commission continuera à promouvoir l’échange de bonnes pratiques en matière d’indicateurs et la mise à profit des enseignements tirés de l’expérience, mais la possibilité d’intégrer concrètement des indicateurs spécifiques aux programmes dans le système des indicateurs communs devra être étudiée au cas par cas et dépendra de la possibilité d’appliquer ces indicateurs au niveau de l’Union.

En ce qui concerne le «renouvellement des générations», l’évaluation qu’effectuera la Commission au niveau de l’Union devra tenir compte des effets de plusieurs mesures, et non pas seulement de la mesure en faveur de l’installation des jeunes agriculteurs. Cela devra être fait dans le cadre d’une évaluation. La Commission a annoncé dans le plan d’études et d’évaluation de la DG AGRI le lancement d’une évaluation sur le renouvellement des générations d’ici la fin 2017.

Glossaire

Agriculteur actif: la disposition relative au statut d’agriculteur actif, figurant à l’article 9 du règlement (UE) n° 1307/20131, vise à empêcher les personnes et les entreprises dont l’activité n’est pas une activité agricole ou dont l’activité agricole n’est que marginale de bénéficier d’un soutien au titre de la politique agricole commune. L’élément essentiel de cette disposition est une liste d’entreprises/d’activités exclues, qui comprend l’exploitation d’aéroports, de sociétés de services des eaux, de services immobiliers, de services ferroviaires et de terrains de sport et de loisirs permanents. Si les États membres le souhaitent, ils peuvent appliquer une définition plus stricte du statut d’agriculteur actif.

Autorité de gestion: organisme local, régional ou national, désigné par l’État membre pour présenter un programme de développement rural à la Commission, puis le gérer et le mettre en œuvre.

CCSE (cadre commun de suivi et d’évaluation): cadre commun de suivi et d’évaluation à l’échelle de l’Union européenne dans le domaine du développement rural pour la période de programmation 2007-2013. Pour la période de programmation 2014-2020, il couvre les deux piliers de la politique agricole commune (le Fonds européen agricole pour le développement rural et le Fonds européen agricole de garantie).

Droits au paiement: droits introduits par la réforme de la politique agricole commune de 2003 pour les besoins de la mise en œuvre du régime de paiement unique. Les droits accordés aux agriculteurs l’ont été en fonction de données historiques (au niveau régional ou individuel). Après la réforme de 2003, un agriculteur devait, pour pouvoir bénéficier du paiement unique, activer les droits au paiement qui lui avaient été attribués à raison d’un droit au paiement par hectare de surface agricole admissible. Avec la réforme de 2013, ces droits ont été remplacés par de nouveaux droits au paiement relevant du régime de paiement de base. Par dérogation, des États membres qui remplissaient certaines conditions ont été autorisés à conserver les droits au paiement existants.

Enquête sur la structure des exploitations agricoles (ESEA): enquête réalisée par l’ensemble des États membres de l’UE. Les enquêtes ESEA sont menées de manière uniforme dans toute l’Union européenne, selon une méthodologie commune. Elles fournissent des données statistiques de niveau régional comparables et représentatives, dans le temps, pour l’ensemble des pays. Elles prennent deux formes: celle d’enquêtes par sondage réalisées tous les trois ou quatre ans, et celle de recensements réalisés tous les dix ans.

Exploitation agricole: unité, d’un point de vue tant technique qu’économique, exploitée dans le cadre d’une gestion unique aux fins de l’exercice d’une activité agricole sur le territoire économique de l’Union européenne, que cette activité soit exercée à titre principal ou à titre secondaire. L’exploitation peut également fournir d’autres produits et services (non agricoles).

Feader: Fonds européen agricole pour le développement rural. Souvent désigné comme le «second pilier» de la politique agricole commune, il finance la contribution de l’Union européenne aux programmes de développement rural.

