Rapport spécial
06 2018

Libre circulation des travailleurs: une liberté fondamentale garantie, mais un meilleur ciblage des fonds de l'UE permettrait d'encourager la mobilité

En ce qui concerne le rapport En 2018, nous célébrons le 50e anniversaire du règlement fondateur sur la libre circulation des travailleurs, l'une des quatre libertés fondamentales de l'Union.
Nous avons constaté que les outils mis en place par la Commission garantissent la liberté de circulation des travailleurs, mais qu'ils mériteraient d'être connus davantage. La similarité des objectifs respectifs des deux instruments de l'UE en faveur de la mobilité des travailleurs (le FSE et le programme EaSI) fait que leur complémentarité est difficile à assurer, et le système de suivi présente des faiblesses qui entravent l'évaluation des actions financées. Enfin, le portail EURES des emplois vacants au sein de l'UE ne deviendra un véritable outil européen d'insertion professionnelle que si ses lacunes, comme le faible taux d'offres d'emplois qui y sont publiées, sont corrigées.

Cette publication est disponible, au format ci-après, dans 23 langues de l'UE:
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Synthèse

À propos de la mobilité des travailleurs

I

La libre circulation des travailleurs est l'une des quatre libertés fondamentales de l'Union. En 2018, l'UE célébrera le 50e anniversaire du règlement fondateur sur la libre circulation des travailleurs. Elle implique l'abolition, dans l'ensemble des États membres, de toute discrimination fondée sur la nationalité en ce qui concerne l'emploi, la rémunération et les autres conditions de travail et d'emploi. En 2015, quelque 11,3 millions de citoyens de l'EU-28 en âge de travailler résidaient dans un État membre de l'Union autre que celui dont ils avaient la nationalité. Ce chiffre représentait 3,7 % de l'ensemble de la population de l'UE en âge de travailler.

Comment avons-nous réalisé notre audit?

II

Nous avons évalué la manière dont la Commission garantit la liberté de circulation des travailleurs et apprécié l'efficacité des actions de l'UE visant à faciliter leur mobilité. Nous avons réalisé nos travaux d'audit entre octobre 2016 et juillet 2017, à la Commission et dans les cinq États membres connaissant les flux entrants de non-nationaux et sortants les plus importants (à savoir l'Allemagne, le Luxembourg, la Pologne, la Roumanie et le Royaume-Uni).

Qu'avons-nous constaté?

III

Nous avons constaté que la Commission informait les travailleurs de l'UE sur leurs droits via plusieurs canaux, mais qu'il était possible de mieux faire connaître ceux-ci.

IV

Les obstacles à l'établissement et à l'exercice d'une activité professionnelle dans un autre État membre (tels que la non-reconnaissance des diplômes professionnels) existent depuis longtemps. Malgré toutes les mesures prises par la Commission et les États membres, ces obstacles persistent.

V

Les États membres ne disposent pas tous du même degré d'information, au niveau tant national que régional, sur l'inadéquation entre les compétences recherchées et celles disponibles. La Commission continue de travailler avec les États membres à l'amélioration de l'information.

VI

L'UE agit en faveur de la mobilité des travailleurs en soutenant, par l'intermédiaire du FSE, les États membres qui estiment avoir besoin de l'intervention du Fonds. Cependant, pour la période de programmation actuelle, la mobilité des travailleurs n'est pas considérée comme une priorité d'investissement à part entière et n'a pas fait l'objet d'un suivi au cours de la procédure d'approbation des PO du FSE. Par conséquent, l'ampleur du soutien du FSE en faveur de la mobilité n'est pas connue.

VII

La principale source de financement des mesures en faveur de la mobilité des travailleurs dont la contribution est connue est le programme de l'Union européenne pour l'emploi et l'innovation sociale (EaSI), géré par la Commission et doté de 165 millions d'euros pour la période 2014-2020. Nous avons constaté que, pour ce qui est de la mobilité des travailleurs, les objectifs stratégiques du volet EURES de l'EaSI étaient similaires à ceux du FSE, ce qui signifie que la nécessaire complémentarité entre ces deux instruments de l'UE est difficile à garantir.

VIII

Nous avons examiné 23 projets EURES mis en œuvre par des partenariats transfrontaliers et soutenus par l'EaSI. Nous avons constaté que les résultats escomptés n'avaient été définis que dans peu de projets (par exemple l'accès à un emploi pour des demandeurs d'emploi), et que les insuffisances dans le suivi des projets rendaient impossible l'agrégation de leurs réalisations et de leurs résultats au niveau du programme.

IX

Le «portail EURES sur la mobilité de l'emploi» est le principal instrument utilisé au niveau de l'UE pour faciliter la mobilité des travailleurs, mais il connaît des difficultés importantes, notamment le fait qu'une faible proportion des offres d'emploi publiées par les services publics de l'emploi (SPE) soient reprises sur EURES. Notre analyse des offres d'emploi publiées sur le portail a en outre montré qu'elles étaient souvent inadaptées à une recherche d'emploi efficace (par exemple 39 des 50 offres que nous avons examinées n'indiquaient pas de date limite de dépôt des candidatures).

X

Le dénombrement des emplois pourvus par l'intermédiaire du volet EURES de l'EaSI est indispensable à l'appréciation de l'efficacité du programme. Selon la Commission, 28 934 placements réalisés en 2016 l'ont été grâce au soutien apporté aux demandeurs d'emploi par les conseillers EURES. Ce chiffre ne représente que 3,7 % du nombre de contacts entre des demandeurs d'emplois et les conseillers EURES. Par ailleurs, la plupart des SPE interrogés ont déclaré être incapables de déterminer le nombre de placements réalisés, ou avoir cessé de s'en servir comme indicateur.

Quelles sont nos recommandations?

XI

Nous recommandons à la Commission:

  1. de mesurer le niveau de connaissance qu'ont les citoyens de l'UE des outils à leur disposition pour s'informer sur la liberté de circulation des travailleurs et signaler les discriminations;
  2. de mieux utiliser les informations disponibles afin de recenser les types de discrimination existants;
  3. de travailler avec les États membres à l'amélioration de la collecte et de l'utilisation des données sur les flux de travailleurs et la nature de leur mobilité, ainsi que sur les déséquilibres des marchés du travail;
  4. d'améliorer la conception des mécanismes de financement de l'UE dans le domaine de la mobilité des travailleurs;
XII

Nous recommandons aux États membres:

e)d'améliorer le suivi de l'efficacité du volet EURES de l'EaSI, notamment en matière de placement;

f)de remédier aux limites du portail EURES sur la mobilité de l'emploi afin d'en faire un véritable outil européen de placement.

Introduction

La libre circulation des travailleurs: un droit fondamental

01

La libre circulation des travailleurs est l'une des quatre libertés fondamentales de l'Union1. En 2018, l'UE célébrera le 50e anniversaire du règlement fondateur qui l'a consacrée. Cette liberté constitue un droit important de chaque travailleur et une composante essentielle du marché unique. Elle permet aux travailleurs provenant d'un autre État membre de l'UE de bénéficier de l'égalité de traitement avec les ressortissants nationaux en ce qui concerne l'accès à l'emploi, les conditions de travail et tous les autres avantages sociaux et fiscaux. Ainsi, toutes les autorités nationales et tous les employeurs, publics ou privés, sont tenus d'appliquer et de respecter les droits découlant de l'article 45 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (voir encadré 1). Cette liberté est également garantie dans les pays de l'AELE (l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse). Il importe d'observer que la libre circulation des travailleurs se distingue de la liberté de tout citoyen de l'UE de circuler et de séjourner librement sur le territoire des États membres.

Encadré 1

Libre circulation des travailleurs: les dispositions de l'article 45 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE).

  1. La libre circulation des travailleurs est assurée à l'intérieur de l'Union.
  2. Elle implique l'abolition de toute discrimination, fondée sur la nationalité, entre les travailleurs des États membres, en ce qui concerne l'emploi, la rémunération et les autres conditions de travail.
  3. Elle comporte le droit, sous réserve des limitations justifiées par des raisons d'ordre public, de sécurité publique et de santé publique:
    1. de répondre à des emplois effectivement offerts;
    2. de se déplacer à cet effet librement sur le territoire des États membres;
    3. de séjourner dans un des États membres afin d'y exercer un emploi conformément aux dispositions législatives, réglementaires et administratives régissant l'emploi des travailleurs nationaux;
    4. de demeurer, dans des conditions qui feront l'objet de règlements établis par la Commission, sur le territoire d'un État membre, après y avoir occupé un emploi.
  4. Les dispositions de l'article ne sont pas applicables aux emplois dans l'administration publique.
02

Les derniers chiffres disponibles indiquent que, sur une population totale de 306 millions de personnes en âge de travailler dans l'UE, quelque 11 millions (soit 3,7 %) sont des citoyens mobiles de l'EU-28 (âgés de 20 à 64 ans) installés durablement dans un État membre de l'UE autre que celui dont ils ont la nationalité. Pour ce qui est des flux de citoyens mobiles en âge de travailler, 1,1 million d'entre eux (ce chiffre comprend quelque 100 000 ressortissants de l'AELE qui se sont installés dans l'Union et représente 0,4 % de la population active totale) ont changé d'État membre en 2014. En outre, 1,3 million de personnes traversent quotidiennement une frontière pour travailler dans un État membre différent de celui où ils résident (voir tableau 1).

Tableau 1

Données relatives aux citoyens mobiles ayant changé d'État membre (2015)

Chiffres Type de mobilité
11,3 millions Travailleurs mobiles (les 20-64 ans) de l'EU-28 installés durablement dans un autre État membre
3,7 % … en proportion de la population totale de l'EU-28 en âge de travailler
8,5 millions Travailleurs mobiles de l'EU-28 en activité (employés ou cherchant un travail)
1,3 million Travailleurs frontaliers au sein de l'EU-28 (âgés de 20 à 64 ans) en 2015
1,1 million Flux de citoyens de l'EU-28 et de l'AELE en âge de travailler qui se sont installés dans un autre État membre en 2014
0,4 % … en proportion de la population totale en âge de travailler résidant dans les pays membres de l'EU-28 et de l'AELE
0,6 million Travailleurs mobiles qui sont retournés dans le pays dont ils ont la nationalité en 2014

Note: le flux annuel de travailleurs mobiles ne tient pas compte des retours.

Source: Commission européenne, Annual Report on intra-EU Labour Mobility – Final Report, décembre 2016.

03

Les principaux pays de destination des 11,3 millions de travailleurs mobiles sont l'Allemagne, qui en accueille le plus grand nombre (2,7 millions, soit 22 % de l'ensemble des travailleurs mobiles), et le Royaume-Uni, qui suit de près avec 2,1 millions. Les pays comptant la plus grande proportion de travailleurs mobiles au sein de leur population en âge de travailler étaient le Luxembourg (43 %), la Suisse (19 %), Chypre (15 %) et l'Irlande (10 %).

04

Les travailleurs mobiles récents en activité sont définis comme étant ceux qui résident depuis 10 ans au plus dans un pays de l'UE autre que celui dont ils ont la nationalité. Les chiffres relatifs à ces travailleurs mobiles récents sont présentés à la figure 1.

Figure 1

Travailleurs mobiles récents de l'EU-28 en activité âgés de 20 à 64 ans, par pays de résidence; données relatives à 2015 (en milliers)

Note: Les groupes de moins de 50 000 travailleurs mobiles récents ne sont pas représentés.

Source: Annual Report on intra-EU Labour Mobility – Final Report, Commission européenne, décembre 2016.

Responsabilités en ce qui concerne la mobilité des travailleurs

05

Pour distinguer les différents niveaux auxquels la responsabilité de garantir la libre circulation des travailleurs s'exerce, il convient de rappeler que cette liberté s'applique directement dans les États membres et que tout cas de discrimination peut donc être porté devant une juridiction nationale. La Commission peut également intervenir directement, voire engager des procédures d'infraction contre un État membre devant la Cour de justice de l'Union européenne. Toutefois, les États membres sont responsables au premier chef des politiques sociales et de l'emploi. La manière dont ces responsabilités se répartissent est présentée à la figure 2.

Figure 2

Responsabilités en matière de mobilité des travailleurs

Source: Cour des comptes européenne.

La Commission européenne et la mobilité des travailleurs

06

Le fait de changer de pays pour des raisons professionnelles relève essentiellement d'une décision personnelle. Toutefois, la mobilité des travailleurs peut être facilitée, et les financements de l'UE peuvent utilement soutenir les actions en la matière. En 2010, dans sa communication intitulée «Europe 2020 – Une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive»2, la Commission indiquait qu'elle s'efforcerait de faciliter la mobilité des travailleurs et de mieux faire correspondre l'offre et la demande d'emplois, au moyen d'un soutien financier des Fonds structurels de l'UE, et notamment du FSE. Elle entendait ainsi «favoriser une politique globale d'immigration de la main-d'œuvre tournée vers l'avenir et permettant d'apporter une réponse flexible aux priorités et aux besoins des marchés du travail». Ces dernières années, la Commission a publié plusieurs documents stratégiques, propositions législatives et lignes directrices concernant la mobilité des travailleurs, soulignant ainsi son importance en tant que politique de l'UE (voir figure 3).

Figure 3

Chronologie des mesures adoptées par la Commission en matière de mobilité des travailleurs

Source: Cour des comptes européenne.

Actions financées par l'UE pour faciliter la mobilité des travailleurs

07

Le FSE est géré par la Commission et les États membres. Il a notamment pour objectif de promouvoir la mobilité géographique et professionnelle des travailleurs à l'intérieur de l'Union3. Sa dotation totale pour la période de programmation 2014-2020 s'élève à 86,4 milliards d'euros. Sur ce montant, quelque 27,5 milliards d'euros sont alloués à un objectif thématique bien précis, à savoir l'OT «Promouvoir un emploi durable et de qualité et soutenir la mobilité de la main-d'œuvre»4, au titre duquel les États membres peuvent financer des actions en faveur de la mobilité des travailleurs. Les montants utilisés par les États membres à cette fin sont inconnus.

08

Le programme de l'Union européenne pour l'emploi et l'innovation sociale (EaSI), géré par la Commission, comporte trois volets, dont le volet EURES (réseau européen des services publics de l'emploi), qui vise à faciliter la mobilité des travailleurs. La dotation budgétaire de l'EaSI pour la période 2014-2020 s'élève à 919 millions d'euros. Les financements consacrés aux activités EURES de l'EaSI se montent à 165 millions d'euros, soit 18 % du montant total des fonds alloués au programme. Le volet EURES de l'EaSI soutient les activités visant à encourager la mobilité géographique volontaire des travailleurs. Une vue d'ensemble de ces activités est présentée à la figure 4.

Figure 4

Les différentes activités soutenues par le volet EURES de l'EaSI

Source: Cour des comptes européenne.

Étendue et approche de l'audit

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Nous avons évalué la manière dont la Commission garantit la liberté de circulation des travailleurs et apprécié l'efficacité des actions de l'UE visant à faciliter leur mobilité.