FEAGA: Fonds européen agricole de garantie. Il finance essentiellement les paiements directs aux agriculteurs et les mesures de régulation ou de soutien des marchés agricoles, et est souvent désigné comme le «premier pilier» de la politique agricole commune.

Gestion partagée: mode d’exécution du budget de l’UE dans lequel des tâches d’exécution sont déléguées aux États membres2, tandis que la Commission reste responsable en dernier ressort (obligation de contrôle).

Impact: changement à long terme dans la société attribuable, au moins partiellement, à l’action de l’UE.

Jeune agriculteur: dans le contexte du premier pilier, personne qui est âgée de 40 ans au maximum au cours de l’année d’introduction de la demande et qui s’installe pour la première fois à la tête d’une exploitation agricole, ou qui s’est installée au cours des cinq années précédant la demande (selon la définition fournie à l’article 50, paragraphe 2, du règlement (UE) n° 1307/2013). Dans le contexte du second pilier, personne qui n’est pas âgée de plus de 40 ans au moment de la présentation de la demande, qui s’installe pour la première fois dans une exploitation agricole comme chef de ladite exploitation et qui possède des connaissances et des compétences professionnelles suffisantes (selon la définition figurant à l’article 2, point n, du règlement (UE) n° 1305/2013)3. La classe d’âge des 35-44 ans n’étant pas subdivisée en sous-classes dans les données d’Eurostat, celles-ci ne permettent pas de déterminer le nombre d’agriculteurs âgés de 40 ans au plus.

Logique d’intervention: représentation des relations entre les besoins socioéconomiques qu’une intervention vise à satisfaire et les objectifs, intrants, processus, réalisations, résultats et impacts de l’intervention.

Objectifs SMART: objectifs spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et datés (specific, measurable, achievable, relevant and timed)4.

Organisme payeur: organisme national ou régional chargé de l’évaluation, du calcul et du paiement des subventions agricoles.

PAC (politique agricole commune): ensemble d’actes juridiques et de pratiques adoptés par l’Union européenne, constituant une politique commune et unifiée en matière d’agriculture. Les premières mesures en la matière ont été instituées en 1962. Depuis lors, la politique a été revue et étendue; elle a en outre fait l’objet de plusieurs réformes.

Paiements directs: paiements octroyés directement aux agriculteurs afin de leur servir de «filet de sécurité». Essentiellement accordés sous la forme d’un soutien au revenu de base, découplé de la production, ils viennent compenser l’instabilité des revenus tirés des ventes sur les marchés, qui sont sujettes à la volatilité. Ils sont effectués dans le cadre du Fonds européen agricole de garantie (FEAGA), ou «premier pilier» de la politique agricole commune.

Période de programmation: cadre pluriannuel de planification et de mise en œuvre des politiques de l’UE telles que la politique de développement rural. Le présent audit couvre les périodes de programmation 2007-2013 et 2014-2020.

Pilier: l’un des deux Fonds qui financent la politique agricole commune. On appelle «premier pilier» le FEAGA, qui effectue des paiements directs en faveur des agriculteurs, et «second pilier» le Feader, qui finance les programmes de développement rural.

Programme de développement rural (PDR): document de programmation élaboré par un État membre et approuvé par la Commission pour planifier la mise en œuvre de la politique de développement rural de l’UE au niveau régional ou national et en assurer le suivi.

Réalisation: élément livrable d’un programme.

Réseau d’information comptable agricole (RICA): instrument visant à évaluer le revenu des exploitations agricoles commerciales ainsi que l’impact de la politique agricole commune. Il repose sur les données comptables d’un échantillon de plus de 80 000 exploitations agricoles réparties dans tous les États membres de l’UE.

Résultat: effet immédiat du programme pour les destinataires ou les bénéficiaires directs.

Notes

Glossaire

1 Règlement (UE) n° 1307/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 établissant les règles relatives aux paiements directs en faveur des agriculteurs au titre des régimes de soutien relevant de la politique agricole commune et abrogeant le règlement (CE) n° 637/2008 du Conseil et le règlement (CE) n° 73/2009 du Conseil (JO L 347 du 20.12.2013, p. 608).

2 Article 59 du règlement (UE, Euratom) n° 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l’Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) n° 1605/2002 du Conseil (JO L 298 du 26.10.2012, p. 1).

3 Règlement (UE) n° 1305/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au soutien au développement rural par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) et abrogeant le règlement (CE) n° 1698/2005 du Conseil (JO L 347 du 20.12.2013, p. 487).

4 Article 30, paragraphe 3, du règlement (UE, Euratom) n° 966/2012.

Introduction

5 Les données statistiques antérieures à 2013 ne tiennent pas compte de la Croatie.

6 Eurostat fournit des données concernant les classes d’âge suivantes: moins de 35 ans, 35-44 ans, 45-54 ans, 55-64 ans et 65 ans et plus.

7 L’enquête sur la structure des exploitations agricoles est réalisée tous les trois ans par tous les États membres de l’Union européenne, qui appliquent à cet effet une méthodologie commune. Elle fournit ainsi des données statistiques comparables et représentatives, dans le temps, pour l’ensemble des États membres. La classe d’âge des 35-44 ans n’étant pas subdivisée en sous-classes dans les données d’Eurostat, celles-ci ne permettent pas de déterminer le nombre d’agriculteurs de moins de 40 ans.

8 Résolution du Parlement européen du 5 juin 2008 sur l’avenir pour les jeunes agriculteurs dans le cadre de la réforme en cours de la PAC (2007/2194(INI)).

9 Résolution du Parlement européen du 23 juin 2011 sur la PAC à l’horizon 2020: alimentation, ressources naturelles et territoire – relever les défis de l’avenir (2011/2051(INI)).

10 Conseil de l’Union européenne, conclusions de la présidence sur le renforcement des mesures de l’UE en faveur des jeunes agriculteurs, Conseil «Agriculture et pêche», Bruxelles, 15 décembre 2014.

11 Commission européenne, «Les jeunes agriculteurs et la PAC», Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne, 2015.

12 Discours prononcé par le commissaire Phil Hogan lors de l’atelier organisé conjointement par le réseau européen de développement rural (REDR) et le Conseil européen des jeunes agriculteurs (CEJA) le 25 janvier 2017 à Bruxelles.

13 Par la directive 81/528/CEE du Conseil, du 30 juin 1981, modifiant la directive 72/159/CEE concernant la modernisation des exploitations agricoles (JO L 197 du 20.7.1981, p. 41), qui a introduit, entre autres, des mesures spécifiques visant les jeunes agriculteurs de moins de 40 ans.

14 Voir le règlement (CE) n° 1257/1999 du Conseil du 17 mai 1999 concernant le soutien au développement rural par le Fonds européen d’orientation et de garantie agricole (FEOGA) et modifiant et abrogeant certains règlements (JO L 160 du 26.6.1999, p. 80).

15 Voir le règlement (UE) n° 1307/2013 et, en particulier, son considérant 47: «La création et le développement de nouvelles activités économiques dans le secteur agricole par de jeunes agriculteurs constituent un enjeu financier, qu’il convient de prendre en considération dans l’attribution et le ciblage des paiements directs. Ce développement est essentiel pour la compétitivité du secteur agricole de l’Union».

Étendue et approche de l’audit

16 Voir le «Projet de rapport du Parlement européen sur l’état des lieux de la concentration agricole dans l’Union européenne: comment faciliter l’accès des agriculteurs aux terres?» (2016/2141(INI)): en 2010, 3 % seulement des exploitations contrôlaient déjà 50 % des surfaces agricoles dans l’EU-27, car «les politiques et les subventions de l’Union favorisent les processus de concentration, étant donné que les paiements directs liés à la surface profitent uniquement aux grands exploitants et que ces paiements participent au renchérissement des sols».