10

Nous avons examiné en particulier:

  • les outils d'information mis en place par la Commission pour soutenir les travailleurs qui envisagent de s'établir dans un autre État membre ou qui l'ont déjà fait, les mesures qu'elle a prises pour s'attaquer aux obstacles à la mobilité des travailleurs, ainsi que les données collectées par elle concernant les flux de travailleurs et la nature de leur mobilité (partie I);
  • l'efficacité des dépenses de l'UE financées par le FSE et le programme EaSI pour soutenir la mobilité des travailleurs durant la période de programmation 2014-2020 (partie II).
11

Nous avons effectué cet audit entre octobre 2016 et juillet 2017, en procédant aux contrôles ci-après:

  • nous avons examiné les mesures prises par la Commission en matière de mobilité des travailleurs;
  • nous nous sommes rendus auprès des autorités nationales compétentes en Allemagne, au Luxembourg, en Pologne, en Roumanie et au Royaume-Uni et nous nous sommes entretenus avec elles;
  • nous avons examiné 23 projets clôturés mis en œuvre par des partenariats transfrontaliers et financés par le volet EURES de l'EaSI en 2015 et 2016 et avons rencontré les responsables des projets en Allemagne, au Luxembourg, en Pologne et au Royaume-Uni;
  • nous avons adressé un questionnaire d'enquête aux 28 bureaux nationaux de coordination (BNC) du réseau EURES et à celui de la Suisse en vue d'examiner le fonctionnement d'EURES et avons analysé la qualité de 50 offres d'emploi publiées sur le portail EURES pour la mobilité de l'emploi;
  • par ailleurs, l'équipe d'audit a bénéficié de l'aide d'un panel d'experts composé de trois spécialistes dans le domaine de la mobilité des travailleurs5.
12

Le présent audit n'a pas porté sur l'impact du «Brexit» sur la liberté de circulation, qui constitue un volet essentiel des négociations en cours entre l'Union et le Royaume-Uni. Il n'a pas non plus porté sur les conséquences du référendum sur l'immigration organisé en Suisse en 2014, dont les résultats influeront sur la liberté des travailleurs de l'UE de s'installer en Suisse, une fois que les mesures législatives qui en découlent auront été adoptées.

Observations

Partie I – La Commission a mis en place des outils pour garantir la libre circulation des travailleurs, mais elle dispose d'informations incomplètes sur la manière dont celle-ci fonctionne dans la pratique

13

Dans la première partie, nous examinons les outils mis en place par la Commission européenne pour aider les travailleurs qui envisagent de s'établir dans un autre État membre ou qui l'ont déjà fait. Nous nous intéressons également aux obstacles entravant la mobilité des travailleurs et aux mesures prises par la Commission pour les lever. Enfin, nous y évaluons les données collectées par la Commission pour assurer le suivi des flux de travailleurs et de la nature de leur mobilité, ainsi que des déséquilibres du marché du travail.

La Commission a mis en place des outils pour informer les citoyens de leurs droits, mais elle ne connaît pas le degré de notoriété actuel de ces outils

14

Il importe que les travailleurs déjà installés dans un autre pays ou qui envisagent de le faire aient accès aux informations sur leurs droits et sur les conditions de travail. De plus, les personnes auxquelles ces informations peuvent être utiles doivent savoir qu'elles existent et qu'elles sont accessibles.

15

La Commission informe les citoyens sur leurs droits et sur les possibilités en matière de mobilité des travailleurs au moyen de deux sites web prévus à cet effet: «L'Europe est à vous» et EURES (voir encadré 2).

Encadré 2

Travailler dans un autre État membre: informations sur les droits et les possibilités

  • Le site «L'Europe est à vous»6 fournit des informations d'ordre général sur le fait de travailler dans un autre État membre, notamment en ce qui concerne les droits fondamentaux et les questions relatives à la sécurité sociale; sa section «L'Europe vous conseille» donne accès à des services de conseil via un réseau d'experts juridiques sous contrat avec la Commission; le site fournit en outre des liens vers les organismes compétents, les règles applicables et les services d'assistance au niveau national.
  • Le portail EURES7 sur la mobilité de l'emploi permet d'accéder aux offres d'emploi publiées par les services publics de l'emploi (SPE) nationaux, ainsi qu'à des informations plus détaillées sur le marché du travail et la législation des différents États membres. Il offre également la possibilité de prendre contact avec des conseillers EURES spécialisés, qui peuvent aider les demandeurs d'emploi à s'y retrouver dans les diverses offres disponibles.
16

Par ailleurs, les États membres ont mis en place leurs propres sources d'information pour les citoyens de l'UE travaillant sur leur territoire ou pour leurs ressortissants désireux de travailler dans un autre État membre. Ces systèmes peuvent être alimentés par les pouvoirs publics, des syndicats ou d'autres organismes (voir encadré 3).

Encadré 3

Exemples d'États membres fournissant aux travailleurs des informations sur leurs droits dans un autre pays

Les autorités polonaises ont transposé les droits en matière de libre circulation des travailleurs et de mobilité dans leurs orientations à l'intention des ressortissants de l'UE qui s'installent en Pologne pour travailler et des citoyens polonais qui s'expatrient. Ces informations figurent dans des brochures rédigées en polonais, en allemand, en anglais et en français. Les brochures en question sont disponibles dans les ambassades et les consulats de Pologne situés dans les autres États membres, dans les centres polonais pour l'emploi et sur le site web du ministère de la famille, du travail et de la politique sociale.

Les autorités roumaines décrivent sur leurs sites web les droits légaux découlant de la liberté de circulation des travailleurs. Les consulats de Roumanie dans les autres États membres présentent également des informations concernant les conditions de travail dans le pays concerné et mettent à la disposition des ressortissants roumains des dépliants et des brochures consacrés à ces questions.

17

La Commission évalue la satisfaction des utilisateurs des portails «L'Europe est à vous» et EURES. En 2016, 64 % des visiteurs de «L'Europe est à vous» ont estimé que cet outil était bon ou excellent, 25 % qu'il était satisfaisant et 5 % qu'il était mauvais ou très mauvais. Quant aux utilisateurs d'EURES, 40 % ont affirmé qu'il était facile à trouver et qu'ils s'en serviraient de nouveau.

18

La Commission mesure la satisfaction des utilisateurs, mais pas le degré de notoriété de ces systèmes auprès des citoyens de l'UE. La nécessité de mieux les faire connaître a été mise en évidence dans les conclusions d'un rapport de la Commission de 20178, qui souligne que la plupart des utilisateurs du portail EURES l'ont trouvé en effectuant des recherches sur internet ou par pur hasard.

La Commission a mis en place des systèmes permettant de signaler les discriminations contraires à la libre circulation des travailleurs, mais l'ampleur de ces discriminations au niveau de l'UE reste une inconnue

19

Les travailleurs doivent être informés de leurs droits et avoir la possibilité de dénoncer toute discrimination contraire à leur liberté de circulation. Il est nécessaire de connaître les types de discrimination existants et leur ampleur pour pourvoir s'y attaquer.

20

Solvit est le système de la Commission européenne qui permet aux citoyens de dénoncer les règles ou les décisions injustes adoptées par les administrations publiques nationales. En 2016, Solvit a permis de traiter 2 414 cas ayant trait à tous les aspects du marché unique. La libre circulation des travailleurs correspond à une catégorie de griefs à part entière, mais d'autres catégories peuvent aussi y être indirectement liées, telles que la reconnaissance des diplômes professionnels, la sécurité sociale ou l'accès à l'éducation pour les membres de la famille. En 2016, 34 cas concernant la libre circulation des travailleurs ont été recensés.

21

Depuis 2010, la Commission a intenté contre les États membres 33 procédures en justice concernant la liberté de circulation et 21 portant sur des questions liées à la sécurité sociale, qui ont une incidence indirecte sur les droits qui en découlent.

22

Par comparaison avec les 11,3 millions de citoyens mobiles en âge de travailler que compte l'UE, le nombre de cas signalés sur Solvit et celui des procédures d'infraction apparaissent très faibles.

23

Parallèlement à Solvit, certains États membres ont mis en place leurs propres systèmes pour permettre aux citoyens de signaler les cas de discrimination et aux autorités de les traiter. Au Luxembourg, les travailleurs étrangers peuvent par exemple contacter l'inspection nationale du travail pour qu'elle assure le suivi de leurs plaintes. Dans d'autres États membres, comme l'Allemagne, les travailleurs peuvent s'adresser à des bureaux d'information tenus par les syndicats, dont les médiateurs spécialisés peuvent se saisir de leur plainte et en référer aux autorités nationales, ou encore contacter directement les employeurs en vue d'une conciliation.

24

En dehors du cadre de Solvit et de celui du réseau d'experts juridiques disponibles au travers du service «L'Europe vous conseille», la Commission n'a guère connaissance des cas soulevés au niveau national, lesquels ne lui sont pas systématiquement communiqués. Elle ne connaît donc pas vraiment l'ampleur des discriminations contraires à la libre circulation des travailleurs. Selon une directive de 20149, les États membres disposaient d'un délai courant jusqu'en 2016 pour désigner les organismes chargés de promouvoir l'égalité de traitement des travailleurs de l'Union et des membres de leur famille ainsi que d'assurer un suivi et un soutien en la matière. Les organismes ainsi désignés sont censés mener des enquêtes et des analyses sur les restrictions et obstacles injustifiés au droit à libre circulation, ou sur les cas de discrimination fondée sur la nationalité.

La Commission a pris des mesures pour lever les autres restrictions à la mobilité des travailleurs, mais certains obstacles subsistent

25

Les travailleurs peuvent aussi être confrontés à des obstacles qui, bien que ne constituant pas des violations de leurs droits, sont tout de même susceptibles de nuire à leur mobilité (par exemple, la non-reconnaissance des qualifications).

26

Si l'on en croit la Commission, «[les] difficultés qu'ils [les citoyens de l'Union qui souhaitent se rendre ou qui se rendent dans un autre État membre] rencontrent expliquent en partie pourquoi la mobilité d'un État membre à l'autre reste relativement limitée: selon l'«Enquête sur les forces de travail de l'Union européenne», en 2011, seuls 3,1 % des citoyens européens en âge de travailler […] vivaient dans un État membre autre que le leur»10.

27

Le tableau 2 présente les obstacles couramment relevés dans des documents de la Commission et qui entravent la mobilité des travailleurs, ainsi que les actions menées par l'institution et notre évaluation de leur efficacité. Ce tableau montre que la Commission a pris des mesures pour lever ces obstacles à la mobilité des travailleurs. Mais du point de vue des citoyens européens ayant l'intention de travailler dans un autre État membre, celles-ci ne sont pas toujours efficaces. La levée de ces obstacles reste un défi de taille pour l'Union européenne. Il convient par ailleurs de les considérer à la lumière du potentiel inexploité en matière de mobilité des travailleurs de l'Union: en 2014, les données d'enquête disponibles indiquaient qu'environ 2,9 millions de citoyens de l'UE auraient souhaité s'installer dans un autre État membres au cours des 12 mois suivants, mais qu'un peu plus d'un million d'entre eux seulement l'avaient fait.

Tableau 2

Obstacles ayant une incidence sur la mobilité des travailleurs, mesures prises par la Commission et évaluation de l'efficacité de ces mesures

Obstacles Responsables La Commission a-t-elle pris des mesures? Exemple de mesures prises L'obstacle entravant la mobilité des travailleurs a-t-il été levé efficacement?
Manque d'informations sur les droits légaux associés à la liberté de circulation des travailleurs Commission européenne Oui La Commission a mis en place:

- le portail «L'Europe est à vous»;
- le portail EURES.
Solvit
Oui
Informations insuffisantes sur les offres d'emploi Commission européenne et États membres Oui La Commission gère, en collaboration avec les services publics nationaux de l'emploi, le «portail EURES sur la mobilité de l'emploi», qui contient des informations générales sur les marchés nationaux du travail et fournit un accès direct aux offres d'emploi. Pas complètement

Le portail EURES sur la mobilité de l'emploi ne contient pas toutes les offres publiées au niveau national; les offres sont souvent incomplètes (voir points 51 à 57).
Différences en matière de sécurité sociale Commission européenne et États membres Oui En décembre 2016, dans le cadre de son paquet «Mobilité des travailleurs», la Commission a proposé une révision de l'actuel règlement (CE) n° 883/2004 et de son règlement d'application, visant essentiellement à ce que le paiement des prestations sociales incombe davantage à l'État membre qui a perçu les cotisations de sécurité sociale, de manière à rendre le système plus juste et plus équitable. Pas complètement

Actuellement, les États membres mettent davantage l'accent sur les formes complémentaires de revenu de retraite, qui s'ajoutent aux régimes nationaux de retraite de base. La directive 98/49/CE relative à la sauvegarde des droits à pension complémentaire des travailleurs salariés et non salariés ne couvre pas la portabilité de ces droits, à savoir la possibilité de les transférer lors d'un déménagement dans un autre État membre (alors que cela est déjà possible dans le cadre des régimes nationaux de retraite).
L'absence de portabilité peut constituer un frein majeur à la mobilité des travailleurs.
Non-reconnaissance des diplômes universitaires et professionnels Commission européenne et États membres Oui Reconnaissance automatique des diplômes universitaires

Mise en place d'un cadre européen pour les professions réglementées

Disponible depuis le 18 janvier 2016 seulement, la carte professionnelle européenne (CPE) est un nouvel outil visant à faciliter la reconnaissance des diplômes.
Pas complètement

Le rapport annuel 2016 sur la mobilité de la main-d'œuvre souligne que la non-reconnaissance des diplômes professionnels demeure un obstacle important à la mobilité.

Note: des informations plus détaillées sur les mesures prises et sur la manière dont nous les avons évaluées sont fournies à l'annexe I du présent rapport.

Source: Cour des comptes européenne.

28

L'encadré 4 montre quel type de mesures la Commission a pris et en quoi elles ne sont pas totalement efficaces.

Encadré 4

Exemple de mesures prise par la Commission pour lever un obstacle connu à la mobilité des travailleurs

Obstacle: «non-reconnaissance des diplômes universitaires et professionnels»

Mesure prise: la carte professionnelle européenne (CPE)

La Commission a créé la CPE pour les infirmières et autres professionnels de la santé, les chimistes, les physiothérapeutes, les moniteurs de ski et guides de montagne et les agents immobiliers. Il s'agit d'un certificat électronique que les demandeurs peuvent obtenir en présentant à l'autorité compétente de leur État membre d'origine, pour vérification, les pièces justificatives nécessaires à la reconnaissance. Celles-ci sont alors contrôlées avant d'être transmises à l'autorité compétente de l'État membre d'accueil, qui examine ensuite l'équivalence de la qualification professionnelle. S'il résulte de cet examen qu'aucune action de formation compensatoire n'est nécessaire, l'autorité en question délivre la CPE. Le but est de renforcer la transparence et la sécurité juridique pour les professionnels et d'accroître leur mobilité.

Depuis la mise en place de la CPE le 18 janvier 2016, 3 239 demandes de délivrance de cette carte ont été introduites dans l'ensemble de l'UE, dont 1 390 ont abouti (chiffres de juin 2017).

La Commission assure le suivi des flux de travailleurs et de la nature de leur mobilité, mais les données disponibles dans les États membres pourraient être mieux exploitées pour comprendre les déséquilibres du marché du travail

29

La collecte d'informations de bonne qualité sur les flux de travailleurs et la nature de leur mobilité est nécessaire pour faciliter la prise de décision en la matière au niveau national comme à celui de l'UE.