17 ECORYS, LEI-Wageningen UR, Aequator Groen & Ruimte, pour la Commission européenne: Young farmers’ needs (Les besoins des jeunes agriculteurs), septembre 2015. Cette étude, menée en 2014 et 2015, a comporté des entretiens avec des agriculteurs dans chacun des États membres de l’Union européenne (78 entretiens par État membre, en moyenne). Les résultats de ces enquêtes ainsi que les besoins des jeunes agriculteurs ont été examinés par des groupes de discussion dans les différents États membres.

18 Voir l’étude du Parlement européen intitulée «Effets potentiels sur les marchés fonciers de l’UE des nouveaux paiements directs dans le cadre de la PAC» (2013): «Les ventes de terres et les loyers dans les nouveaux États membres ont connu une forte augmentation en parallèle de l’augmentation des paiements au titre du RPUS depuis l’adhésion de ces pays en 2004. La corrélation entre les paiements directs et les prix des terres est très forte»; «Les paiements au titre du RPU sont fortement capitalisés dans les anciens États membres». Voir également l’étude de 2013 de l’institut national italien d’économie agricole sur les jeunes et le renouvellement des générations dans l’agriculture italienne.

19 ECORYS, LEI-Wageningen UR, Aequator Groen & Ruimte, pour la Commission européenne: Young farmers’ needs (Les besoins des jeunes agriculteurs), septembre 2015.

20 En ce qui concerne la France, voir le rapport annuel (2007) de la Cour des comptes française.
Pour l’Italie, voir l’étude de 2013 de l’institut national italien d’économie agricole sur les jeunes et le renouvellement des générations dans l’agriculture italienne.
Concernant l’Espagne, voir point 68.

21 ECORYS, LEI-Wageningen UR, Aequator Groen & Ruimte, pour la Commission européenne: Young farmers’ needs (Les besoins des jeunes agriculteurs), septembre 2015.

22 Eurostat, enquête sur la structure des exploitations agricoles (2007-2013).

Observations

23 Considérant 47 du règlement (UE) n° 1307/2013: «La création et le développement de nouvelles activités économiques dans le secteur agricole par de jeunes agriculteurs constituent un enjeu financier, qu’il convient de prendre en considération dans l’attribution et le ciblage des paiements directs».

24 Document SEC(2011) 1153 final/2 du 20 octobre 2011, Impact Assessment Common Agricultural Policy towards 2020 (Analyse d’impact: la politique agricole commune à l’horizon 2020), annexe 3.

25 La valeur ajoutée nette d’exploitation est un indicateur de revenu du réseau d’information comptable agricole. Elle correspond au montant disponible pour payer l’ensemble des facteurs de production fixes (terre, travail et capital) de l’exploitation.

26 Commission européenne, document d’information intitulé «Présentation de la réforme de la PAC 2014-2020», «Brief: Les perspectives de la politique agricole» N° 5, décembre 2013.

27 Source: Évaluation ex post du programme de développement rural 2007-2013 d’Émilie-Romagne. Voir aussi point 75.

28 Pour les bénéficiaires des deux mesures, seule la part de l’augmentation de la valeur ajoutée brute annuelle attribuable à l’aide à l’installation a été prise en compte.

29 La part du budget des paiements directs pour 2015 que les États membres ont affectée au paiement supplémentaire en faveur des jeunes agriculteurs a été de 1,33 % en moyenne. Ce chiffre correspond aux besoins de financement estimés et non aux dépenses réellement effectuées.

30 Voir article 50, paragraphes 6 à 8, du règlement (UE) n° 1307/2013. En vertu de l’article 50, paragraphe 10, du règlement (UE) n° 1307/2013, les États membres peuvent également opter pour le versement d’un montant forfaitaire annuel indépendant de la taille de l’exploitation. Seul le Luxembourg a choisi cette solution.

31 La Belgique, la Bulgarie, l’Irlande, l’Espagne, la France, la Croatie, le Luxembourg, l’Autriche, le Portugal, la Slovaquie et le Royaume-Uni (Irlande du Nord).

32 L’Estonie, Chypre, la Lituanie et la Finlande ont décidé de limiter l’éligibilité à ce paiement aux personnes morales contrôlées uniquement par de jeunes agriculteurs pour la période 2016-2020 et la Lettonie a choisi d’en faire autant pour la période 2017-2020.

33 Voir le tableau de synthèse à l’annexe V.

34 Renta de referencia: indicateur relatif aux salaires bruts non agricoles en Espagne. Il a été mis en place par la loi espagnole n° 19/1995. En 2016, sa valeur était de 28 397 euros.

35 Au sens de l’article 9 du règlement (UE) n° 1307/2013. Voir la définition dans le glossaire.

36 Type de société le plus simple et le plus répandu dans l’agriculture en Italie. Il est défini par les articles 2251 à 2290 du code civil italien.

37 D’après des données partielles communiquées à la Commission et à la Cour des comptes par les États membres: à la fin de février 2017, la Croatie, la France, l’Italie, la Roumanie, Malte et le Royaume-Uni n’avaient pas fourni de données ou avaient fourni des données incomplètes.

38 D’après le réseau d’information comptable agricole, la valeur ajoutée nette d’exploitation (VANE) se montait à quelque 30 000 euros en moyenne dans l’EU-27 en 2012, et la VANE par unité de travail annuel avoisinait les 19 000 euros.

39 Istituto Nazionale di Economia Agraria, I giovani e il ricambio generazionale nell’agricoltura italiana (Les jeunes et le renouvellement générationnel dans l’agriculture italienne), 2013, p. 45. Cette valeur tire son origine de l’enquête menée dans le cadre du réseau d’information comptable agricole et n’est peut-être pas statistiquement représentative de la population des agriculteurs de moins de 40 ans en Italie.

40 Les zones rurales touchées par des problèmes généraux de développement correspondent aux territoires les plus défavorisés de la région. Il s’agit de zones où la topographie difficile et l’insuffisance des infrastructures s’opposent aux activités de production, et où le PIB par habitant est nettement plus faible que dans les autres zones.

41 Le «salaire minimum interprofessionnel de croissance» (SMIC), après déduction des prélèvements sociaux. Ce salaire est calculé par l’institut français de statistique. Son montant mensuel brut (au 1er janvier 2017) s’élève à 1 480 euros pour 151,67 heures de travail par mois.

42 Renta de referencia: indicateur relatif aux salaires bruts non agricoles en Espagne. Il a été mis en place par la loi espagnole n° 19/1995. En 2016, sa valeur était de 28 397 euros.

43 Voir les rapports spéciaux nos 8/2012, 1/2013, 6/2013, 12/2013 et 25/2015 (http://eca.europa.eu).

44 L’échantillon RICA a été créé à des fins d’observation des revenus des exploitations agricoles commerciales. Il peut donner des informations utiles sur les performances économiques des exploitations agricoles par secteur agricole et par catégorie de taille. Toutefois, il n’a pas été conçu pour être représentatif de groupes spécifiques tels que ceux des bénéficiaires de la PAC ou des jeunes agriculteurs. C’est pourquoi il n’existe pas d’informations suffisamment représentatives sur le revenu des jeunes agriculteurs ou sur les effets des mesures de soutien spécifiques de l’UE telles que la mesure d’aide à l’installation des jeunes agriculteurs. Pour en savoir plus, voir le rapport spécial n° 1/2016, points 48 à 50 (http://eca.europa.eu).

45 Les autorités françaises ont fourni le rapport d’évaluation à la fin de mars 2017, alors que nous avions déjà clôturé l’audit.