30

L'enquête sur les forces de travail (EFT) est la plus grande enquête menée auprès des ménages européens qui fournit des données sur la participation au marché du travail des personnes âgées de 15 ans et plus. Elle constitue la principale source des données utilisées par la Commission pour contrôler la nature de la mobilité des travailleurs11. Le rapport annuel sur la mobilité de la main-d'œuvre, qui s'appuie principalement sur les données de l'EFT, fournit des informations agrégées sur le nombre et les flux annuels de travailleurs mobiles. Le rapport est chaque année centré sur des thèmes précis. Pour 2016, il s'agissait notamment des travailleurs transfrontaliers et de la mobilité de retour.

31

En ce qui concerne le suivi de la mobilité des travailleurs, l'EFT présente certaines limites, reconnues par la Commission12:

  • répondre à l'enquête n'est obligatoire que dans 12 États membres seulement et les taux de non-réponse sont notoirement élevés chez les travailleurs étrangers, notamment du fait de la barrière de la langue;
  • dans de nombreux États membres, il se peut que les étrangers récemment arrivés et les travailleurs de courte durée ne soient pas couverts par l'enquête, l'EFT ne concernant que les personnes arrivées depuis au moins un an, conformément aux recommandations internationales relatives aux méthodes de recensement;
  • dans un grand nombre de pays, la taille réduite des échantillons limite la possibilité d'analyser les données par nationalité.
32

En 2015, la Commission a conclu que l'EFT ne suffisait pas et qu'il fallait améliorer l'information sur les flux de travailleurs entre les États membres de l'UE. La Commission produit annuellement un recueil des sources de données pertinentes disponibles dans les États membres. En 2016, presque tous les pays ont déclaré collecter des données de manière centralisée sur les ressortissants des autres États membres occupant un emploi ou inscrits en tant que demandeurs d'emploi. Certains services publics de l'emploi recueillent des données décrivant le profil «individuel» des travailleurs de l'UE; c'est le cas par exemple du système allemand, qui contient des informations sur la profession et/ou l'occupation des travailleurs, le type de travail qu'ils effectuent et leur niveau d'études. Cependant, ces données s'avèrent difficiles à utiliser en raison du manque de comparabilité entre les États membres.

33

En 2010, la Commission a lancé un projet intitulé «Monitoring labour market developments in Europe» (suivi des évolutions du marché du travail en Europe). Ce projet avait pour but de recueillir des informations actualisées sur les offres d'emploi, mais devait également servir d'outil d'alerte précoce concernant les goulets d'étranglement et les déséquilibres sur les marchés du travail dans l'UE. L'insuffisance des données, due notamment au manque d'informations comparables sur les emplois vacants par État membre, a rendu ce but difficile à atteindre. Celui-ci a ensuite été repris dans le règlement EURES de 201613, qui dispose que la programmation des programmes de travail nationaux des États membres devrait prendre en compte des données sur les flux de travailleurs et la nature de leur mobilité ainsi que l'analyse de la situation et des prévisions en ce qui concerne les excédents et les pénuries de main-d'œuvre. Dans son rapport de 201614, la Commission décrit en détail les travaux de recherche sur les pénuries et les excédents de main-d'œuvre et étudie la possibilité de faire correspondre, au niveau des États membres, les pénuries des uns avec les excédents des autres.

34

Nous avons constaté que les États membres en sont à différents stades en ce qui concerne la qualité et le niveau de détail des informations sur les déséquilibres en matière de compétences et de main-d'œuvre ainsi que sur l'ampleur de ces derniers. Parmi les États membres visités, l'Allemagne et le Royaume-Uni produisent des données qui vont au-delà de celles que la Commission est en mesure de fournir, et peuvent les partager de manière bilatérale avec les services publics de l'emploi des autres États membres (voir encadré 5). Dans son rapport de 2016, la Commission reconnaît également que la collecte de ces données doit être améliorée dans tous les États membres. En effet, seuls 13 des services publics de l'emploi qui ont communiqué des données aux fins de cette étude pouvaient fournir des informations sur l'ampleur des pénuries et des excédents sur leur marché du travail national. Au moment de la clôture de notre audit, l'évaluation complète des pénuries et des excédents de compétences et de main-d'œuvre n'était pas encore achevée.

Encadré 5

Exemples d'informations sur les déséquilibres en matière de compétences et de main-d'œuvre dans les États membres

En Allemagne, la Fachkräfteengpassanalyse fournit un aperçu détaillé de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée sur le marché du travail, par région et par secteur économique

Le service public allemand de l'emploi effectue une analyse des pénuries prévisibles de main-d'œuvre qualifiée (Fachkräfte en allemand), différenciée par secteur économique et par région. Cette initiative s'inscrit dans le contexte de l'évolution démographique du pays, du faible taux de chômage et des problèmes croissants en matière de recrutement de travailleurs spécialisés. La pénurie est mesurée sur la base du nombre de postes restés vacants (non pourvus), du taux de chômage au niveau régional et du ratio entre le nombre de chômeurs et celui des postes vacants. Ainsi, par exemple, pour la qualification particulière de spécialiste en mécatronique et en automatisation, le rapport fournit l'aperçu ci-après.

Main-d'œuvre spécialisée en mécatronique et automatisation, décembre 2016

Frontières administratives © EuroGraphics.

Source des données: Statistiques de l'agence fédérale de l'emploi.

Le service public allemand de l'emploi partage ces informations de manière bilatérale avec ses homologues dans d'autres États membres afin d'améliorer le recrutement de spécialistes auprès d'eux, mais les données ne sont ni collectées ni enregistrées au niveau de l'UE.

… tandis qu'au Royaume-Uni, les informations fournies sur les pénuries de compétences sont plus détaillées, au point de préciser les salaires pouvant être attendus

Au Royaume-Uni, le ministère de l'emploi et des pensions établit une liste des compétences que trop peu de personnes possèdent dans le pays, pour attirer les travailleurs mobiles. Cette liste couvre l'ensemble du territoire national (sauf l'Écosse, qui fait l'objet d'une liste séparée) et contient, pour chaque offre d'emploi, des informations spécifiques sur les postes à pourvoir et une indication du salaire minimum. Elle est accessible au public et partagée avec les autres États membres15.

Partie II – Faiblesses au niveau de la conception et du suivi des actions financées par l'UE pour faciliter la mobilité des travailleurs

35

Dans cette partie du rapport, nous examinons l'efficacité des financements de l'UE visant à faciliter la mobilité des travailleurs. Les instruments disponibles à cet effet sont le FSE et le programme EaSI. Nous avons analysé les dotations financières de ces deux instruments et la complémentarité entre leurs objectifs. Nous avons ensuite cherché à déterminer si ces instruments permettaient de soutenir efficacement la mobilité des travailleurs et comment le suivi des activités de cette nature était assuré.

36

En ce qui concerne les activités du volet EURES de l'EaSI, notre analyse a été centrée sur deux aspects: la conception et le suivi de la performance des projets EURES mis en œuvre par des partenariats transfrontaliers, d'une part, et l'efficacité du portail EURES sur la mobilité de l'emploi en matière de rapprochement entre demandeurs et offres d'emploi, d'autre part.

Le montant global des fonds de l'UE consacrés à la mobilité des travailleurs est inconnu et la complémentarité entre les différents financements n'est pas assurée

37

Lorsque l'UE finance des activités relevant d'une priorité majeure telle que la mobilité des travailleurs, la Commission devrait veiller à ce que les fonds utilisés soient traçables et puissent faire l'objet d'un suivi. Lorsque plusieurs types de financements de l'UE sont disponibles, leur complémentarité devrait être assurée.

38

La figure 5 présente une comparaison entre les dotations financières des différents instruments de l'UE concernant la mobilité des travailleurs. Le FSE a vocation à être le principal instrument de soutien à l'emploi, dont la mobilité des travailleurs fait partie intégrante. L'un des objectifs thématiques du FSE, l'OT 8 «Promouvoir un emploi durable et de qualité et soutenir la mobilité de la main-d'œuvre», et l'une des priorités d'investissement qui s'y rapportent, à savoir la septième, «modernisation des institutions du marché du travail […] y compris par des actions visant à améliorer la mobilité professionnelle», permettent aux États membres de programmer des activités en lien avec la mobilité. Les fonds du FSE alloués à l'OT 8, à savoir 27,5 milliards d'euros mis à la disposition des États membres pour favoriser la mobilité des travailleurs, dépassent de loin la dotation de 919 millions d'euros du programme EaSI, et en particulier celle de son volet EURES, dont les 165 millions d'euros sont aussi affectés aux questions concernant la mobilité des travailleurs.

Figure 5

Comparaison des différentes sources de financement en faveur de la mobilité des travailleurs

Source: Cour des comptes européenne.

39

Pour la période de programmation actuelle (2014-2020), les États membres pouvaient recourir au FSE pour financer leurs activités nationales relatives à EURES (par exemple les frais de personnel et les coûts informatiques supportés par les services publics de l'emploi participants) ainsi que l'élaboration de programmes et de stratégies spécifiques de mobilité aux niveaux local, régional, national et transfrontalier. Lorsque la Commission a présenté cette nouvelle approche aux États membres en 2013, elle a insisté sur l'objectif d'améliorer le fonctionnement des marchés du travail en renforçant la mobilité géographique transnationale des travailleurs16.

40

En 2013 et en 2014, au moment de l'approbation des programmes opérationnels relevant du FSE, la Commission n'a pas contrôlé dans quelle mesure les États membres avaient effectivement programmé des actions en faveur de la mobilité des travailleurs. En septembre 2015, après avoir approuvé les programmes opérationnels sous-jacents du FSE et afin de collecter ces informations, la Commission a adressé un questionnaire d'enquête aux États membres pour obtenir des données sur le montant du budget prévisionnel alloué à la mobilité professionnelle intra-UE et aux activités d'EURES au titre du FSE. Cependant, seuls 15 États membres ont répondu, dont 12 ont déclaré qu'ils feraient appel au FSE pour soutenir les services EURES. Pour ce qui est des ressources financières allouées à cette fin, les évaluateurs de l'enquête ont conclu qu'en raison de la grande diversité des réponses et de l'immense hétérogénéité dans la manière dont les dépenses sont indiquées (par an ou en montant cumulé), il était impossible de comparer les données reçues de la part de ces 15 pays. L'encadré 6 décrit la manière dont les différents États membres recourent au FSE pour soutenir les services EURES.

Encadré 6

Exemples d'activités d'EURES menées dans les États membres en faveur de la mobilité des travailleurs, avec indication de leur importance financière respective

Portugal

Le programme soutient les actions ciblant directement les demandeurs d'emploi ou les employeurs, notamment celles consistant à fournir des informations, des conseils et une aide au placement et au recrutement aux nationaux souhaitant travailler dans un autre État membre et aux employeurs désireux d'y recruter du personnel.

À cette fin, le Portugal a prévu un budget de 2,16 millions d'euros pour la période 2014-2020, ce qui représente 0,02 % de la dotation totale du FSE pour cette période (financements nationaux et de l'UE confondus), laquelle s'élève à 8,9 milliards d'euros.

Irlande

L'Irlande soutient les demandeurs d'emplois de différentes manières (participation à des salons de l'emploi, publications des offres d'emplois disponibles sur le marché européen sur JobsIreland, sur le portail EURES et sur la page Facebook EURES). Les employeurs peuvent organiser des salons de l'emploi, publier leurs offres sur le site JobsIreland et le portail EURES et bénéficier d'une aide lors d'événements de recrutement à l'étranger.

Dans ce cadre, l'Irlande a prévu un budget de 2,7 millions d'euros pour la période 2014-2020, ce qui représente 0,28 % de la dotation totale du FSE pour cette période (financements nationaux et de l'UE confondus), laquelle s'élève à 948 millions d'euros.

41

Lors de la conception du FSE, la mobilité des travailleurs dans l'UE n'a pas été considérée comme une priorité d'investissement à part entière17 ni ciblée d'une quelconque autre manière. Par conséquent, les budgets effectivement affectés aux activités d'EURES ou à la mobilité des travailleurs au titre du FSE dans les 28 États membres ne peuvent être déterminés et il est donc impossible de savoir à quelles fins précisément les fonds ont été utilisés.

42

Nous avons examiné les programmes opérationnels relevant du FSE mis en œuvre dans les États membres visités et n'avons pas été en mesure de déterminer les montants alloués au soutien à la mobilité des travailleurs. Sur la base de notre examen et des visites effectuées dans les États membres, nous avons établi que la programmation des actions en faveur de la mobilité des travailleurs au titre du FSE ne constituait pas une priorité pour eux. En Roumanie, par exemple, l'accent était mis sur l'incitation à la mobilité de retour, le flux constant de travailleurs quittant le pays ayant créé des pénuries dans des secteurs clés de l'économie (voir encadré 7).

Encadré 7

Facilitation de la mobilité des travailleurs par des financements du FSE dans les cinq États membres visités

État membre visité Le budget actuel du FSE sert-il à favoriser la mobilité des travailleurs au sein de l'UE?
Allemagne Non
Les financements du FSE ciblent l'insertion des jeunes, des chômeurs de longue durée et des migrants sur le marché du travail.
Luxembourg Non
Le FSE concerne les chômeurs de plus de 45 ans et l'intégration des chômeurs âgés de moins de 30 ans sur le marché du travail.
Pologne Dans une mesure limitée: une indemnité de déménagement financée sur ces fonds est par exemple octroyée aux jeunes qui s'établissent dans un autre État membre.
Roumanie Dans une mesure limitée, pour encourager la mobilité de retour en Roumanie par l'octroi de prêts individuels.
Royaume-Uni Non
La priorité est accordée aux groupes défavorisés sur le marché du travail, tels que les jeunes, les personnes handicapées et les personnes dont le niveau de qualification et de compétences est faible.
43

La réglementation sous-jacente définissant les règles horizontales applicables à l'ensemble des Fonds structurels et d'investissement européens (les «Fonds ESI», dont le FSE fait partie)18 impose de coordonner les différents Fonds ESI et les autres Fonds de l'UE, ainsi que d'en assurer la complémentarité. Le règlement établissant le programme EaSI dispose également que les activités menées dans le cadre du programme doivent être «cohérentes et complémentaires par rapport à d'autres actions de l'Union, telles que celles menées au titre des Fonds structurels et d'investissement européens»19. Cependant, comme le montre la figure 6, le programme EaSI et le FSE couvrent des actions de même nature ayant des objectifs comparables en ce qui concerne la mobilité des travailleurs. Les deux instruments peuvent servir à traiter les questions de mobilité des travailleurs au niveau transnational et prévoient des mesures spécifiques pour promouvoir la mobilité, y compris un soutien à la coopération entre les institutions concernées.

Figure 6

Objectifs du FSE et de l'EaSI faisant double emploi en matière de mobilité des travailleurs

Source: Cour des comptes européenne.