46 D’après l’étude d’ECORYS, LEI-Wageningen UR, Aequator Groen & Ruimte pour la Commission Young farmers’ needs in Spain (Les besoins des jeunes agriculteurs en Espagne) (septembre 2015), en Espagne, 56 % des jeunes agriculteurs considéraient l’accès au crédit comme problématique (contre 33 % des jeunes agriculteurs dans les 28 États membres de l’UE).

47 Par rapport au nombre moyen d’agriculteurs de 15 à 44 ans au cours de la période 2007-2013.

Réponses de la Commission

1 Lettres au DK [Ares(2015)162942 du 15/01/2015], NL [Ares(2015)1173220 - 17/03/2015], EE [Ares(2016)6004433 - 19/10/2016], rendues accessibles en temps voulu sur CircaBC pour consultation par les autorités des États membres.

2 Atelier d’experts «Payment for Young Farmers – exchange of Member States’ experiences of implementation and control» («Paiements destinés aux jeunes agriculteurs: échange d’expériences de mise en œuvre et de contrôle par les États membres»), organisé le 23 septembre 2015 (documents mis à la disposition des États membres sur CircaBC).

ÉtapeDate
Adoption du plan d'enquête/début de l'audit16.3.2016
Envoi officiel du projet de rapport à la Commission (ou à toute autre entité auditée)30.3.2017
Adoption du rapport définitif après la procédure contradictoire31.5.2017
Réception des réponses officielles de la Commission (ou de toute autre entité auditée) dans toutes les langues28.6.2017

Équipe d’audit

Les rapports spéciaux de la Cour présentent les résultats de ses audits de la performance et de conformité relatifs à des domaines budgétaires ou des questions de gestion spécifiques. La Cour sélectionne et conçoit ces activités d’audit de manière à maximiser leur incidence en tenant compte des risques susceptibles d’affecter la performance ou la conformité, du niveau des recettes ou des dépenses concernées, des évolutions escomptées ainsi que de l’importance politique et de l’intérêt du public.

Le présent rapport a été adopté par la Chambre I, présidée par M. Phil Wynn Owen, Membre de la Cour, et compétente pour les domaines de dépenses relatifs à l’utilisation durable des ressources naturelles. L’audit a été effectué sous la responsabilité de M. Janusz Wojciechowski, Membre de la Cour, assisté de: Mme Kinga Wiśniewska-Danek, chef de cabinet; Mme Katarzyna Radecka-Moroz, attachée de cabinet; M. Helder Faria Viegas, manager principal; M Lorenzo Pirelli, chef de mission; Mme Małgorzata Frydel, chef de mission adjoint. L’équipe d’audit était composée de M. Antonio Caruda Ruiz, Mme Anzela Poliulianaite, M. Carlos Sanchez Rivero, M. Frédéric Soblet, M. Matteo Tartaggia et Mme Diana Voinea. Les travaux de secrétariat ont été assurés par Mmes Frédérique Hussenet, Monika Schmidt et Terje Teppan-Niesen.

De gauche à droite: Kinga Wiśniewska-Danek, Carlos Sanchez Rivero, Małgorzata Frydel, Frédéric Soblet,
Janusz Wojciechowski, Diana Voinea, Katarzyna Radecka-Moroz, Helder Faria Viegas et Lorenzo Pirelli.

Contact

COUR DES COMPTES EUROPÉENNE
12, rue Alcide De Gasperi
1615 Luxembourg
LUXEMBOURG

De nombreuses autres informations sur l’Union européenne sont disponibles sur l’internet via le serveur Europa (http://europa.eu).

Le soutien de l’UE en faveur des jeunes agriculteurs devrait être mieux ciblé pour favoriser un renouvellement efficace des générations
(présenté en vertu de l’article 287, paragraphe 4, deuxième alinéa, du TFUE)

Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne, 2017

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© Union européenne, 2017

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