Les partenariats transfrontaliers favorisent la mobilité des travailleurs, mais la conception de leurs projets et leurs rapports sur l'efficacité présentent des lacunes

44

Les partenariats transfrontaliers bénéficiant du soutien du volet EURES de l'EaSI portent sur la mobilité des travailleurs. Ils rassemblent des partenaires provenant d'au moins deux États membres participants (ou pays associés), qui sont généralement des services publics nationaux de l'emploi, mais aussi d'autres acteurs tels que des organisations patronales, des syndicats ou des associations régionales. Dans le cadre du volet EURES de l'EaSI, les partenariats transfrontaliers peuvent demander une dotation annuelle pour financer leurs activités. Un exemple de projet mis en œuvre par un partenariat transfrontalier et financé au titre du volet EURES de l'EaSI est présenté dans l'encadré 8.

Encadré 8

Le partenariat transfrontalier du Rhin supérieur: un exemple de coopération de longue date et réussie

Source: http://www.interreg-oberrhein.eu/ablage/.

Le partenariat transfrontalier EURES-T du Rhin supérieur a été établi en 1999 entre les régions du sud du Palatinat et du pays de Bade (Allemagne), l'Alsace (France) et les cantons d'Argovie, de Bâle-Campagne, de Bâle-Ville, du Jura et de Soleure (Suisse). Quelque 93 000 travailleurs traversent quotidiennement les frontières, ce qui en fait la deuxième région comptant le plus grand nombre de frontaliers dans l'UE.

La coopération entre les services publics de l'emploi, les syndicats et les organisations patronales des trois pays concernés permet de faciliter l'emploi transfrontalier.

Le projet du partenariat transfrontalier du Rhin supérieur que nous avons examiné a été financé en partie par le volet EURES de l'EaSI et répond à huit des dix objectifs énoncés dans l'appel à propositions annuel publié par la Commission (les projets sont tenus de satisfaire un minimum de cinq objectifs pour être pris en considération).

L'objectif 4 «guichet unique» est une mesure couronnée de succès dans le Rhin supérieur: les trois conseillers EURES affectés à cette tâche sont joignables par téléphone ou par courriel et répondent aux questions des demandeurs d'emploi. En 2016, ce service a reçu 2 271 demandes.

L'objectif 5 impose aux partenariats transfrontaliers de concevoir et d'offrir des services innovants. Dans le cas du partenariat transfrontalier du Rhin supérieur, ces services ont pris la forme d'un soutien à l'apprentissage transfrontalier, qui permet notamment à de jeunes demandeurs d'emploi français d'effectuer un stage au sein d'une entreprise allemande.

Au moment du dépôt de la demande, rares sont les projets dont les résultats escomptés sont quantifiés
45

L'annexe II présente notre évaluation concernant les 23 projets (11 de 2015 et 12 de 201620) que nous avons examinés. Nous avons constaté que les activités financées et approuvées annuellement par la Commission se répétaient souvent d'une année à l'autre. Les activités les plus courantes consistaient en des conférences et des salons de l'emploi, des ateliers, des formations à la rédaction de CV ou des cours de langues. Certaines activités plus innovantes portaient entre autres sur l'utilisation des réseaux sociaux (Facebook, Linkedin ou encore Twitter) ou l'établissement de contacts avec des universités. Les activités de ce type ont rarement été programmées.

46

Nous avons constaté que 21 propositions de projet contenaient une description de la situation de départ, à savoir par exemple des informations sur les flux de travailleurs et sur les raisons de la mobilité transfrontalière dans la région. Cependant, neuf projets seulement comportaient des valeurs de référence chiffrées à l'aune desquelles les progrès pouvaient être mesurés (figure 7). Quatre autres projets de chacune des années comprenaient des statistiques pouvant servir de valeurs de référence chiffrées pour mesurer les progrès accomplis, mais elles n'ont pas été utilisées à cette fin.

Figure 7

Existence de valeurs de référence permettant de mesurer les progrès accomplis

Note: Une valeur de référence quantitative (ou chiffrée) correspond à une situation de départ par rapport à laquelle les résultats des projets peuvent être mesurés.

Une valeur de référence qualitative fournit uniquement une description de la situation transfrontalière et ne peut pas être utilisée pour mesurer les progrès.

Source: Cour des comptes européenne.

47

Les conventions de subvention relatives aux projets imposent la collecte et la présentation d'informations sur les «réalisations et les résultats des actions». Malgré cela, notre examen a montré que seuls 16 des 23 projets sélectionnés comportaient des valeurs cibles en matière de réalisations (par exemple un nombre donné de participants aux salons de l'emploi organisés dans le cadre du projet), et que des objectifs de résultats (à savoir, le plus souvent, le nombre de placements professionnels escompté) avaient été définis pour neuf projets seulement. Pour certains projets, il n'existait aucun lien direct entre les réalisations et les résultats, étant donné que des valeurs cibles avaient été fixées pour les premières, mais que les résultats escomptés n'avaient pas été définis. Nous avons cependant observé une amélioration de 2015 à 2016 en ce qui concerne la définition des objectifs de résultats, la part des projets qui en comportaient étant passée de 18 % en 2015 à 58 % en 2016.

48

L'encadré 9 montre la diversité des pratiques en matière de conception et de suivi de la performance dans le cadre des projets que nous avons examinés.

Encadré 9

Bonnes et mauvaises pratiques relevées dans les 23 projets mis en œuvre par des partenariats transfrontaliers EURES que nous avons examinés

Une mauvaise pratique

La majorité des projets faisait uniquement état des réalisations. Par exemple, le partenariat Euradria de coopération transfrontalière entre l'Italie, la Croatie et la Slovénie n'avait défini ni valeur de référence quantitative (situation de départ) ni objectif de résultats (à savoir le nombre de placements dans des emplois) et les résultats du projet (tels que le nombre de placements ou celui des emplois trouvés) n'ont pas été mesurés. Des données concernant ses réalisations, comme le nombre de participants aux conférences ou aux ateliers organisés, étaient toutefois fournies.

… mais aussi une bonne

Certains partenariats transfrontaliers de moindre envergure, comme celui entre le Danemark et la Suède (Øresund), définissent des actions plus ciblées et sont en mesure de fournir des chiffres sur les valeurs de référence, les valeurs cibles et les résultats des projets, comme le nombre de placements dans des emplois.

Le système de suivi de l'EaSI ne permet pas d'agréger les résultats effectifs des projets des partenariats transfrontaliers au niveau du programme
49

La Commission assure le suivi des activités des partenariats transfrontaliers au moyen de modèles standard de rapports, que chaque coordonnateur de projet est tenu de remplir. Le rapport contient un volet qualitatif et un volet quantitatif. Aucune donnée sur d'éventuels résultats ou réalisations concernant la mobilité des travailleurs ne figure dans le volet quantitatif. Le volet qualitatif du rapport est utilisé par de nombreux coordonnateurs de projets pour expliquer les réalisations, et parfois les résultats, mais comme ces explications sont facultatives, les rapports manquent d'uniformité et de cohérence et il est donc difficile d'agréger les réalisations et les résultats.

50

En 2016, la Commission a introduit un modèle de rapport supplémentaire pour les projets des partenariats transfrontaliers. Ce nouveau modèle requiert des données qui, comme nous l'avons constaté pour les projets examinés, étaient impossibles à extraire en raison des classifications statistiques nouvellement imposées. En outre, certaines des données complémentaires exigées dans le nouveau modèle ne proviennent pas des projets des partenariats transfrontaliers eux-mêmes, mais du questionnaire que la Commission adresse mensuellement à l'ensemble des conseillers EURES au sein de l'UE. Cela réduit la fiabilité des rapports établis pour les différents projets, puisque ceux-ci ne sont pas à l'origine des données. Globalement, les mesures prises pour améliorer le suivi ex post doivent encore être perfectionnées.

La Commission veut faire du portail EURES sur la mobilité de l'emploi un véritable outil de placement et de recrutement, mais cette ambition sera difficile à concrétiser

51

Le portail EURES sur la mobilité de l'emploi fournit aux demandeurs d'emploi des informations sur les marchés du travail des autres États membres ainsi qu'un accès aux offres d'emploi de l'ensemble des pays de l'UE et de l'AELE. De la même façon, il permet aux employeurs de publier leurs offres à l'intention des demandeurs d'emploi vivant dans d'autres pays que le leur. Le portail est géré par la Commission21.

Le portail EURES sur la mobilité de l'emploi ne contient qu'une petite partie des offres d'emplois disponibles
52

Dans son projet de règlement modifiant la réglementation applicable à EURES (adopté en tant que règlement (UE) 2016/589), la Commission a indiqué qu'«afin de promouvoir la libre circulation des travailleurs, toutes les offres d'emploi rendues publiques via des SPE, et d'autres membres d'EURES ou, le cas échéant, des partenaires d'EURES, devraient être publiées sur le portail EURES». Le «vivier incomplet d'offres d'emploi et de C.V. accessibles à l'échelon européen» était l'une des principales limitations d'EURES recensées par la Commission en 2014.

53

Les données qui nous ont été communiquées par les bureaux nationaux de coordination en réponse à notre enquête indiquent que dans 11 États membres, plus de 90 % des offres d'emploi publiées par les services publics de l'emploi l'ont également été sur le portail EURES sur la mobilité de l'emploi en 2016. En revanche, cette proportion est inférieure à 20 % pour quatre États membres, comme le montre la figure 8. Dans l'ensemble, une part importante des offres d'emplois des SPE nationaux ne sont pas publiées sur le portail EURES.

Figure 8

Pourcentage des offres disponibles auprès des SPE nationaux qui ont été publiées sur le portail EURES en 2016

Note: Les données proviennent des BNC des États membres qui ont répondu à notre enquête. Les données concernant l'Allemagne, l'Irlande, l'Espagne, la Pologne et la Roumanie n'étaient pas disponibles. Certains BNC ont fait état de problèmes techniques, tels que la saisie en double de certaines offres dans les bases de données nationales, par exemple lorsqu'un poste vacant fait l'objet de plusieurs annonces. Cela peut affecter la fiabilité des données communiquées.

Source: Cour des comptes européenne.

54

Nous avons analysé les données d'enquête provenant des BNC pour comparer la proportion d'offres publiées par les services publics de l'emploi nationaux sur EURES en 2015 avec celle de 2016. Pour 13 États membres, cette proportion était restée stable ou avait augmenté, mais pour neuf autres, elle avait diminué. Les données présentées à la figure 9 permettent d'estimer que la proportion d'offres publiées par les services publics de l'emploi sur le portail EURES a globalement baissé de 15 % en 2016 par rapport à 2015.

Figure 9

Évolution de la proportion d'offres publiées par les services publics de l'emploi sur le portail EURES entre 2015 et 2016

Note: Les données proviennent des BNC des États membres qui ont répondu à notre enquête. Les données concernant l'Allemagne, l'Irlande, l'Espagne, la Pologne et la Roumanie n'étaient pas disponibles. Certains BNC ont fait état de problèmes techniques, tels que la saisie en double de certaines offres dans les bases de données nationales, par exemple lorsqu'un poste vacant fait l'objet de plusieurs annonces. Cela peut affecter la fiabilité des données communiquées.

Source: Cour des comptes européenne.

55

En vertu du règlement (UE) 2016/589, les États membres ont été autorisés à donner à l'employeur la possibilité de refuser la publication d'une offre d'emploi sur le portail EURES «après qu'il a procédé à une évaluation objective de toutes les exigences relatives au poste concerné, à savoir les aptitudes et compétences précises requises pour remplir correctement les fonctions du poste, sur la base de laquelle il justifie le refus de publication de l'offre pour ces seuls motifs». Dans les États membres que nous avons visités, c'est principalement pour cette raison que le nombre d'offres d'emplois disponibles sur EURES était nettement plus faible que celui des offres publiées sur les sites des services publics de l'emploi. Les employeurs peuvent simplement choisir de ne pas publier leurs offres d'emploi sur EURES, sans la moindre justification.

56

Cependant, même si les services publics de l'emploi publiaient sur le portail EURES toutes les offres figurant dans leurs bases de données nationales, cela ne représenterait encore qu'une faible proportion de toutes celles qui sont disponibles sur le marché du travail. Par exemple, au Luxembourg, les offres figurant dans la base de données nationale du service public de l'emploi ne représentent que 18 % de tous les recrutements effectués chaque année sur le marché du travail. Les offres d'emploi des employeurs luxembourgeois publiées sur le portail EURES ne représentent quant à elles que 4 % de ces recrutements.

57

Dans une récente enquête22 effectuée auprès des utilisateurs d'au moins l'un des 11 différents sites de l'UE destinés aux citoyens et consacrés aux compétences et à l'emploi, 36 % seulement des personnes interrogées ont déclaré qu'elles utiliseraient très probablement EURES si elles étaient amenées à chercher un emploi dans un autre pays. Parallèlement aux réponses de ces utilisateurs finals, 10 des 27 bureaux nationaux de coordination qui ont répondu à notre propre questionnaire d'enquête estiment qu'EURES est moins efficace que le système de leur service public de l'emploi en tant que portail d'insertion professionnelle pour les demandeurs, ou de recrutement pour les employeurs.

Les informations fournies aux demandeurs d'emploi dans les offres publiées sont incomplètes
58

Pour tenter de comprendre les difficultés pratiques auxquelles les demandeurs d'emploi sont confrontés lorsqu'ils utilisent le portail EURES, nous avons analysé des offres d'emploi à l'aide de quelques critères de référence correspondant à des informations qui nous semblaient utiles pour toute recherche d'emploi. Nous avons sélectionné deux métiers, «ingénieur en électricité/électronique» et «aide-soignant». Pour chacune de ces professions, nous avons sélectionné de manière aléatoire un total de 50 offres d'emploi, publiées sur EURES depuis neuf pays différents. Leur examen a montré que les informations mises à la disposition des demandeurs d'emploi pouvaient encore être considérablement améliorées. Par exemple, 39 des offres en question ne comportaient pas de date limite de dépôt des candidatures, 28 ne fournissaient aucune information sur le niveau d'étude requis, 26 ne précisaient pas le niveau de qualification exigé pour le poste, 44 n'indiquaient même pas la date de l'entrée en service, 33 ne donnaient aucune information sur le nombre d'heures de travail par semaine et 35 ne précisaient pas le montant du salaire.

Le suivi des placements dans des emplois réalisés par l'intermédiaire du réseau EURES n'est pas fiable, alors qu'il s'agit d'un indicateur de performance clé du programme EaSI

59

Mesurer le nombre de placements dans des emplois réalisés par l'intermédiaire du réseau EURES permet d'apprécier son efficacité. Selon la Commission, en 2016, 28 934 placements professionnels ont été menés à bien grâce au soutien apporté par les conseillers EURES. Ce chiffre représente 3,7 % du nombre de contacts entre des demandeurs d'emplois et des conseillers EURES.

60

Ces informations sont collectées par la Commission au moyen d'un questionnaire mensuel adressé directement aux conseillers EURES. Leur précision pose problème: en moyenne, 60 % des conseillers répondent et les informations qu'ils fournissent sont fondées sur des estimations personnelles qui ne sont corroborées par aucun autre élément. Lorsque nous nous sommes entretenus avec eux au cours de nos visites, les représentants des bureaux nationaux de coordination étaient rarement en mesure de valider les chiffres présentés par la Commission dans les documents de suivi accessibles au public. Afin d'améliorer la fiabilité des données collectées pour mesurer l'efficacité des activités du volet EURES de l'EaSI, la réforme d'EURES opérée en 2016 a également imposé à la Commission d'adopter des modalités précises pour la collecte et l'analyse de données en vue de superviser et d'évaluer le fonctionnement du réseau EURES23.

61

Dans le cadre de notre enquête, seuls 3 des 27 bureaux nationaux de coordination qui ont répondu ont déclaré être capables de mesurer le nombre de placements dans des emplois. Les deux principales difficultés en la matière sont:

  • la possibilité pour les employeurs de retirer des offres d'emploi sans préciser si l'emploi a été pourvu par un «demandeur d'emploi EURES» (réponse fournie par 21 États membres);
  • l'absence de suivi systématique des offres d'emploi publiées sur EURES (par exemple, les offres sont clôturées après un certain temps) (16 États membres).

Les bureaux nationaux de coordination allemand et britannique ont tous deux cessé de mesurer cet indicateur pour leurs propres bases de données d'offres d'emploi, préférant utiliser un indicateur de résultat, tel que le taux d'emploi, pour mesurer l'efficacité. La Commission procède actuellement à une révision du système de mesure de la performance d'EURES, y compris ses indicateurs de performance, mais elle entend conserver l'indicateur relatif aux placements dans des emplois. Pour que celui-ci soit fiable, il faudra toutefois résoudre les problèmes décrits ci-dessus.

Conclusions et recommandations

62

Globalement, nous estimons, en conclusion, que si la Commission a mis plusieurs outils en place pour garantir la liberté de circulation des travailleurs, ils peuvent toutefois être améliorés. Par ailleurs, il est impossible de déterminer les actions financées par l'UE en faveur de la mobilité des travailleurs par l'intermédiaire du FSE, tandis que l'efficacité de celles menées dans le cadre du programme EaSI ne peut être vérifiée de manière appropriée.

63

La Commission a mis à la disposition des travailleurs un certain nombre d'outils pour les informer de leurs droits. Toutefois, le niveau de connaissance qu'en ont les citoyens reste indéterminé. Les travailleurs disposent de plusieurs canaux pour signaler les cas de discrimination liée à la libre circulation des travailleurs, mais aucune vue d'ensemble de ces cas n'existe. D'autres restrictions à la libre circulation perdurent, malgré les mesures prises par la Commission (voir points 14 à 28).

64

L'enquête sur les forces de travail (EFT) est le principal outil utilisé par la Commission pour collecter des données sur la mobilité des travailleurs, mais elle ne donne qu'une image incomplète des flux de travailleurs et de la nature de leur mobilité. Les États membres disposent de données plus pertinentes, mais la collecte, à l'échelle européenne, de données comparables en vue de favoriser la mobilité des travailleurs reste un chantier inachevé (voir points 29 à 34).

65

La mobilité des travailleurs peut être soutenue financièrement par l'UE au titre du FSE et du programme EaSI. La similarité des objectifs respectifs de ces deux instruments rend leur complémentarité difficile à garantir. La Commission ne sait pas de quelle manière les États membres utilisent le FSE pour soutenir les actions en faveur de la mobilité des travailleurs. Le cadre de suivi du programme EaSI présente un certain nombre de faiblesses. Les financements octroyés au titre du programme EaSI n'ont guère eu d'impact sur le nombre de placements enregistrés au regard du nombre de travailleurs mobiles (voir points 35 à 50).

66

Le portail EURES ne deviendra un véritable outil européen de placement que si ses lacunes, comme le faible taux d'offres d'emplois qui y sont publiés, sont corrigées (voir points 51 à 60).

67

Nous formulons donc les recommandations ci-après.

Recommandation n° 1 – Mesurer le niveau de connaissance qu'ont les citoyens de l'UE des outils à leur disposition pour s'informer sur la liberté de circulation des travailleurs et signaler les discriminations

  1. La Commission devrait mesurer le degré de notoriété d'EURES, de «L'Europe est à vous» et de Solvit auprès des citoyens.
  2. Une fois leur degré de notoriété connu, la Commission et les États membres devraient utiliser ces informations pour promouvoir et orienter efficacement ces outils.

Délai de mise en œuvre de cette recommandation: juillet 2018.

Recommandation n° 2 – Mieux utiliser les informations disponibles afin de recenser les types de discrimination contraires à la liberté de circulation

La Commission devrait utiliser davantage les données facilement accessibles auprès des États membres et lui permettant d'avoir une meilleure connaissance de la nature des discriminations et de la manière dont elles varient d'un État membre à l'autre. Ces informations permettraient de mieux cibler les mesures de lutte contre la discrimination.

Délai de mise en œuvre de cette recommandation: décembre 2018.

Recommandation n° 3 – Améliorer la collecte et l'utilisation des données sur les flux de travailleurs, sur la nature de leur mobilité et sur les déséquilibres du marché du travail

La Commission devrait, en collaboration avec les États membres, améliorer la collecte des données relatives à la mobilité des travailleurs ainsi que leur comparabilité, notamment de manière à pouvoir déterminer la typologie des travailleurs concernés et la mesure dans laquelle cette mobilité pourrait remédier aux déséquilibres du marché du travail.

Ces analyses devraient par la suite se traduire par des interventions ciblées visant à corriger les déséquilibres en matière de compétences observés sur le marché du travail. Cela devrait être mis en place avant le début de la prochaine période de programmation pour que les États membres puissent s'en servir dans leurs décisions de mise en œuvre des programmes européens tels que ceux financés par le FSE.

Délai de mise en œuvre de cette recommandation: mars 2020.

Recommandation n° 4 – Améliorer la conception des mécanismes de financement de l'UE en faveur de la mobilité des travailleurs

Actuellement, la mobilité des travailleurs relève spécifiquement du FSE et du programme EaSI. La Commission devrait déterminer la façon d'améliorer les mécanismes de mise en œuvre des différents financements proposés par l'UE, cela afin d'en assurer la complémentarité et d'améliorer le suivi de leur performance.

Délai de mise en œuvre de cette recommandation: mars 2020 (dans le contexte du nouveau cadre financier pluriannuel).

Recommandation n° 5 – Améliorer le suivi de l'efficacité du volet EURES de l'EaSI, notamment en matière de placement

  1. La Commission devrait perfectionner son cadre de suivi pour les projets concernant les partenariats transfrontaliers financés par le volet EURES de l'EaSI, afin qu'au stade de la demande, un lien clair soit établi entre les valeurs cibles, les réalisations et les résultats, ce qui permettrait d'améliorer les rapports de suivi au terme des projets et faciliterait l'agrégation des résultats de ces derniers au niveau des programmes.
  2. La Commission devrait renforcer le système de mesure de la performance du volet EURES de l'EaSI en communiquant des modalités précises en matière de collecte et d'analyse de données aux États membres, de manière à leur permettre d'assurer la collecte de données fiables sur les activités d'EURES, en particulier concernant les placements.

Délai de mise en œuvre de cette recommandation: juillet 2018.

Recommandation n° 6 – Remédier aux faiblesses du portail EURES sur la mobilité de l'emploi

Les États membres devraient remédier aux faiblesses actuelles du portail EURES sur la mobilité de l'emploi afin d'en faire «un véritable outil européen de placement et de recrutement» d'ici à 2018. Ils peuvent y parvenir:

  1. en veillant à ce que la proportion des offres d'emploi des services publics de l'emploi reprises sur EURES augmente, ce qui implique de revoir les conditions dans lesquelles les employeurs peuvent refuser la publication de leurs offres sur ce portail;
  2. en améliorant la qualité des offres d'emploi, ce qui suppose que les services publics de l'emploi veillent à ce que ne soient publiées sur le portail EURES que les offres comprenant des informations de bonne qualité, comme la date limite de dépôt des candidatures, le type d'emploi offert, le niveau de salaire et la localisation du poste. La présence de telles informations améliorerait les résultats tant pour les demandeurs d'emploi que pour les employeurs.

Délai de mise en œuvre de cette recommandation: juillet 2019.

Le présent rapport a été adopté par la Chambre II, présidée par Mme Iliana IVANOVA, Membre de la Cour des comptes, à Luxembourg en sa réunion du 24 janvier 2018.

Par la Cour des comptes

Klaus-Heiner LEHNE
Président

Annexes

Annexe I

Vue d'ensemble de notre évaluation des actions de la Commission visant à supprimer les obstacles à la mobilité des travailleurs

Obstacles Responsables La Commission a-t-elle pris des mesures? Quels sont les principaux éléments de l'action de la Commission? L'obstacle à la mobilité des travailleurs est-il efficacement levé du point de vue des travailleurs? Explication de notre appréciation
Manque d'informations sur les droits légaux associés à la liberté de circulation des travailleurs Commission européenne Oui La Commission a mis en place:
le portail «L'Europe est à vous»
le portail EURES
Solvit
Oui1 Les portails «L'Europe est à vous» et EURES constituent de bons outils pour obtenir des informations sur les droits individuels et sur les marchés nationaux du travail.
Solvit est un système efficace pour signaler les traitements injustes de la part des administrations nationales et «L'Europe vous conseille» offre la possibilité de contacter un expert juridique.
Informations insuffisantes sur les offres d'emploi Commission européenne et États membres Oui La Commission gère le portail EURES sur la mobilité de l'emploi en collaboration avec les SPE nationaux.
Le 13 décembre 2016, la Commission a présenté une proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant les règles de l'UE en matière de coordination de la sécurité sociale. L'objectif est de moderniser les règles en vigueur afin de veiller à ce qu'elles soient équitables, claires et plus simples à appliquer et, partant, d'ajouter de la transparence et de la clarté juridiques dans plusieurs domaines de la coordination de la sécurité sociale. La proposition de la Commission a été transmise au Parlement européen et au Conseil en vue d'un débat.
Pas complètement Le portail EURES demeure un vivier incomplet d'offres d'emploi, car il ne contient pas toutes les offres accessibles au niveau des services publics nationaux de l'emploi.
Les offres d'emplois publiées par ces derniers sur EURES sont souvent incomplètes, ce qui réduit leur utilité pour les travailleurs intéressés par un poste à l'étranger.
Différences en matière de sécurité sociale Commission européenne et États membres Oui Le règlement (CE) n° 883/2004 et son règlement d'application portent sur les aspects suivants:
  • l'augmentation du nombre de domaines de la sécurité sociale concernés par le règlement, de manière à y inclure les régimes de préretraite légale;
  • le renforcement du principe général d'égalité de traitement ainsi que du principe d'exportabilité des prestations;
  • l'introduction du principe de bonne administration: les institutions des États membres sont obligées de coopérer entre elles et de s'entraider au bénéfice du citoyen;
  • la mise en place d'un système spécial (Échange électronique d'informations sur la sécurité sociale – EESSI) permettant le partage sécurisé de données entre les institutions nationales; en juillet 2017, la Commission européenne a déployé le logiciel devant permettre ces échanges électroniques. Les États membres disposent à présent de deux ans pour connecter leurs systèmes nationaux afin de permettre l'échange électronique complet des données à des fins de coordination de la sécurité sociale.

La directive 2014/50/UE sur l'acquisition et la préservation des droits à pension complémentaire a été adoptée le 16 avril 2014. Elle fixe les prescriptions minimales pour la protection des droits à pension des travailleurs mobiles.
En décembre 2016, dans le cadre de son paquet «Mobilité des travailleurs», la Commission a proposé une révision du règlement (CE) n° 883/2004 et de son règlement d'application n° 987/2009. Cette révision visait essentiellement à ce que le paiement des prestations incombe davantage à l'État membre qui a perçu les cotisations de sécurité sociale, et ce afin de rendre le système plus juste et plus équitable.
Pas complètement Les États membres mettre actuellement l'accent sur les formes complémentaires de revenu de retraite, qui s'ajoutent aux régimes nationaux de retraite de base. La directive 98/49/CE relative à la sauvegarde des droits à pension complémentaire des travailleurs salariés et non salariés ne couvre pas la portabilité des droits à pension complémentaire, à savoir la possibilité de transférer ces droits à pension lors d'un déménagement dans un autre État membre (alors que cela est déjà possible pour les régimes nationaux de retraite).
L'absence de portabilité peut constituer un frein majeur à la mobilité des travailleurs.
La récente directive 2014/50/UE vise à résoudre ce problème. Elle fixe des prescriptions minimales visant à accroître la mobilité des travailleurs entre les États membres en améliorant l'acquisition et la préservation des droits à pension complémentaire. Les États membres sont censés la transposer dans leur législation nationale au plus tard en mai 2018.
Non-reconnaissance des diplômes universitaires et professionnels Commission européenne et États membres Oui Reconnaissance automatique des diplômes universitaires
Mise en place d'un cadre européen pour les professions réglementées
La carte professionnelle européenne (CPE) est un nouvel outil de facilitation de la reconnaissance, qui n'est disponible que depuis le 18 janvier 2016. Une première série de professions a adopté cet outil le 30 juin 2017: 3 239 demandes de CPE ont été enregistrées, pour 1 390 cartes délivrées.
Oui

pour la reconnaissance des qualifications dans les professions réglementées
Le rapport annuel 2016 sur la mobilité de la main-d'œuvre souligne que la non-reconnaissance des diplômes professionnels demeure un obstacle important à la mobilité.

La Commission a mis en place une base de données reprenant les professions réglementées dans les États membres et indiquant quelles sont les autorités compétentes à consulter en matière de reconnaissance des qualifications et des diplômes. L'audit a montré que lorsqu'elle est correctement mise en œuvre, la reconnaissance des diplômes réglementés fonctionne bien, avec un taux d'accueil favorable élevé pour les demandes introduites.

La CPE peut être étendue à d'autres professions répondant aux critères énoncés dans la directive sur les qualifications professionnelles. Cependant, aucune date n'a encore été fixée pour cette extension, qui sera envisagée lorsqu'une plus grande expérience pratique du fonctionnement de la CPE aura été acquise et sous réserve que toutes les parties concernées aient été consultées, y compris les autorités des États membres. La Commission fait actuellement le bilan de la première année de fonctionnement de la CPE.
Pas complètement

pour la reconnaissance des qualifications professionnelles

1Le degré de notoriété global de ces systèmes n'ayant pas encore été mesuré, il est impossible de savoir s'ils sont connus de tous les travailleurs qui cherchent un emploi dans un autre État membre.

Annexe II

Vue d'ensemble de notre évaluation des 23 projets mis en œuvre par les partenariats transfrontaliers EURES et financés par le programme EaSI que nous avons examinés

Intitulé du projet États membres participants Subvention octroyée par l'UE (maximum, en euros) Taux d'exécution Objectifs Valeur de référence Valeurs cibles Suivi
qualitative quantitative en matière de réalisations en matière de résultats des réalisations des résultats
2015/0062 EURADRIA 2015 IT, SI, HR 193,159.97 82.95 % 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8 et 9 Oui Non* Oui Non Oui Non
2015/0272 EURADRIA 2016 IT, SI 198,014.90 76.23 % 1, 2, 3, 4, 6 et 7 Oui Non* Oui Non Oui Non
VS/2015/0096 Northen Ireland/ Rep of Ireland 2015 IE, UK 220,663.32 82.46 % 1, 2, 3, 5, 7, 8 et 9 Oui Non* Oui Non Non Non
VS/2015/0283 Northern Ireland/Rep of Ireland 2016 IE, UK 221,283.35 86.01 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8 et 9 Oui Non* Oui Oui Non Non
VS/2015/0065 Galicia-North Portugal 2015 ES, PT 205,581.27 65.69 % 1, 2, 4, 5, 7 et 8 Oui Non* Non Non Oui Oui
VS/2015/0279 Galicia-North Portugal 2016 ES, PT 233,254.30 69.11 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 10 Oui Non* Non Oui Oui Non
VS/2015/0066 Bayern-Tschechien 2015 DE, CZ 335,107.34 68.98 % 1, 2, 3, 4, 7 et 8 Oui Oui Oui Non Oui Non
VS/2015/0284 Bayern-Tschechien 2016 DE, CZ 708,075.60 82.95 % 1, 2, 3, 4, 7 et 8 Oui Oui Oui Oui Oui Oui
VS/2015/0072 Oberrhein 2015 DE, FR, (SW) 485,053.56 76.22 % 1, 2, 3, 4, 7 et 8 Oui Non Non Non Oui Oui
VS/2015/0314 Oberrhein 2016 DE, FR, (SW) 460,806.23 91.20 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8 Oui Non Non Oui Oui Non
VS/2015/0068 Oresund 2015 DK, SE 198,172.19 84.70 % 1, 2, 3, 4, 8 et 9 Oui Oui Oui Oui Oui Oui
VS/2015/0278 Oresund 2016 DK, SE 195,512.96 80.97 % 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 9 Oui Oui Oui Oui Oui Oui
VS/2015/0082 Scheldemond 2015 NL, BE 213,504.91 71.24 % 1, 2, 3, 6, 7 et 8 Non Oui Oui Non Oui Oui
VS/2015/0285 Scheldemond 2016 NL, BE 214,281.46 77.29 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 Oui Oui Oui Non Oui Oui
VS/2015/0084 ERW-ERMN-EMR 2015 DE, BE, NL 617,629.20 87.99 % 1, 2, 3, 4, 5, 7 et 8 Oui Non Oui Non Oui Oui
VS/2015/00281 ERW-ERMN-EMR 2016 DE, BE, NL 671,117.63 72.60 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 Oui Non Oui Non Oui Oui
VS/2015/0095 Triregio 2015 DE, CZ, PL 216,130.78 85.32 % 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8 et 9 Oui Non* Oui Non Oui Non
VS/2015/0266 Triregio 2016 DE, CZ, PL 261,093.85 77.22 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9 et 10 Oui Non* Oui Non Oui Oui
VS/2015/0101 Grande Region 2015 FR, BE, DE, LU 600,000 100.00 % 1, 2, 3, 4, 7 et 8 Oui Oui Non Non Oui Oui
VS/2015/0277 Grande Region 2016 FR, BE, DE, LU 646,242.28 97.87 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 Oui Oui Non Non Oui Non
VS/2015/0111 Pannonia 2015 HU, AT 254,188.53 86.23 % 1, 2, 3, 4, 5 et 8 Non Non Oui Oui Oui Non
VS/2015/0268 Pannonia 2016 HU, AT 278,728 98.04 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8 et 9 Oui Oui Non Oui Non Non
VS/2015/0287 Beskydy 2016 CZ, PL, SK 272,124.90 43.58 % 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 Oui Non Oui Oui Oui Non

Légende:

Objectifs: les chiffres indiqués correspondent aux références des activités sélectionnées: 1) Services à la clientèle destinés aux travailleurs; 2) Services à la clientèle destinés aux employeurs; 3) Facilitation de la mise en concordance des offres et des demandes; 4) Guichet unique; 5) Conception et mise en œuvre de services innovants; 6) Suivi des placements; 7) Suivi de la mobilité; 8) Renforcement de la coopération entre partenariats transfrontaliers; 9) Projets de placements spécifiques (par exmple dans des PME); 10) Création de nouveaux organismes d'aide.

* «Non» signifie qu'il existe des statistiques pouvant servir de valeur de référence quantitative, mais qu'elles ne sont pas utilisées de manière cohérente (absence de suivi).

Réponses de la Commission

Synthèse

I

L’Union européenne célébrera en 2018 le 50e anniversaire du règlement fondateur relatif à la libre circulation des travailleurs. La Commission estime qu’en dépit des nombreux progrès accomplis depuis 1968 dans le domaine de la mobilité de la main-d’œuvre en Europe, comme le montrent les chiffres mentionnés par la Cour des comptes européenne (CCE), il est toujours nécessaire de veiller à ce que les règles et les instruments de l’Union soient mis en œuvre d’une manière équitable, simple et efficace. Cette nécessité a amené la Commission à proposer, dans son programme de travail pour 2018, la création d’une Autorité européenne du travail. Le rapport spécial de la CCE fournit, dans ce contexte, une analyse et des recommandations utiles.

III

Des activités de sensibilisation sont inscrites dans les stratégies et activités de communication pour chaque instrument et outil pertinent. La Commission estime que l’efficacité des actions financées par le programme de l’Union européenne pour l’emploi et l’innovation sociale (EaSI), qui facilitent la mobilité de la main-d’œuvre, fait en général l’objet d’un suivi approprié.

IV

La Commission admet que des obstacles à la mobilité persistent. Celle-ci reste donc l’une de ses priorités, passant par le renforcement de sa législation et de ses instruments principaux ainsi que par la présentation de nouvelles initiatives ambitieuses.

V

C’est d’ailleurs pour cette raison que la Commission a introduit des dispositions spécifiques à ce sujet dans sa proposition de règlement EURES. Tous les États membres devraient maintenant contribuer à l’analyse des informations conformément à l’article 30 du règlement (UE) 2016/589. La Commission espère qu’avec le temps, la disponibilité et la qualité des données concernant les pénuries et les excédents de main-d’œuvre en seront améliorées.

VI

Le FSE recense déjà 18 priorités d’investissement. Nombre de priorités d’investissement «sectorielles» visent à aider les citoyens à trouver un emploi (ou un meilleur emploi) et à assurer de meilleures perspectives d’épanouissement personnel à tous. Un tel soutien vient donc renforcer les chances, pour tous les travailleurs, de trouver un emploi là où ils sont utiles, à l’intérieur ou à l’extérieur de leur région ou de leur État membre. De plus, les États membres et les régions doivent également satisfaire aux critères dits de concentration thématique (voir article 4 du règlement 1304/2013). L’ajout d’une priorité d’investissement contribuerait à affaiblir cet objectif.

VII

La Commission concède que les synergies peuvent être affinées et elle s’efforce d’améliorer les résultats de ses programmes ainsi que de les rendre plus transparents grâce à un meilleur système de suivi.

VIII

Le modèle standard de rapport final d’exécution technique comprend, dans le volet quantitatif, une section sur les réalisations au titre du soutien, où il convient de saisir le nombre de services fournis en termes d’information, de conseils, de placements et de recrutement. C’est l’un des indicateurs qui est précisément lié aux services habituellement fournis dans le cadre de partenariats transfrontaliers. Il existe donc une base claire à l’établissement de rapports cohérents tout au long du programme.

En outre, les coordonnateurs de projets expliquent généralement leurs résultats de façon plus détaillée dans le volet qualitatif du rapport, où sont indiqués et expliqués les indicateurs quantitatifs atteints grâce au partenariat transfrontalier, par exemple le nombre de placements créés. Ces indicateurs sont ensuite diffusés et communiqués au moyen de rapports de suivi concernant les projets et organisations financés par l’EaSI, disponibles sur EUROPA (sept volumes sont actuellement accessibles au public; le prochain est en préparation).

IX

Ce pourcentage devrait s’accroître avec la mise en œuvre intégrale du règlement (UE) 2016/589.

La Commission observe qu’il incombe aux détenteurs des données disponibles sur les portails de recherche d’emploi nationaux d’assurer la qualité intrinsèque et la qualité technique des données en la matière, comme indiqué dans le règlement (UE) 2016/589. Dans le cadre établi par ce règlement, la Commission est autorisée par les fournisseurs de données nationaux à récupérer des données sur les portails de recherche d’emploi nationaux, mais elle n’est pas habilitée à corriger ou à modifier leurs données. Lorsqu’elle détecte des incohérences techniques, des incidents ou des données obsolètes, elle les communique aux fournisseurs de données nationaux concernés et les invite à prendre les mesures nécessaires. Ce mandat consistant à faire état d’anomalies ne comprend pas la possibilité de formuler des observations sur la qualité intrinsèque (le contenu) des données relatives aux offres d’emploi.

X

La Commission souligne que le rôle du personnel d’EURES est de fournir aux travailleurs des informations et des orientations et de les aider lors de la mise en correspondance des offres et des demandes d’emploi et du placement. Les contacts avec des travailleurs cherchant à obtenir des informations ou ayant des questions spécifiques en vue de résoudre ces problèmes constituent également d’importantes réalisations en termes de soutien à la population visée.

Le degré de réussite d’un placement professionnel doit être évalué par rapport au nombre de demandes spécifiques d’aide au placement. Les taux de placement peuvent varier selon la population visée (niveau d’expérience et compétences requises) et la nature des offres d’emplois (difficiles à pourvoir ou pas). Pour cette raison, aucun objectif ou indicateur n’a été fixé par la Commission quant à la définition en général d’un taux de placement réussi.

XI
  1. La Commission accepte la recommandation et souligne qu’elle prend déjà des mesures afin d’étendre l’utilisation des outils existants.
  2. La Commission accepte la recommandation.

    Les activités de l’Autorité européenne du travail prévue (voir réponse au point I) devraient permettre à la Commission de recourir davantage à ce type d’information.

  3. La Commission constate que la recommandation est en partie adressée aux États membres.

    Dans la mesure où ce point la concerne, la Commission accepte la recommandation et souligne qu’elle prend déjà des mesures afin d’étendre l’utilisation des outils existants.

  4. La Commission accepte la recommandation en ce sens qu’elle vise à examiner comment la conception des mécanismes de financement de l’UE en faveur de la mobilité de la main-d’œuvre peut être améliorée de manière générale dans la perspective de l’élaboration du prochain cadre financier pluriannuel.
XII

e)La Commission constate que la recommandation est adressée aux États membres.

f)La Commission constate que la recommandation est adressée aux États membres.

La Commission poursuivra ses efforts en vue de remédier à ses limites; elle tiendra compte des suggestions de la CCE en suivant de plus près l’application de la disposition relative au choix des employeurs de ne pas publier leurs offres d’emploi sur EURES et en soutenant les États membres dans les efforts qu’ils déploient pour améliorer, à leur niveau, la qualité des offres à publier en général.

Introduction

08

L’autorité législative a décidé en 2017 de revoir les seuils entre les trois volets du programme EaSI en introduisant plus de souplesse et, partant, la possibilité d’un financement supplémentaire pour le volet EURES.

Observations

18

Le portail EURES sur la mobilité de l’emploi est, en 2017, le site le plus visité du domaine «.europa.eu» (à la date du 4.12.2017) avec 14,12 millions de visites et 46,2 millions de vues. La Commission comprend que les deux critères mentionnés par la CCE (recherches sur internet ou pur hasard) s’avèrent assez efficaces. La Commission considère également que cela reflète un travail de sensibilisation efficace sur le terrain de la part de ses partenaires spécifiques.

30

L’enquête sur les forces de travail (EFT) est la principale source, car il s’agit d’une enquête harmonisée permettant d’établir des comparaisons valables entre les pays participants. Les données communiquées (axées sur la citoyenneté ou le pays de naissance) sont agrégées à un niveau qui doit satisfaire aux critères de fiabilité des enquêtes par sondage.

La Commission souligne la valeur importante de l’EFT pour l’analyse de la mobilité professionnelle intra-UE (et des migrations). L’EFT bénéficie ainsi d’une reconnaissance internationale par le monde de la recherche universitaire et politique et elle est massivement utilisée pour répondre aux questions concernant la mobilité intra-UE, les migrations, etc.

31

Les limites de l’EFT relevées par la CCE sont progressivement prises en compte par le système statistique. Il convient cependant d’observer que l’EFT n’est pas conçue pour couvrir spécifiquement les citoyens mobiles de l’Union et les migrants, mais l’ensemble de la population.

Premier tiret: les États membres essaient d’encourager la participation des étrangers et appliquent des méthodes de correction pour les non-réponses. Certains pays utilisent notamment la nationalité dans la correction des non-réponses et dans leur procédure de pondération. Les questionnaires et les entretiens sont souvent proposés dans des langues étrangères.

Les États membres, en collaboration avec Eurostat, s’efforcent d’accroître les taux de réponse en général.

Deuxième tiret: bien que la règle des 12 mois conduise à une sous-estimation des migrations très récentes ainsi que des travailleurs de courte durée et saisonniers, elle donne un aperçu complet plus cohérent du marché de l’emploi, également pour les étrangers.

Troisième tiret: l’objectif général est de disposer d’un échantillon suffisamment important qui permette d’analyser un large éventail de caractéristiques et de comportements relatifs aux marchés du travail par nationalité et/ou pays de naissance, à un niveau fiable. C’est fréquemment le cas pour les plus grands États membres et en Europe occidentale, mais pas pour l’ensemble des pays ou des régions.

Si l’EFT ne permet pas de ventilations fiables par nationalité et/ou pays de naissance dans certains pays et dans certaines régions, cela pourrait indiquer que le phénomène de la mobilité intra-UE et des migrations dans ces pays est rare, voire négligeable.

32

Afin d’analyser les flux de mobilité de la main-d’œuvre, la Commission utilise tout d’abord des données harmonisées fournies par Eurostat (principalement des données démographiques et des données de l’EFT). La Commission a recours au recueil cité élaboré avec les États membres lorsqu’une analyse plus détaillée s’avère nécessaire.

Ces sources de données complémentaires, bien que non harmonisées par Eurostat, peuvent être très utiles dans certains cas, en l’absence d’autres données fiables ou comparables. C’était notamment le cas pour le rapport de 2015 sur le fonctionnement des mesures transitoires sur la libre circulation des travailleurs en provenance de Croatie.

Outre la collecte de données sur la sécurité sociale réalisée à l’échelle nationale, une collecte de données complète a été établie à l’échelle de l’UE en ce qui concerne la coordination des systèmes de sécurité sociale entre les États membres (voir article 91 du règlement (CE) nº 987/2009) afin d’évaluer le fonctionnement des règles de coordination de l’UE en matière de sécurité sociale.

34

La Commission souligne qu’elle a introduit des dispositions pertinentes dans sa proposition de règlement EURES dans le but, précisément, d’améliorer la collecte de données sur les pénuries et les excédents de main-d’œuvre. Tous les États membres devraient maintenant contribuer à l’analyse des informations conformément à l’article 30 du règlement (UE) 2016/589. La Commission prévoit ainsi une amélioration progressive de la disponibilité des données.

40

En 2015, la Commission a choisi de procéder à une enquête unique auprès des États membres, alors que la plupart d’entre eux avaient achevé leur programmation, afin de déterminer dans quelle mesure la mobilité a été programmée au titre du FSE. De plus, bien qu’elle n’ait pas assuré de suivi systématique de l’avancement de ces mesures, la Commission a choisi de soutenir les États membres en organisant un événement EURES–FSE sur l’apprentissage mutuel et le réseautage, les 17 et 18 novembre 2015. L’événement a réuni le personnel dirigeant du FSE et des responsables de projets chargés de la mobilité professionnelle intra-UE et de projets EURES afin de recenser les bonnes pratiques. Il a mis en lumière les possibilités que le FSE peut offrir pour développer les activités d’EURES et a montré que quelques États membres ont mis en place de nouveaux mécanismes liés aux services.

41

Le FSE recense déjà 18 priorités d’investissement. Nombre de priorités d’investissement «sectorielles» visent à aider les citoyens à trouver un emploi (ou un meilleur emploi) et à assurer de meilleures perspectives d’épanouissement personnel à tous. Un tel soutien vient donc renforcer les chances, pour tous les travailleurs, de trouver un emploi là où ils sont utiles, à l’intérieur ou à l’extérieur de leur région ou de leur État membre.

De plus, les États membres et les régions doivent également satisfaire aux critères dits de concentration thématique (voir article 4 du règlement 1304/2013). L’ajout d’une priorité d’investissement contribuerait à affaiblir cet objectif.

Réponse commune de la Commission aux points 42 et 43

La Commission considère que l’EaSI complète le FSE pour ce qui est d’atteindre l’objectif d’emploi et d’inclusion sociale de la stratégie Europe 2020 en encourageant l’innovation sociale. La logique qui préside à la promotion de l’innovation sociale par le FSE ressemble à l’approche des projets EaSI, qui consiste à tester, à évaluer et enfin à développer les innovations.

Dans le domaine de la mobilité professionnelle et de l’accès aux marchés du travail, il existe des complémentarités avec le FSE. Les projets EaSI ont une configuration transnationale, tandis que la mise en œuvre des actions du FSE relève de la compétence d’un État membre dans le cadre de ses règles nationales. Les actions du FSE se concentrent sur le soutien des travailleurs au niveau national (fourniture d’informations et de services, mesures actives sur le marché de l’emploi), alors que l’EaSI fournit un appui horizontal pour le fonctionnement du réseau européen de recherche d’emploi (EURES) dans son ensemble. L’EaSI appuie également des projets qui permettent d’atteindre des groupes cibles particuliers dans toute l’UE en vertu des mêmes règles, assurant ainsi l’égalité de traitement et une logique des programmes (c’est-à-dire des programmes de mobilité ciblés tels que «Ton premier emploi EURES» pour les jeunes travailleurs mobiles). Ainsi, le financement de l’EaSi complète, avec ses services spécifiques, l’offre plus générale d’information, d’assistance et de conseils fournie, à l’échelle nationale, aux travailleurs intéressés par la mobilité.

Comme l’ont démontré des travaux de recherche récents, la rationalisation de certaines règles pour l’ensemble des fonds pourrait contribuer à maximiser le potentiel des complémentarités et synergies existant entre l’EaSI et le FSE.

45

La Commission reconnaît que nombre des projets mis en œuvre par des partenariats transfrontaliers comportent des activités qui sont récurrentes dans la mesure où elles ont pour objectif de répondre aux besoins de la population concernée selon des façons qui correspondent à ses modalités de travail traditionnelles. Toutefois, afin d’encourager aussi l’innovation en matière de prestations de services dans les régions transfrontalières, la Commission a introduit dans l’appel à propositions de 2016 un volet spécifique invitant à soumettre de nouvelles modalités ou activités en rapport avec la coopération transfrontalière ou de nouveaux partenariats transfrontaliers. Un projet a été sélectionné au titre de ce volet.

46

La Commission reconnaît l’importance du recours à des valeurs de référence chiffrées et à des objectifs quantitatifs pour mesurer les progrès accomplis et elle souligne que ses modèles de présentation des propositions de projets et de compte rendu des résultats obtenus visent à faciliter la communication de ces données.

47

La Commission reconnaît l’importance du lien entre les réalisations et les résultats, mais elle est également consciente des difficultés rencontrées par les bénéficiaires des projets pour rendre compte de ces liens dans un délai d’un an. Pour cette raison, la Commission étudie s’il ne serait pas plus judicieux de permettre une prolongation de la période de mise en œuvre des projets retenus au titre d’appels à propositions ouverts dans ce domaine.

Réponse commune de la Commission aux points 49 et 50

Le système de suivi actuel inclut les indicateurs de performance clés (IPC) qui permettent de surveiller les partenariats transfrontaliers au niveau du programme.

Le dernier rapport de suivi de la performance de l’EaSI pour 2015-20161 analyse la couverture de partenariats transfrontaliers sur la base de certains IPC. Une révision et une analyse critique de l’ensemble du système des IPC sont prévues en 2018 dans le cadre du prochain contrat de suivi des performances du programme EaSI.

Le modèle standard de rapport final d’exécution technique comprend, dans le volet quantitatif, une section sur les réalisations au titre du soutien, où il convient de saisir le nombre de services fournis en termes d’information, de conseils, de placements et de recrutement. C’est l’un des indicateurs qui est précisément lié aux services habituellement fournis dans le cadre de partenariats transfrontaliers. Il existe donc une base claire à l’établissement de rapports cohérents tout au long du programme.

En outre, les coordonnateurs de projets expliquent généralement leurs résultats de façon plus détaillée dans le volet qualitatif du rapport, où sont indiqués et expliqués les indicateurs quantitatifs obtenus atteints grâce au partenariat transfrontalier, par exemple le nombre de placements créés. Ces indicateurs sont ensuite diffusés et communiqués par des rapports de suivi concernant les projets et organisations financés par l’EaSI, disponibles sur EUROPA (sept volumes sont actuellement disponibles au public; le prochain est en préparation)2.

53

La Commission note que le pourcentage des offres disponibles au niveau national qui le sont également sur le portail EURES dépend fortement de l’État membre. Ce pourcentage est présenté chaque année dans le tableau d’affichage du marché unique publié par la Commission (voir http://ec.europa.eu/internal_market/scoreboard/).

Comme indiqué ci-dessus, ce pourcentage devrait s’accroître avec la mise en œuvre intégrale du règlement (UE) 2016/589.

54

La Commission reconnaît qu’il peut y avoir une diminution de la proportion des offres dans certains États membres. La mise en œuvre intégrale du règlement (UE) 2016/589 devrait résoudre ce problème.

55

Le mécanisme permettant aux employeurs de choisir de ne pas publier d’offres d’emploi sur EURES, auquel la Cour fait expressément référence, exige que la demande en ce sens soit «dûment justifiée au regard des exigences en matière d’aptitudes et de compétences relatives au poste concerné». En conséquence, cette dérogation doit reposer sur des raisons objectives de l’employeur individuel et doit être soumise à l’examen du fournisseur de données [services publics de l’emploi (SPE) ou autre)]. La Commission surveillera l’application correcte de cette disposition.

56

La Commission concède que le degré actuel de transparence des données relatives aux offres d’emploi ne représente pas toutes les offres disponibles sur le marché du travail.

L’un des objectifs principaux du nouveau règlement EURES (UE) 2016/589 est d’accroître la transparence en matière d’échange d’informations entre membres et partenaires d’EURES en mettant à disposition, sur le portail EURES, toutes les offres d’emploi rendues publiques via les SPE et d’autres membres et partenaires d’EURES. L’acte de base a introduit une liste d’exceptions commune et complète en ce qui concerne le partage à l’échelle de l’UE des offres d’emploi rendues publiques au niveau national. Cela représente une amélioration significative par rapport au passé où, par exemple, certains pays ne publiaient pas les offres d’emploi concernant les contrats à durée déterminée (inférieure à six mois). De plus, le règlement ne permet plus que les données disponibles à l’échelon régional par l’intermédiaire des SPE soient exclues, puisque l’obligation concerne toutes les offres d’emploi en possession des SPE qui ont été rendues publiques.

En outre, les systèmes nationaux d’admission, que les États membres doivent avoir mis en place d’ici mai 2018 conformément au règlement, devraient avoir pour objectif d’accueillir dans ce réseau d’autres organisations, telles que des services de l’emploi privés ou du troisième secteur. Cette approche pourrait renforcer le partenariat public-privé sur la transparence des marchés du travail nationaux et, partant, du marché du travail européen.

Appliquées de façon appropriée, ces mesures devraient accroître considérablement le nombre d’offres d’emploi disponibles et permettre, dans les prochaines années, de régler le problème observé.

Il est difficile de faire une estimation de la part de marché totale (de l’UE) et il convient d’examiner les différents pays et les divers facteurs déterminant les parts de marché. Lors de la comparaison des chiffres du portail EURES avec le nombre total d’offres d’emploi dans les pays fourni par Eurostat, les services de la Commission ont obtenu des résultats différents (voir le tableau d’affichage du marché unique).

Les parts d’offres d’emploi disponibles sur les bases de données des SPE dépendent, entre autres, de la mission de l’administration des SPE et de la gestion de la qualité qu’ils garantissent.

La Commission a l’intention de surveiller cela conjointement avec les États membres dans le cadre du système de mesure de la performance d’EURES qui devrait être mis en place en 2018, conformément à l’article 9, paragraphe 2, point c), du règlement.

Conclusions et recommandations

62

La Commission estime que l’efficacité des actions financées par le programme de l’Union européenne pour l’emploi et l’innovation sociale (EaSI), qui facilitent la mobilité de la main-d’œuvre, peut en général faire l’objet d’un suivi approprié.

La Commission attire l’attention sur les rapports de suivi publiés concernant des projets du programme «Ton premier emploi EURES» dans le cadre du volet EURES de l’EaSI et des actions de la Commission visant à contrôler l’efficacité des projets EaSI en général. Le dernier rapport de suivi sur les projets et organisations financés par l’EaSI (volume 73) comprend 15 projets financés par le volet EURES de l’EaSI représentant un large éventail de données, telles que:

  • résultats des projets, effets mesurés, réalisations, enseignements tirés,
  • dimension transnationale, stratégie de diffusion,
  • valeur ajoutée européenne, mesures de durabilité,
  • mesures d’égalité des sexes,
  • information sur les activités mises en œuvre, coordonnateur et partenaires de projet, site web.
63

Les chiffres indiquent une utilisation assez impressionnante des outils existants, en particulier du portail EURES sur la mobilité de l’emploi. Il existe en effet plusieurs canaux pour obtenir des renseignements sur la mobilité du travail et pour rendre compte de tous les obstacles. La Commission est d’avis qu’un «guichet unique» s’avérerait utile; cette option est au centre de sa future proposition instituant une Autorité européenne du travail.

64

La Commission souligne la valeur importante de l’EFT pour l’analyse de la mobilité professionnelle intra-UE (et des migrations). L’EFT bénéficie ainsi d’une reconnaissance internationale par le monde de la recherche universitaire et politique et elle est massivement utilisée pour répondre aux questions concernant la mobilité intra-UE, les migrations, etc.

65

La Commission concède que les synergies peuvent être affinées et elle s’efforce d’améliorer les résultats de ses programmes ainsi que de les rendre plus transparents grâce à un meilleur système de suivi.

66

La Commission considère que les lacunes évoquées par la CCE dans ce point, ainsi que d’autres (telles que la disponibilité des CV), devront être corrigées afin que le portail EURES devienne un véritable outil européen d’insertion professionnelle.

67 Recommandation nº 1 — Mesurer à quel point les citoyens de l’UE connaissent les outils existants en matière d’information sur la liberté de circulation des travailleurs et de signalement des discriminations

Les activités de sensibilisation menées auprès des citoyens et des entreprises de l’UE (y compris auprès de la population visée) font partie des stratégies et activités de communication de chaque instrument et outil pertinent. L’efficacité de ces activités sera également mesurée au moyen du travail d’évaluation (ex post).

a) La Commission accepte la recommandation et souligne qu’elle prend déjà des mesures, notamment pour étendre l’utilisation du portail «L’Europe est à vous» et pour accroître la notoriété de SOLVIT, comme indiqué dans le plan d’action adopté le 2 mai 2017.

À cet égard, des mesures améliorant la «repérabilité» de ces portails sont mises en œuvre par la Commission, dont l’optimisation du référencement.

b) La Commission accepte la recommandation et souligne qu’elle prend déjà des mesures visant à étendre l’utilisation des outils existants. Elles bénéficieront toutefois des dispositions concernant la promotion de la prochaine passerelle numérique unique, dont le règlement est actuellement en cours de négociation au Parlement européen et au Conseil.

Délai de mise en œuvre: le délai de mise en œuvre prévu dépend, entre autres choses, de la négociation en cours du règlement sur la passerelle numérique unique et du processus de mise en œuvre de certaines des initiatives relevant du plan d’action SOLVIT.

Recommandation nº 2 — Mieux utiliser les informations disponibles afin de recenser les types de discrimination contraires à la liberté de circulation

La Commission accepte la recommandation.

Les travaux de l’Autorité européenne du travail prévue (voir réponse au point I) devraient permettre à la Commission de recourir davantage à ce type d’information.

Le délai de mise en œuvre prévu (décembre 2018) dépendra également de l’achèvement de la procédure législative concernant la proposition de règlement instituant l’Autorité européenne du travail.

Recommandation nº 3 – Améliorer la collecte et l’utilisation des données sur les flux de main-d’œuvre et les formes de mobilité de celle-ci, ainsi que sur les déséquilibres des marchés du travail

La Commission constate que la recommandation est en partie adressée aux États membres.

Dans la mesure où ce point la concerne, la Commission accepte la recommandation et souligne qu’elle prend déjà des mesures dans ce sens.

Elle a reconnu cette nécessité dans sa proposition de règlement EURES présentée en 2014. L’article 29 de l’acte de base adopté par le Parlement européen et le Conseil, à savoir le règlement (UE) 2016/589, se réfère à la nécessité d’assurer le suivi des flux et des formes de mobilité de la main-d’œuvre et de rendre publiques les informations à ce sujet; l’article 30 introduit, lui, l’obligation, pour tous les États membres, de fournir des informations sur les pénuries et les excédents de main-d’œuvre, sur le marché du travail national et par secteur, en accordant une attention particulière aux groupes les plus vulnérables sur le marché du travail et aux régions les plus touchées par le chômage; ils contribuent tous deux à l’amélioration recommandée.

La Commission s’attache avec les États membres à améliorer les données disponibles dans le cadre de l’enquête sur les forces de travail (EFT) et par l’intermédiaire des services publics de l’emploi (SPE) dans le but d’identifier les possibilités de mobilité de la main-d’œuvre.

L’amélioration de la collecte des données relatives aux pénuries et aux excédents de main-d’œuvre devrait effectivement permettre d’utiliser ces données plus directement lors de la programmation des activités de mise en correspondance des offres et demandes d’emploi et de recrutement pour EURES.

Recommandation nº 4 – Améliorer la conception des mécanismes de financement de l’UE en faveur de la mobilité de la main-d’œuvre

La Commission accepte la recommandation en ce sens qu’elle a pour but d’analyser comment la conception des mécanismes de financement de l’UE en faveur de la mobilité de la main-d’œuvre peut être améliorée en général dans la perspective de la préparation du prochain cadre financier pluriannuel.

Elle élabore actuellement le prochain cadre financier pluriannuel et mène plusieurs études afin d’évaluer la situation en ce qui concerne le FSE et l’EaSI.

La Commission estime que, dans le système actuel, la complémentarité est assurée de manière adéquate. Pour l’avenir (après 2020), la Commission placera la complémentarité au centre de sa ou de ses propositions.

Recommandation nº 5 – Améliorer le suivi de l’efficacité du volet EURES de l’EaSI, notamment en matière d’insertion professionnelle

a) La Commission accepte la recommandation et poursuivra ses efforts en vue d’améliorer le suivi d’EURES, y compris les résultats obtenus dans le cadre de projets financés par l’EaSI au titre du volet EURES.

La Commission collaborera étroitement avec les bénéficiaires des projets afin d’améliorer, à cette fin, la fourniture de données au stade du rapport des projets.

b) La Commission constate que la recommandation est en partie adressée aux États membres. La Commission accepte la recommandation dans la mesure où elle la concerne.

En 2016, la Commission a lancé la préparation d’un système de mesure de la performance pour EURES, conformément à l’article 32 du règlement (UE) 2016/589, en vigueur depuis le 12 mai 2016. L’examen a pour objet d’améliorer le système de rapport pour EURES, notamment en ce qui concerne les placements professionnels. La Commission a l’intention d’adopter un acte d’exécution concernant les modalités uniformes précises en matière de collecte et d’analyse de données en vue de superviser et d’évaluer le fonctionnement du réseau EURES. Les exigences de suivi des projets EaSI au titre du volet EURES seront adaptées aux exigences du système de mesure de la performance, une fois qu’il sera en place.

Recommandation nº 6 – Remédier aux faiblesses du portail EURES sur la mobilité de l’emploi

La Commission constate que la recommandation est adressée aux États membres.

  1. La Commission constate que la recommandation est adressée aux États membres.
  2. La Commission constate que la recommandation est adressée aux États membres.

La Commission poursuivra ses efforts en vue de remédier aux limites du portail; elle tiendra compte des suggestions de la CCE en suivant de plus près l’application de la disposition relative au choix des employeurs de ne pas publier leurs offres d’emploi sur EURES et en soutenant les États membres dans les efforts qu’ils déploient pour améliorer, à leur niveau, la qualité des offres à publier en général.

Glossaire, sigles et acronymes

Actifs – Personnes en situation d'emploi ou au chômage (selon l'enquête sur les forces de travail de l'UE).

Association européenne de libre-échange (AELE) – L'Association européenne de libre-échange est une organisation intergouvernementale regroupant l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, créée pour promouvoir le libre-échange et la coopération économique entre ses membres, en Europe et dans le reste du monde.

Carte professionnelle européenne – Certificat électronique délivré suivant la première procédure de reconnaissance des qualifications disponible entièrement en ligne dans toute l'UE.

Enquête sur les forces de travail (EFT) – Enquête européenne portant sur un échantillon de ménages et qui fournit des résultats trimestriels et annuels sur la participation au marché du travail des travailleurs âgés de 15 ans et plus.

EU-28 – L'ensemble des 28 États membres de l'UE

Fonds social européen (FSE) – Le Fonds social européen a pour mission de renforcer la cohésion économique et sociale dans l'Union européenne en améliorant l'emploi et les possibilités d'emploi (essentiellement grâce à des actions de formation), ainsi qu'en encourageant un niveau élevé d'emploi et la création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité.

Fonds structurels et d'investissement européens (Fonds ESI) – L'UE octroie plus de la moitié de ses financements par l'intermédiaire des cinq Fonds structurels et d'investissement européens. Ceux-ci sont gérés conjointement par la Commission européenne et les États membres de l'UE. L'objectif de ces fonds est d'investir dans la création d'emplois et dans une économie et un environnement européens durables et sains.

Gestion directe – Méthode d'exécution du budget de l'UE directement par les services de la Commission.

Gestion partagée – Méthode d'exécution du budget de l'UE selon laquelle la Commission européenne délègue des tâches d'exécution aux États membres, mais assume la responsabilité budgétaire en dernier ressort.

Liberté de circulation et de séjour – Principe établi par le traité de Maastricht en 1992 pour l'ensemble des citoyens de l'Union. La suppression progressive des frontières intérieures en application des accords de Schengen a été suivie de l'adoption de la directive 2004/38/CE relative au droit des citoyens de l'Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner librement sur le territoire de l'UE. Ce droit se distingue de la libre circulation des travailleurs.

Mobilité de l'emploi à long terme – Le fait pour une personne de travailler dans un autre État membre pendant au moins un an.

Mobilité de retour – Mouvement migratoire de citoyens de l'EU-28 retournant dans leur pays d'origine depuis un autre État membre.

Mobilité des travailleurs – Droit de tout citoyen de l'UE à la libre circulation des travailleurs, telle qu'elle est définie à l'article 45 du traité sur le fonctionnement de l'UE. Elle comprend les droits de déplacement et de séjour des travailleurs, les droits d'entrée et de séjour des membres de leur famille, ainsi que le droit d'exercer une activité professionnelle dans un autre État membre de l'Union et d'être traité sur un pied d'égalité avec les ressortissants de cet État membre. Dans certains pays, des restrictions s'appliquent aux citoyens des nouveaux États membres.

Objectif thématique (OT) – Objectif que les Fonds structurels et d'investissement européens sont appelés à soutenir. Les objectifs thématiques font le lien avec les objectifs stratégiques définis au niveau de l'UE.

Partenariats transfrontaliers – Groupements de membres et de partenaires associés du réseau EURES, soutenus financièrement par le programme EaSI. Ces groupements coopèrent à longue échéance par-delà les frontières afin de soutenir la mobilité des travailleurs frontaliers. Ils font intervenir les services de l'emploi régionaux ou locaux, les partenaires sociaux et d'autres organismes (chambres de commerce, syndicats, universités, autorités locales, etc.) d'au moins deux États membres voisins.

Période de programmation – Cadre pluriannuel dans lequel les dépenses des Fonds structurels et du Fonds de cohésion sont planifiées et effectuées.

Personne en âge de travailler – Personne âgée de 15 à 64 ans (classification utilisée par Eurostat). Cependant, dans les publications telles que le rapport sur la mobilité de la main-d'œuvre, la Commission ne prend en considération que les personnes âgées de 20 à 64 ans. C'est cette dernière classe d'âge que nous avons retenue dans le présent rapport.

Portail «L'Europe est à vous» – Site web géré par la Commission et fournissant des informations, de l'aide et des conseils sur les droits des ressortissants et des entreprises de l'UE (en matière de voyage, de travail, d'achat de produits et services, de possibilités de financement, d'affaires et de procédures).

Programme de l'Union européenne pour l'emploi et l'innovation sociale (EaSI) – Programme de l'UE dont le volet «EURES» vise à soutenir des activités destinées à encourager la mobilité géographique volontaire des travailleurs dans des conditions équitables et à contribuer à un taux élevé d'emplois durables et de qualité.

Programme opérationnel (PO) – Programme établissant les priorités et les objectifs spécifiques d'un État membre, ainsi que les modalités d'utilisation des fonds (cofinancement public et privé par l'UE et l'État membre) au cours d'une période déterminée (généralement sept ans) pour financer des projets. Ces projets doivent contribuer à la réalisation d'un certain nombre d'objectifs définis au niveau de l'UE. Les PO peuvent bénéficier de financements du Fonds européen de développement régional (FEDER), du Fonds de cohésion (FC) et du Fonds social européen (FSE). Ils sont élaborés par les États membres et doivent être approuvés par la Commission préalablement à tout paiement sur le budget de l'UE.

Réalisation – Ce qui est produit ou accompli avec les moyens affectés à une intervention (par exemple, formations dispensées aux jeunes chômeurs, nombre d'installations de traitement des eaux usées ou de kilomètres de routes construites, etc.).

Réseau européen des services publics de l'emploi (EURES) – Le réseau européen des organisations du marché du travail vise à faciliter la liberté de mouvement des travailleurs dans l'UE. Il se compose du bureau européen de coordination, des bureaux nationaux de coordination, des partenaires EURES et des partenaires associés d'EURES. Créé en 1993, EURES permet d'échanger les offres et demandes d'emploi et fournit des informations concernant les conditions de vie et de travail. Ces informations sont partagées par l'intermédiaire d'un portail sur la mobilité de l'emploi. Outre les États membres de l'EU-28, l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse participent également à ce réseau. Au total, il y a plus de 850 conseillers EURES actifs au sein du réseau, qui fournissent un soutien et des conseils.

Résultat – Effet immédiat du programme pour les bénéficiaires (par exemple, le fait pour des stagiaires d'avoir trouvé un emploi, la diminution du niveau de polluants présents dans des eaux résiduaires traitées, la réduction du temps de trajet, etc.).

Services publics de l'emploi – Organismes des États membres chargés de l'application des politiques actives du marché du travail et de la prestation de services liés à des emplois de qualité dans l'intérêt général. Ils peuvent faire partie des ministères, des organismes publics ou des sociétés de droit public compétents.

Solvit – Système de la Commission européenne permettant aux citoyens de déposer plainte contre des règles ou des décisions injustes adoptées par les administrations des États membres.

Stratégie Europe 2020 – Stratégie décennale de l'Union européenne pour la croissance et l'emploi. Elle a été lancée en 2010 et vise à mettre en place les conditions d'une croissance intelligente, durable et inclusive.

Travailleur – Terme désignant à la fois les personnes en situation d'emploi, les demandeurs d'emploi et les chômeurs.

Travailleur frontalier – Tout citoyen de l'UE ou de l'AELE qui travaille dans un pays de l'UE ou de l'AELE autre que celui dans lequel il réside.

Travailleurs mobiles – Citoyens de l'EU-28 qui se rendent dans un autre État membre ou dans un pays de l'AELE autre que celui dont ils ont la nationalité pour chercher un emploi ou pour s'insérer sur le marché du travail à long terme ou à titre permanent.

Travailleurs mobiles récents – Travailleurs qui résident depuis 10 ans au plus dans un pays de l'UE autre que celui dont ils ont la nationalité.

Valeur de référence – Les valeurs de référence servent de base pour fixer des valeurs cibles, puis pour en évaluer la réalisation.

Notes

1 Les trois autres libertés sont la libre circulation des marchandises, celle des capitaux et celle des services. Par contraste avec les travailleurs exerçant leur droit à la liberté de circulation, les travailleurs détachés sont envoyés temporairement par leur employeur dans un autre État membre pour effectuer une prestation de services. Leur situation relève donc de la libre circulation des services et sort dès lors du cadre de notre audit.

2 COM(2010) 2020 final du 3.3.2010.

3 Article 162 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE).

4 Article 3, du règlement (UE) n° 1304/2013 du Parlement européen et du Conseil relatif au Fonds social européen (JO L 347 du 20.12.2013, p. 470).

5 Le panel d'expert se composait comme suit: un chercheur universitaire spécialiste de la mobilité des travailleurs en Europe, un responsable syndical chevronné de la Grande Région entourant le Luxembourg et un représentant du groupe des employeurs du Comité économique et social européen.

6 http://europa.eu/youreurope/index.htm.

7 https://ec.europa.eu/eures/public/fr/homepage.

8 Study on Impact of Branding for EU services for Skills and Qualifications - Final Report, 17 mars 2017.

9 Directive 2014/54/UE du Parlement européen et du Conseil du 16 avril 2014 relative à des mesures facilitant l'exercice des droits conférés aux travailleurs dans le contexte de la libre circulation des travailleurs (JO L 128 du 30.4.2014, p. 8).

10 Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à des mesures facilitant l'exercice des droits conférés aux travailleurs dans le contexte de la libre circulation des travailleurs (COM(2013) 236 final du 26.4.2013).

11 Les autres sources sont les données démographiques d'Eurostat, les données Eurobaromètre, des données administratives, celles de l'OCDE et celles collectées au niveau national.

12 Pour les lacunes relevées par la Commission, voir «Compendium of data sources on EU citizens residing/working in other EU Member States», décembre 2016.

13 Règlement (UE) 2016/589 du Parlement européen et du Conseil du 13 avril 2016 relatif à un réseau européen des services de l'emploi (EURES), à l'accès des travailleurs aux services de mobilité et à la poursuite de l'intégration des marchés du travail, et modifiant les règlements (UE) n° 492/2011 et (UE) n° 1296/2013 (JO L 107 du 22.4.2016, p. 1).

14 Commission européenne, «A comparison of shortage and surplus occupations based on analyses of data from the European Public Employment Services and Labour Force Surveys», février 2017.

15 Voir https://www.gov.uk/government/publications/tier-2-shortage-occupation-list.

16 Règlement (UE) n° 1304/2013.

17 Commission européenne, «The analysis of the outcome of the negotiations concerning the partnership agreements and ESF operational programmes, for the programming period 2014-2020», septembre 2016.

18 Règlement (UE) n° 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, portant dispositions générales applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, et abrogeant le règlement (CE) n° 1083/2006 du Conseil (JO L 347 du 20.12.2013, p. 320).

19 Article 7 du règlement (UE) n° 1296/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 établissant un programme de l'Union européenne pour l'emploi et l'innovation sociale (EaSI) et modifiant la décision n° 283/2010/UE instituant un instrument européen de microfinancement Progress en faveur de l'emploi et de l'inclusion sociale (JO L 347 du 20.12.2013, p. 238).

20 Les projets des partenariats transfrontaliers que nous avons examinés ont été financés à hauteur de 3,5 millions d'euros en 2015 et de 4,4 millions d'euros en 2016.

21 Le développement de ce portail d'échange des offres d'emploi a coûté cinq millions d'euros en 2016.

22 Study on Impact of Branding for EU services for Skills and Qualifications - Final Report, 17 mars 2017.

23 Article 32 du règlement (UE) 2016/589..

 

1 http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=738&pubId=8041&furtherPubs=yes

2 http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=738&langId=en&pubId=8047&furtherPubs=yes

3 http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=738&langId=en&pubId=8047&furtherPubs=yes.

Étape Date
Adoption du plan d'enquête/début de l'audit 26.10.2016
Envoi officiel du projet de rapport à la Commission (ou à toute autre entité auditée) 17.11.2017
Adoption du rapport définitif après la procédure contradictoire 24.1.2018
Réception des réponses officielles de la Commission (ou de toute autre entité auditée) dans toutes les langues 6.2.2018

Les rapports spéciaux de la Cour présentent les résultats de ses audits relatifs aux politiques et programmes de l'UE ou à des questions de gestion concernant des domaines budgétaires spécifiques. La Cour sélectionne et conçoit ces activités d'audit de manière à maximiser leur incidence en tenant compte des risques susceptibles d'affecter la performance ou la conformité, du niveau des recettes ou des dépenses concernées, des évolutions escomptées ainsi que de l'importance politique et de l'intérêt du public.

Le présent audit de la performance a été réalisé par la Chambre II (Investissements en faveur de la cohésion, de la croissance et de l'inclusion), présidée par Mme Iliana Ivanova, Membre de la Cour. L'audit a été effectué sous la responsabilité de M. George Pufan, Membre de la Cour.

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